Forme abrégée de « How do you do? », howdy est la salutation des cow-boys, une formule typique du Sud américain et pour cause ; c’est dans les banlieues de Dallas, Texas, qu’ont grandi Charlie Martin et Will Taylor. C’est pourtant à Austin, capitale du Lone Star State où ils vivent leur vie de jeunes aspirants musiciens, qu’ils se rencontrent en 2014. Les deux batteurs se reconnaissent l’un en l’autre et, en quelques semaines, délaissent leurs groupes respectifs, réunissent leurs ébauches et enregistrent un EP sous le nom de Hovvdy (à prononcer « Howdy », donc). Deux ans plus tard, ils confirment l’essai avec un album, Taster, auquel succède l’excellent Cranberry en 2018. Continuer la lecture de « Hovvdy, Heavy Lifter (Double Double Whammy) »
La démarche de Puce Moment s’inscrit dans un truc très spécial : et je dois bien avouer que je n’ai pas forcément les armes adéquates pour mettre en perspective le résultat de leurs recherches musicales. Donc, pour ne pas raconter trop d’idioties, j’ai potassé, comme un étudiant bûcheur, le très complet travail d’accompagnement du label Vert Pituite La Belle qui œuvre dans des marges assez peu visibles et difficilement classables (musiques expérimentales, improvisées, chansons réalistes…). Pour poser les choses, il s’agit, d’un côté, de Puce Moment, donc, duo de compositeurs au nom à priori inspiré d’un court-métrage de 6 minutes réalisé par Kenneth Anger en 1949, plutôt portés vers l’art contemporain et les pratiques dites transversales (théâtres, images, création scénique…) et, de l’autre, des fameux orgues mécaniques, connus dans le Nord de la France (en Belgique, en Suisse et aux Pays-Bas aussi), qui fonctionnent avec des cartes perforées et qui mettent l’ambiance dans des cafés reconnus, où l’on danse de 16 à 22 heures le dimanche. Continuer la lecture de « Puce Moment, O.R.G. (Vert Pituite La Belle) »
1991. Pas vraiment une année comme les autres pour le milieu indie britannique. Pourtant, en presque trente ans après les faits, on a oublié. Oublié à quel point elle s’est s’avérée déterminante dans la définition des canons musicaux d’une décennie à peine amorcée… En plein mois de novembre, le label Creation Records, pas encore “anobli” par la découverte d’Oasis, publie trois albums qui vont faire date. My Bloody Valentine force le bruit à se mettre au service des mélodies le temps du rougeoyant Loveless ; sous un ciel étoilé, Teenage Fanclub revisite le classicisme des années 60 avec l’imparable Bandwagonesque ; Primal Scream, enfin, se réinvente grâce au lumineux Screamadelica, où il fait convoler rock et house en justes noces et invite la musique de danse sur la platine du salon. Ce disque est, pour beaucoup, l’équivalent d’une année Zéro : il anéantit les dernières frontières et ouvre de nouveaux horizons à des adolescents qui deviendront plus tard The Chemical Brothers ou Daft Punk. Mais Bobby Gillespie et ses acolytes ne sont pas les seuls à dessiner les contours d’un néo(n)-futur. Continuer la lecture de « Saint Etienne, Foxbase Alpha (Heavenly Recordings / PIAS) »
Deux ploucs. Deux sales ploucs indignes et cradingues, à première vue un groupe de nazes, de pouilleux complets, d’alcoolos malpropres insortables, de pue-la-bite en maraude. Telle est notre première réaction amusée devant l’arrivée de The Week Never Starts Round Here, premier album d’Arab Strap, un sombre jour de novembre 1996. Car ils n’ont pas fière allure, les deux zouaves de Falkirk, petite ville écossaise paumée au Nord de Glasgow, plus connue pour son passé industriel et sa célèbre bataille qui, en 1298 mit fin aux velléités indépendantistes de William Wallace, que pour son présent morose et dont la seule contribution à l’histoire du rock tient, à l’époque, dans le fait qu’elle soit la ville natale d’Elisabeth Frazer des Cocteau Twins.
Le groupe jouera Philophobia en intégralité pour le BBmix 2023.
