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« Le monde de demain » de Hélier Cisterne et Katell Quillévéré

Le Monde de Demain : Anthony Bajon et Melvin Boomer
Le Monde de Demain : Anthony Bajon et Melvin Boomer

« Ce qui compte, c’est pas d’être prêts, c’est d’être là »

Filmer la musique, épisode 2 (ou 3, si on compte le texte sur le merveilleux On ne va pas se quitter comme ça de Jean-Louis Comolli pour les amis de Musique Journal) : après mes réflexions sur le documentaire La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est, j’ai par hasard enchaîné sur Le monde de demain d’Hélier Cisterne et Katell Quillévéré, qui passe en ce moment sur Arte. Six épisodes de moins d’une heure chacun racontent les débuts du duo vénère et de leur entourage plus ou moins proche (Lady V, Assassin, Dee Nasty…) dans un style relativement modeste avec tout de même de belles reconstitutions de ferveur collective (les soirées notamment, on y reviendra) et de sacrées performances des acteurs, dans les moments de danse et de musique. Continuer la lecture de « « Le monde de demain » de Hélier Cisterne et Katell Quillévéré »

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Avant-première : « L’amour aux mille parfums » de Mim (avec Charlène Darling)

Mim et Charlene Darling
Mim et Charlene Darling

Second épisode des aventures de Charlene Darling et Mim après le très beau Saint Guidon, paru il y trois ans et dans lequel le garçon avait joué un grand rôle (« réalisation ») : c’est au tour de ce dernier de signer un album sur le même label, a1000p. L’aspect éthéré et vénéneux du premier essai laisse place à un univers plus minéral, plus bizarre aussi. Si Charlene Darling s’amusait à faire un album pop, du moins s’en approcher, Mim, lui déjoue : liberté dans les chants qui semblent improvisés dans l’instant, frontalité du vocabulaire (« C’est à fond que je t’aime ») et diversité des thèmes abordés. Mais on ne perd rien au change : des petits miracles se passent dans les petites constructions qui font fi des règles habituelles du son. Continuer la lecture de « Avant-première : « L’amour aux mille parfums » de Mim (avec Charlène Darling) »

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Marxist Love Disco Ensemble, MLDE (Mr Bongo)

Si Mr Bongo est une des valeurs sûres du monde de la réédition avec un catalogue remarquable (Marcos Valle, EPMD, Azymuth, Doris) et une politique de prix décente, ne négligeons pas son activité sur le terrain de la nouveauté. Nous les connaissions pour les sorties de Sven Wunder, Matty, Joe Culpepper ou Kit Sebastian, il faudra désormais aussi compter sur le Marxist Love Disco Ensemble. Toutefois, nous ne pouvons émettre que des hypothèses sur cette obscure formation, puisque les noms des musiciens impliqués ne sont pas connus. Nous pourrions alors imaginer une bande audio, retrouvée dans une grenier du côté de Zagreb ou Bratislava. Au delà du folklore communiste, sorte de réponse au I Love America de Patrick Juvet, la musique est, elle, difficile à dater. Continuer la lecture de « Marxist Love Disco Ensemble, MLDE (Mr Bongo) »

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Cotton Mather, Kontiki (Copper Records, 1997)

On avait trouvé à l’époque l’accroche en forme de punchline de notre chronique imaginaire. Mi- paresseux, mi- soucieux de faire le malin, on s’était directement servi chez Truffaut en ponctionnant quelques phrases sorties du gosier de l’impayable Petite Feuille, l’instit’ des 400 coups. « Il leva un point crispé par la rage et cria d’une voix de tonnerre le fameux mot d’Archimède : Euréka, j’ai trouvé ! Et bien moi aussi j’ai trouvé Doinel. Vous êtes un abominable plagiaire ! ». Il faut dire que, rapidement parcouru, le dossier Cotton Mather s’annonçait particulièrement copieux pour les praticiens du ricanement et autres blasés par nature. Un quasi sosie de McCartney, un dénommé Harrison et des inflexions vocales lennoniennes à faire passer The Aerovons pour le groupe le moins beatlesien des late 60’s, Cotton Mather avait certes de quoi intriguer mais le timing nous suggérait d’envoyer illico cette affaire au rayon fake. Continuer la lecture de « Cotton Mather, Kontiki (Copper Records, 1997) »

