Space Blues, Felt, 1988
Catégories hommage
Space Blues : Martin Duffy
Space Blues, Felt, 1988
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Le musicien australien Warren Ellis fait d’un objet trivial un totem porteur de sens et de liens, symbole d’une transmission entre artistes et destins. Il raconte la vie de cet objet comme le ferait un shaman inspiré de George Perec et Jacques Prévert. Ce livre, un bijou ? Oui ; tout comme ledit chewing-gum. Arrivé en librairie, tout faisait envie : le violet du cadre de la jaquette, la photo de Warren Ellis à l’intérieur, ce musicien incroyable devenu au fil des années le partenaire incontournable et ami de Nick Cave, avec son violon et sa musique transcendantale, les BO de films incroyables, aussi… Et cette préface.
La nouvelle est tombée autour d’une heure ce matin, sèche comme les premiers coups de caisse-claire de Gangsters, le mirifique single inaugural des Specials. Terry Hall est mort, il avait 63 ans. Connecté de manière déraisonnable aux réseaux sociaux, on ne peut part dire que nous manquions de RIP. Certains ont cependant davantage de poids lorsqu’ils concernent des femmes et des hommes qui nous ont appris à grandir, qui nous ont montré le chemin et, pourquoi pas, bouleversé notre vision du monde en profondeur. Terry Hall était de ceux-là, incontestablement. Continuer la lecture de « Too Much Too Young : Terry Hall »
Alors que les années 80 s’exposent au Musée des Arts Décoratifs de Paris, le livre de JD Beauvallet, Les années New Wave, publié aux éditions GM, vient archiver un âge d’or qui, définitivement, ne nous appartient plus, une époque qui regagne la sphère des récits collectifs. Ce livre album noir et blanc rendant hommage au mouvement musical New Wave, bande son encore vibrante de nos jeunes années, renforce le sentiment inexplicable provoqué par la muséographie d’une partie de notre collection de disques vinyles, des vidéo clips scrutés religieusement sur notre poste cathodique, des habits de Rei Kawakubo ou de Jean-Paul Gaultier dont les photos tapissaient les portes d’armoires de notre balbutiante conquête de style. Fade To Grey. Comment accepter que ce qui fut à l’origine de nos goûts affutés et servit de socle au palimpseste subtil de notre construction identitaire, ce qui se déployait dans l’intimité et au cœur d’un entre-soi averti, se retrouve désormais affiché aux yeux de tous, de tous ceux qui n’y étaient pas, ceux qui, sans n’y rien comprendre, ni en avoir fait l’intense expérience, s’approprient notre morceau de légende ?
Continuer la lecture de « « Les Années New Wave » de JD Beauvallet (GM Editions) »
« Choses, choses, choses, qui en disent long quand elles disent autre chose. » Cette citation d’Henri Michaux résume avec poésie Good Pop, Bad Pop, le très joli livre de Jarvis Cocker, récit autobiographique qui s’appuie sur les objets conservés depuis l’enfance, d’un vieux paquet de chewing-gum à sa lettre d’acceptation à la Saint Martin’s School of Design lorsqu’il a 25 ans, bien avant le succès. Jarvis trie ses « cochoncetés » en compagnie du lecteur, à qui il s’adresse pour savoir s’il doit jeter ou garder ce vieil emballage de savon Imperial Leather ou une réplique en carton du sac à main de Margaret Thatcher, acheté dans un HMV en 1979.Les « petits riens », comme un patch du Casino de Wigan, servent donc à raconter l’Angleterre des années 70, celle d’un garçon maigrichon de Sheffield élevé avec amour et humour par sa mère, ses grands-parents et ses tantes après le départ du père, celle des pulls en synthétique, du Marmite, du football et de Top of the Pops. Continuer la lecture de « « Good Pop, Bad Pop » de Jarvis Cocker (Penguin Books) »
Une décennie de recul et ce qui n’était encore, à sa sortie, qu’un très grand album de plus, une étoile tout particulièrement scintillante au firmament bien garni de la galaxie Teenage Fanclub s’est presque transformé en signe avant-coureur. On connaît désormais la suite, les péripéties, la rupture finale – digne et peut-être définitive. En ce printemps 2012, Gerard Love manifestait ses première velléités d’autonomie. Avec cette modestie et cette discrétion habituelles qui ont sans doute contribué, à chaud, à limiter le retentissement de l’événement. Dix ans plus tard, donc, comme pour mieux accompagner ses premières incursions sur scène en solitaire quatre ans après le divorce, Electric Cables, le premier et, à ce jour l’unique, album de Lightships ressort en vinyle chez Geographic. C’est toujours aussi beau et voici ce qu’il en racontait à l’époque. Continuer la lecture de « Gerard Love période Lightships (2012) »
C’est le premier trajet du jour, et déjà le sommeil gagne, envahit, puis traîne alors qu’on pensait l’avoir dupé, alors qu’on sait pourtant lui devoir un tribut, le plus tôt sera le mieux, le jetlag en sera moins dur. Bientôt les heures deviendront vraiment indécises, on ne saura plus. Continuer la lecture de « Weyes Blood et The Innocence Mission dans l’avion Marseille / New York »
Tomber en émoi pour un disque n’arrive pas souvent. Passer son temps à écouter la multitude de parutions, trouver que dans cette multitude, nombreuses sont les productions agréables. Apprécier une première écoute, la réécouter parfois avec beaucoup de plaisir, voire de l’émotion, souvent fugaces. Mais tomber amoureux d’un disque, c’est rare. Ça vous prend par surprise, vous êtes presque méfiant de ce disque beaucoup trop joli pour être authentique. Très vite, vous ne pouvez plus passer une journée sans écouter ce disque au moins trois fois par jour. Si vous n’avez pas le temps alors survient le manque et vous pensez à lui inlassablement. Vous voudriez qu’il soit toujours à vos côtés. Même lorsque vous l’écoutez, vous êtes déjà en train de projeter la fin et le manque surgit alors qu’il est encore là. L’instant présent n’existe plus ? Continuer la lecture de « Nick Wheeldon’s Demon Hosts, Gift (Le Pop Club Records) »