Retour sur l’une des grandes figures cultes du garage-punk américain des années 2000
Le 4 août 2009, Jay Reatard sortit son tout dernier album ; le disque s’intitulait Watch Me Fall (1). Le chanteur avait alors expliqué (2) que ce titre était une sorte de message adressé à certaines personnalités “toxiques” de son entourage : “Un jour, je me suis rendu compte qu’un bon nombre des personnes que je côtoyais n’avaient plus rien à faire dans ma vie. Cela concernait autant des amis de longue date que des personnes avec lesquelles j’avais l’habitude de traîner ou de travailler. Les gens deviennent souvent amers et aigris lorsqu’ils ont le sentiment d’être délaissés. Or je n’ai plus de temps à perdre avec ce genre de problèmes. Ce titre, Watch Me Fall, est un peu ma réponse à ces anciens amis qui rêvaient de me voir échouer.”
Jusqu’à cet été 2009, la carrière musicale de l’impétueux Jimmy Lee Lindsey (3) s’était déroulée à une vitesse fulgurante, puisqu’il avait trouvé le moyen d’enregistrer pas moins de dix-huit albums (4) ainsi qu’une pléiade de 45 tours et d’EPs en moins de douze ans. Pour lui, le point de bascule fut la réalisation du foudroyant Blood Visions, son premier disque solo, en octobre 2006. Enregistré en complète autonomie au cours de l’été 2005 entre sa maison de Memphis et l’appartement d’Alix Brown, sa petite amie d’alors, à Atlanta, ce disque avait été une sorte de coup de maître, une œuvre visionnaire construite sur une quinzaine de giclées punks, frénétiques, étourdissantes et terriblement accrocheuses. À l’époque, pris dans le flux continu des sorties, le disque ne connut qu’un succès mitigé, mais sa réputation grandit peu à peu au point de finalement lui permettre d’être considéré comme l’un des grands albums cultes de la décennie. En 2009, Jay Reatard avait déjà rattrapé une importante partie de son retard en termes de notoriété. Watch Me Fall, son deuxième album solo, sortait chez Matador, ce qui lui ouvrait de fait un horizon commercial bien plus vaste que celui dont il avait pu bénéficier pour ses sorties chez Goner ou Empty(5) notamment. Après des années de production stakhanoviste au sein des circuits secondaires du rock américain, cet héritier turbulent des Oblivians et de tous les héros plus ou moins maudits de la scène garage-punk américaine se retrouvait enfin en pleine lumière, prêt à se révéler au plus grand nombre. Malheureusement, le 13 janvier 2010, soit quelques semaines seulement après la sortie de son second album solo, Jay Reatard décédait dans son sommeil des suites d’une mauvaise combinaison d’alcool et de cocaïne. Il avait 29 ans. Continuer la lecture de « Jay Reatard : La fièvre dans le sang »
Une célébration du travail de l’immense graphiste pour le label 4AD
Il est rare que les fans de musique pleurent la disparition d’un artiste n’ayant jamais enregistré la moindre note. C’est ce qui s’est passé fin décembre avec le décès du designer Vaughan Oliver. Ses pochettes de disques inventives, intrigantes, parfois dérangeantes pour les Pixies, Cocteau Twins, Lush et tant d’autres ont transporté les auditeurs dans un univers unique. Parfois plus que celui de la musique des artistes pour lesquels il travaillait. Section26 a voulu lui rendre hommage en recueillant les témoignages de quelques-uns de ses collaborateurs, amis ou fans. Autour de leur pochette préférée de Vaughan, ils évoquent pour nous des expériences de travail insensées, les traits de caractère bien marqués de l’un des plus grands graphistes de sa génération, ou simplement le choc de la découverte de son travail. Continuer la lecture de « Vaughan Oliver par ceux qui l’ont aimé »
A celebration of the work of 4AD’s unforgettable art director
It is very rare that music fans mourn the loss of an artist who has never recorded a single note. Yet this is exactly what happened when we lost the designer Vaughan Oliver at the end of December. His inventive, intriguing and often downright disturbing album covers for Pixies, Cocteau Twins, Lush and so many others, transported listeners to his unique universe. Sometimes more so than the very music of the artists for whom he worked. Section26 wanted to pay tribute to him by collecting the memories of some of his collaborators, friends and fans. It’s by remembering the album design which marked them most that they recall their extraordinary experiences of working alongside him, his singular character traits or simply the shock of discovering his work for the first time. Continuer la lecture de « Vaughan Oliver by the ones who loved him »