Il y aurait un arbre généalogique à dessiner de ces descendances de garçons solitaires qui s’entourent de peu pour délivrer au monde leurs sentiments, souvent dans un geste d’apparence crue et frontale : peu de mots, peu d’instruments, peu d’espoir pour peu de musique ? Peut-être. Mais depuis le début du siècle, des fins fonds des squats de zones industrielles (Noir Boy George) aux journaux à la page (Thousand), une vague froide déboule (et tabasse tout ce qui bouge) avec une musique à leur image, qui a de quoi affoler le territoire et qui s’appuie sur quelques basiques identifiés. Continuer la lecture de « Yolande Bashing, Yolande et l’amour (Bruit Blanc) »
Étiquette : Année : 2019
Catégories selectorama
Selectorama : Théo / La Veillée Pop
La Veillée Pop est une nos associations d’organisation de concerts favorites. Depuis quelques temps, elle souffle un vent frais et pop dans des salles comme l’Espace B, la Boule Noire ou au QG Le Motel. Grâce à ses membres, nous avons pu voir à Paris des groupes comme Triptides, Sugar Candy Mountain, Ojard, Astrobal, Jonathan Personne, Lemon Swell, La Houle, Biche, Levitation Room, Good Morning TV ou encore Mauskovic Dance Band. Demander un Selectorama à Théo, co-fondateur et disc-jockey de La Veillée Pop était une évidence, ses goûts – de l’indie en passant par la house ou les curiosités funky chinées en brocantes – éclectiques, pointus et subtils ne pouvaient qu’attirer notre attention. Continuer la lecture de « Selectorama : Théo / La Veillée Pop »
Catégories quiz
De l’importance d’être prétentieux
Combien d’auteurs énoncés dans « The Booklovers » de The Divine Comedy avez-vous réellement lu ?
Aussi incroyable que cela puisse paraître, fût une époque où apparaître cultivé, voire franchement prétentieux, était une arme de séduction, aussi bien chez les filles que chez les garçons. Conséquence directe d’une adolescence solitaire (et d’un physique parfois ingrat), passée à lire Oscar Wilde, Salinger ou Françoise Sagan, à regarder des classiques hollywoodiens ou des films de la Nouvelle Vague, cette revanche des « eggheads » initiée en partie par Morrissey trouva pleinement écho dans la musique de nombreux groupes des années 90, qui de Pulp (« We learned too much at school », Mis-Shapes) aux Manic Street Preachers (« Libraries gave us power », A Design For a Life) en passant par Belle & Sebastian, revendiquèrent pleinement ce snobisme intellectuel et firent du droit à la culture une revendication quasi-politique, avec une naïveté parfois touchante.
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Catégories billet d’humeur
Migala : Chanter les langues
Quand on constate qu’un groupe qui a touché notre cœur a su en toucher d’autres, on se réjouit. Parfois, un groupe touche beaucoup de cœurs, et on craint alors, parfois, qu’il en touche trop, parce qu’on serait alors, peut-être, un peu moins soi, un peu plus anonyme. Peut-être, pourtant, que ce groupe a su toucher quelques universaux plus partagés que d’autres universaux, ou plus d’universaux qui font somme, et que ce n’est pas grave finalement. Continuer la lecture de « Migala : Chanter les langues »
Catégories portrait
Migala, des hommes singuliers
Réédition de leur bouleversant album « Asi Duele Un Verano » en vinyle chez Acuarela.
Avant cet été, je n’étais pas allé à Madrid depuis le printemps 2002. Je devais alors passer des disques à la soirée de présentation dans la capitale espagnole du quatrième album de Migala, Restos De Un Incendio. Je ne sais plus du tout comment on avait décidé de cela. Comment on avait organisé l’histoire. Mais on s’en moque un peu. Le printemps 2002, donc. Je suis un rédacteur en chef – le « en chef » est important je crois, mais pas tant que ça pour moi. Trois ans plus tôt, un label français, et pas des moindres, a décidé de sortir le deuxième album de ce groupe espagnol. Le label en question, c’est celui qui a fini par signer Daft Punk en 1994 ou sortir dans l’Hexagone les disques de Palace, Lambchop, The Notwist et oui, vous avez raison, quelques autres. C’est embêtant, parce que je suis passé complètement à côté du premier album du groupe espagnol en question. Et pourtant, il est paru sur l’un de mes labels préférés – parce que tous les putains de premiers albums de Sr. Chinarro – et vit dans l’une de mes villes favorites au monde – et non, pas seulement grâce au Real Madrid. Continuer la lecture de « Migala, des hommes singuliers »
Catégories interview
Looking for a certain ratio
Les 40 ans du groupe culte de Factory Records.
En 1974, dans The True Wheel, Brian Eno chantait : « We are the 801 / We are the central shaft / Looking for a certain ratio / Someone must have left it underneath the carpet / Looking up and down the radio… » Quatre ans plus tard, quatre petits gars de Manchester, « four slim boys » – Simon Topping, Peter Terrell, Jez Kerr et Martin Moscrop – s’inspirent de cette chanson pour le nom de leur groupe et s’en vont écumer la scène mancunienne en shorts et chemises militaires, partageant notamment une salle de répétition avec Joy Division à l’arrière du cinéma Rialto à Salford. Continuer la lecture de « Looking for a certain ratio »
Catégories portrait
Drugdealer : Echo In The Canyon
La fin de l’année approche et avec elle le temps des inventaires. À la manière de Nick Hornby, je commence à dresser des listes : meilleurs albums, meilleurs singles, meilleurs concerts. Au sommet de cette dernière catégorie s’était déjà hissée une certaine soirée de printemps lors d’un préalable état des lieux semestriel. À l’orée du mois d’octobre, sa position reste inchangée : le 16 mai dernier au Point Éphémère à Paris se produisait Drugdealer, et je n’ai pas vécu de meilleur concert depuis. Continuer la lecture de « Drugdealer : Echo In The Canyon »
Catégories chronique réédition
Gene Clark, No Other (4AD)
Au milieu des années 1990, alors que la liste des deux cents plus beaux trésors cachés n’était pas encore devenue le prévisible marronnier de la presse musicale, le NME (RIP) fit paraître un assez fascinant supplément où les journalistes évoquaient des albums qu’ils avaient découverts par le plus grand des hasards, sur des faces B de cassettes, sur un vieux vinyle au fond du grenier, souvent indisponibles au format CD à l’époque. C’est là que je trouvais la trace perdue de No Other et le paragraphe semblait tellement élogieux que je me mis en piste. Continuer la lecture de « Gene Clark, No Other (4AD) »