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Valentina Magaletti & Yves Chaudouët, Batterie Fragile (Un Je-Ne-Sais-Quoi)

1. La semaine dernière, je suis allé voir Institutrice en concert. Eric Bentz et Jean-Baptiste Geoffroy, tous les deux pensionnaires de la bruyante Colonie de Vacances, développent un jeu exigeant de percussions sur toutes sortes de bols, casseroles et accessoires en métal étendus devant eux sur un tapis de mousse. A la fois ludique et sportif, leur duel consiste à déclencher leurs motifs dans des décharges extatiques, à l’unisson imparfait (j’imagine) qui malgré leur virtuosité crée ces micro décalages où se loge ce qu’on aime bien : accidents, imperfections, anfractuosités dans lesquels se loge notre imaginaire (bien aidé aussi par leur dispositif de retraitement électronique en direct, mais je laisse ça de côté aujourd’hui). Le bon gros cliché du voyage nous attend en embuscade, certes, mais tant pis : de l’Afrique à l’Indonésie, on est bien obligés de se laisser attraper par ce qui est irréductible à la musique, le rythme qui nous possède le reptilien en deux coups de cuiller à pot (au sens littéral ici). Continuer la lecture de « Valentina Magaletti & Yves Chaudouët, Batterie Fragile (Un Je-Ne-Sais-Quoi) »

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Climats #31 : Jim O’Rourke, Warren Ellis

Écouter Nick Cave and the Bad Seeds sous le soleil d’Ibiza, c’est péché ?
Et Vincent Delerm faisant des reprises de Sebadoh, c’est souhaitable ou pas ?
Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo. Continuer la lecture de « Climats #31 : Jim O’Rourke, Warren Ellis »

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Bill Callahan, YTI⅃AƎЯ (Drag City)

Ce que je retiendrai du scoutisme, au-delà d’un paquet de nerfs, du savon noir, de l’odeur, à la longue écœurante, des feux de bois et de petites humiliations, c’est que le danger n’est jamais loin et qu’il faut rester à l’affût. Et j’avoue volontiers avoir baissé ma garde à propos de ce sacré Bill. Mais, bien au-delà du confort souvent majestueux que ses disques récents m’ont toujours apporté, la lassitude rentrant peu à peu en ligne de compte, vous n’avez pas idée de mon vrai métier, et l’ennui n’est pas forcément étranger à la félicité. Bien au-delà de ça, dans ces disques jolis, et loués unanimement par les professionnels de la profession, ô combien je m’ennuyais. Parfois, pas toujours (Apocalypse quand même), mais souvent. Mais je restais à l’affût, en vain mais pas toujours. Et aujourd’hui, me voilà bien récompensé.

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Selectorama : Roméo Poirier

Romeo Poirier / Photo : Anna De Smet
Romeo Poirier / Photo : Anna De Smet

Rentrer dans le Living Room de Roméo Poirier qui sort là son troisième LP (après Hotel Nota, chroniqué ici), c’est se poser dans un monde imaginaire où l’on croit entendre des oiseaux exotiques, des craquements d’arbres, une jungle équatoriale recréée de façon électronique.  Allongé au bord de cette rivière de sons, on retrouve le goût d’écouter, de tendre l’oreille au moindre détail savamment mis en scène par le musicien. A la métaphore guerrière qui voudrait qu’on suive un compagnon coûte que coûte, on préfèrera celle de la métaphore du voyage : on aura toujours envie d’être dans les pas de Roméo Poirier, partout où il va, depuis qu’on le connaît, dans toutes les contrées qu’il explore, de l’avant-pop de Roméo & Sarah à son travail solo dont les géographies électroniques s’étendent sans se presser, sans trop se dévoiler non plus. La preuve dans un Selectorama où chaque mot semble soupesé, non sans humour d’ailleurs. Continuer la lecture de « Selectorama : Roméo Poirier »