Quand on a la chance de partir, l’été est souvent ce moment où l’on délaisse, malgré nous, nos habitudes musicales. On se retrouve à écouter la musique des endroits où l’on va et la musique des autres, surtout. Elle devient un fond sonore, quand elle n’est pas carrément subie. J’ai des souvenirs, ado, en vacances en famille et sans portable, du soulagement physique ressenti lorsqu’une chanson que j’aimais passait enfin à la radio. C’est l’effet que m’a fait Disaster Trick, le cinquième album de Horse Jumper of Love paru à la mi-août.
Si à une certaine époque la rumeur sur un nouveau groupe se faisait via la presse musicale, Fat Dog semble avoir bâti sa réputation sur ses prestations scéniques endiablées. Avec seulement trois titres electro-rock publiés au moment de cette interview, leurs concerts parisiens, briochins et berruyers avaient déjà marqué les esprits. Retranscrire cette énergie et cette folie sur disque sans décevoir a visiblement préoccupé plus que de raison Joe Love, le leader du groupe qui cache ses insécurités derrière une attitude de slacker. Ils y sont parvenus sur WOOF, avec l’aide du producteur James Ford (Depeche Mode, Arctic Monkeys, Fontaines D.C.) qui a réussi à canaliser les ambitions et les égarements d’un groupe bien plus exigeant et sérieux qu’il n’en a l’air. La preuve via cet entretien où il presque a fallu ramer pour que les personnalités se dévoilent et pour obtenir des informations sur l’album. Continuer la lecture de « Fat Dog : « On ne veut surtout pas tomber dans la routine » »
Ian Svenonius n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Depuis plus de 35 ans, avec pas moins de 20 albums sortis sous différentes bannières – Nation of Ulysses, Cupid Car Club, Weird War, The Make-Up,Chain and the Gang etc. – et des milliers de concerts à travers le monde, le dandy rocker de Washington D.C. n’a eu de cesse de donner de sa personne. Le voici de retour avec le savoureux nouveau single Black Gold, extrait de l’album Charge Of The Love Brigade, à paraître dans les semaines qui viennent sous l’avatar d’Escape-ism. Je parle de retour mais depuis 2017, Escape-ism a été omniprésent, sortant tout de même 4 albums coup sur coup – notamment le remarquable The Lost Record– ainsi que l’admirable single Rebel Outlaw en février dernier, qu’on a écouté et réécouté compulsivement depuis. Svenonius avait même eu l’humour culotté de faire presser en vinyle The Silent Record – désormais épuisé –, disque entièrement silencieux, sorte de version musicale du Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch. John Cage aurait certainement apprécié ! En 2017, Svenonius s’était également offert le plaisir de publier un livre désopilant ; Stratégies occultes pour monter un groupe de rock, ouvrage dans lequel on avait retrouvé tout l’esprit facétieux de ses délectables interviews. Continuer la lecture de « Selectorama : Ian Svenonius »
Deeper, ça a d’abord été pour moi une révélation sur scène, en novembre dernier à la Boule Noire. « C’est trop bien, non ? », « Il chante un peu comme Robert Smith, tu trouves pas ? » ; je cherchais confirmation autour de moi. J’avais assez apprécié ce que j’avais écouté pour avoir la curiosité d’aller au concert, mais je n’avais pas imaginé être aussi impressionnée. Parce que Deeper, c’est un peu générique comme nom, des nouveaux groupes de post-punk il y en a plein, et puis on ne sait pas trop à quoi ils ressemblent, ces gars-là.C’est qu’ils jouent de cette musique pressée, à guitares aiguisées et motifs répétés à laquelle il est si tentant de mettre une étiquette. C’est peut-être cette voix qui fait la différence en trahissant – pour le meilleur – la sensibilité mélodique du groupe ; il y a en tout cas, aux premières résonances de chaque titre, cette efficacité immédiate et cette pensée : « Ah non, c’est elle ma préférée ».Au micro, c’est Nic Gohl, chanteur et guitariste, leader par défaut d’un quatuor dans lequel aucun ne prend plus de place que l’autre ou ne cherche à paraître différent de ce qu’il est. Continuer la lecture de « Deeper : « Aujourd’hui, c’est presque une insulte d’être qualifié de post-punk » »
Il faut être quelque peu hardi pour nommer son disque Pop… Los Planetas s’autorisent cette fantaisie en 1996 pour leur deuxième album. Pourtant, tout reste à faire ou presque pour les Espagnols au mitan des années 90. Le groupe se forme quelques années plus tôt à l’Université de Grenade. Juan Rodríguez (Jota) étudiant en sociologie y rencontre Florent Muñoz, lui en cursus de droit. Les deux partagent un amour viscéral pour le Velvet Underground, mais aussi The Church et la littérature beatnik (Kerouac). Ils gravent plusieurs démos et se font remarquer dans des concours de groupes non signés (Diaro Pop, Disco Grande, Rock de Lux). RCA prend contact avec eux à l’époque, cependant la major est précédée dans les faits par le label madrilène culte Elefant (Family, Le Mans, La Casa Azul…). Continuer la lecture de « Los Planetas, Pop (RCA, 1996) »
Meyverlin est de retour avec un deuxième album, Therefore, sorti sur le label Too Good To Be True. Notre précédente rencontre datait de la fin de l’année 2021 suite à la sortie de Daily Events. Ce petit miracle de pop était né de la fusion entre trois mondes musicaux a priori très éloignés, d’un trait d’union habilement dessiné entre trois régions du globe (Paris, Lexington et Auxerre). La spontanéité, le côté récréatif et une complicité autant artistique qu’amicale furent les éléments fondateurs, un cahier des charges implicite du premier album de ce trio pas comme les autres. Les chansons avaient été écrites et composées dans une sorte d’urgence, sans véritable plan préconçu ni arrière-pensée. