Chaque fin de mois depuis janvier, nos rédacteurs piochent, parmi les nouvelles sorties, leurs coups de cœur personnels. Le résultat est souvent hétéroclite, à l’image de nos goûts. Ce mois-ci, et malgré notre dispersion aux quatre coins de la France – période estivale oblige –, une surprenante harmonie s’est observée dans nos choix : les titres s’enchaînent sans peine, formant l’une des plus jolies playlists que nous vous ayons jusqu’alors proposée. Et coup de chance : elle est à nouveau disponible pour écoute sur votre plateforme de streaming préférée. En vous souhaitant un bel été… (CG)
Playlist disponible également en cliquant juste ici sur Deezer et Spotify
01. Presentable Corpse, Ancient Grief
Jorge Elbrecht a prévu de réaliser une vidéo pour chaque chanson de son futur album. Après Tuesday Morning parue en mai, voici Ancient Grief, riche et belle comme du Lansing-Dreiden. (XM)
02. Jonathan Personne, Springsteen
Jonathan Personne, l’un des deux guitaristes de Corridor revient avec un second album chez Michel Records. Dans la lignée d’Histoire Naturelle (Requiem Pour Un Twister / Michel), le Québécois explore l’indie-rock nord-américain quelque part entre Big Star et Wilco. (AGF)
03. Mike Polizze, Wishing Well
Mike Polizze, c’est le frontman de l’ultra lo-fi – et génial – projet Purling Hiss. Détourné des murs de guitares et de la distorsion, les extraits de sa nouvelle aventure en solo le révèlent dans un tout autre registre. Principalement enregistrés en acoustique et en live avec Kurt Vile, son ami de longue date (ils sont tous deux basés à Philadelphie), ces premiers extraits sont, sans grande surprise, absolument lumineux. Wishing Well est le troisième de ceux-ci. (CG)
04. Tony Jay, Castle Of Dreams
La toute nouvelle sortie de notre petit label chéri, Paisley Shirt Records : A Wave In the Dark, l’album de Tony Jay est paru en format cassette le 10 juillet. « Zut ! zut ! zut ! » comme dirait Proust. On nous l’a fait des milliers de fois ce coup-là, celui de la jolie rengaine nonchalamment affectée. Bref, on marche toujours mais on ne se refait jamais. (XM)
05. Beabadoobee, Care
Personne ne sera ultra surpris à l’idée que le nouveau single de celle qui composé l’an passé un morceau intitulé I Wish I Was Stephen Malkmus soit, une fois de plus, un pastiche 90’s de la tête aux pieds. Sur Care, l’anglaise Beabadoobee continue comme d’hab à rembobiner la cassette d’un indie rock US datant d’avant sa naissance pour livrer un hymne adolescent hyperglucosé façon « été 97 » dont les breaks appuyés de début de refrain pourront avoir chez les plus fleur bleue l’effet d’une pure madeleine de Proust. (EV)
06. Tapeworms, Safety Crash
Les Lillois offrent un premier extrait de leur album à venir à la rentrée co-édité par quatre labels : Howlin Banana, Cranes Records, Coypu Records et Testcard Records. Entre Teenage Fanclub (période Bandwagonesque) et The Pains of Being Pure at Heart, les français signent une excellente chanson au refrain mortel. (AGF)
07. Chiens de Faïence, Echo Head
Second album du trio de Nanterre à sortir à la rentrée en K7 chez Howlin Banana, Safe in the rain et Hellzapoppin. Un chouette morceau d’indie-pop bancale à mi-chemin entre Beat Happening et les Lilys. (AGF)
08. Porridge Radio, Good For You
Une collab’ Brighton/Chicago pour cette envoûtante chanson réalisée pendant le confinement par Porridge Radio et Lillie West de Lala Lala. (CM)
09. Hovvdy, Runner
Le duo Texan nous balance un nouveau single, sans y apporter ni contexte ni interprétation. On le prend donc simplement pour ce qu’il est : une bouffée de nostalgie pure, comme si cet été n’en était déjà pas assez chargé. (CG)
10. The Radio Dept., You’re Lookin’ at My Guy
Pas d’album depuis 2016 pour nos chouchous suédois mais une paire de singles, dont cette cover entêtante de Tri-Lites, morceau qui date de 1964. (CM)
11. Beach Youth, Two Bedrooms
Ce tube ensoleillé, balancé depuis Caen (mais oui) par Beach Youth est sorti chez les indispensables Brestois Music From The Masses. (CM)
12. Death Valley Girls, The Universe
Nouveau morceau (en prévision d’un nouvel album en octobre prochain) de l’une des plus solides formations actuelles de Los Angeles. Du rock planant et ésotorique dont la voix évoque Siouxsie and the Banshees. (AGF)
13. BMX Bandits Ft. Anton Newcombe, Razorblades & Honey (Hifi Sean revision)
BMX Bandits plus Anton Newcombe, le tout recuisiné par Sean Dickson (Soup Dragons) : qu’est-ce que tu veux de plus ? Summer hit ! (EG)
14. Jessie Ware, What’s Your Pleasure ?
Ok, on dirait un tube de 2005, un Goldfrapp ou quelque chose comme ça, mais non, ce hit 24 carats 100% lascif fourni avec la choré en tuto (pas mal par les temps actuels tellement répressifs) est l’oeuvre de Jessie Ware, auteure d’un quatrième album du même acabit. On en reparle. (TS)
15. SoKo, Are You A Magician ?
Voilà presque cinq ans que nous n’avions pas eu de nouvelles de SoKo. La plus californienne des françaises nous rappelle à quel point elle est cool avec Feel Feelings, un troisième album de dream pop étrange et envoûtante. Après Are You A Magician ?, filez écouter le deuxième single (et seul titre en français) Blasphémie, sinon l’album complet. Un énorme coup de coeur. (CG)
16. Winter, Endless Space (Between You & I)
Dans la chanson-titre du nouvel album de Winter, tout ce que nous préférons chez l’américano-brésilienne est là : son chant éthéré et souriant, ses incursions en portugais, ses nappes de clavier oniriques et le son si 90’s de ses guitares. Ian Gibbs, son acolyte, fait le reste et signe avec elle la production et l’enregistrement. Passés les crédits, on lit : « Always dreaming, Samira ». (CG)
17. Mary Lattimore, Sometimes He’s In My Dreams
L’instrument provient du fond des âges et fascine la pop depuis longtemps. En d’autres temps, on peut se souvenir de l’excitation à l’annonce de la collaboration entre la harpiste Zeena Parkins et Björk depuis Vespertine (2001). Le monde d’après ne déçoit pas, et cette fois-ci c’est Neil Halstead de Slowdive que l’on voit tomber sous le charme des mille cordes de Mary Lattimore. La musicienne de Los Angeles, déjà admirée par Moore, Gunn et Vile, sortira donc un nouvel album à l’automne emprunt de souvenirs, rêves et paysages. En attendant l’équinoxe, voici un premier extrait des délicates mélodies à venir. (PN)
18. Art Feynman (Luke Temple), I Can Dream
S’il y bien quelque chose de sûr c’est que Luke Temple a bien la capacité de nous faire rêver encore et toujours. Et nous, sous le charme de cet étonnant magicien, ne nous lassons pas des mille petits foulards colorés qu’il semble à l’infini tirer de sa poche avec cette apparente facilité qui ne fait que renforcer notre amour pour lui. (PN)
19. Jarv Is…, Save the Whale
Extrait de Beyond the Pale, album de Jarv Is... qui marque le retour de flamme de M. Cocker pour la musique. Il ne s’agit pas d’un simple « projet », mais d’un excellent disque, à l’image de ce Save The Whale, qui aurait eu sa place sur I’m Your Man et nous rappelle à quel point Jarvis est un grand songwriter. (PR)
20. Protomartyr, June 21
Le cinquième album de Protomartyr vient de sortir chez Domino, avec June 21 dont Joe Casey, le chanteur, parle en ces termes : “[It’s about] nostalgia and regret under the dwindling shade. For instance, there’s a translated lyric from Alexander Robotnick’s song Problèmes d’Amour [‘it’s on ice but it won’t keep’]. A 12-inch remix of that song was so popular in Detroit (…) Hearing that song evokes in me the hiss of the summer grass, the whine of a [Honda] Spree’s 2-stroke 50cc engine, the rising horror of cicadas, and the verdant immolation of the summer. I hope this feeling was captured in June 21.” (CM)
21. Vintage Crop, The North
La scène australienne est toujours aussi féconde (gros leitmotiv chez section26, ndlr), en témoigne Vintage Crop qui sortira début août un album chez Upset the Rhythm/Anti Fade Records. The North a voulu saisir l’esprit du « miserable fucking North », et c’est parfait. (CM)
22. Standing on the Corner, G-E-T-O-U-T!! The Ghetto (Pt. I)
Ce nouvel EP de Standing on the Corner, intitulé G-E-T-O-U-T!! The Ghetto et composé de quatre variations autour du même morceau, c’est un peu comme si Alice Coltrane et Albert Ayler, équipés d’instruments en plastique, avaient décidé de devenir le backing-band d’une gamine de sept ans pour écrire le thème d’un dessin animé psychédélique. Un petit miracle à mi-chemin entre spiritual jazz et krautrock dont les multiples intérations ne font que prolonger la glorieuse et contagieuse énergie juvénile. À voir aussi, un clip façon live du morceau qui montre en action la plus vivifiante formation new-yorkaise du moment. (EV)
23. Gorillaz, Pac-Man
Nous ne l’avions pas évoqué dans les playlists précédentes, mais l’information mérite qu’on s’y attarde même avec un train de retard : Damon Albarn a enfin arrêté de faire de la merde avec Gorillaz. Lancé à un rythme mensuel depuis le début de l’année, le projet Song Machine semble avoir permis à la tête pensante de renouer avec l’inspiration pour une série de singles d’une vitalité inédite depuis Demon Days (en tête les excellents Momentary Bliss et Aries). Le récent Pac-Man renoue ainsi avec les instrus bancales, funky, avec ses mélodies dodelinantes que Albarn traverse d’une voix toujours aussi endormie, tandis que Schoolboy Q vient poser un couplet solide pour conclure. Du beau boulot. (EV)
24. East Man, Who Am I ?
Extrait du nouvel album de East Man, dont le titre Prole Art Threat est une référence à The Fall. Une preuve supplémentaire de la vitalité de la scène bass/grime/post-dubstep UK. (VC)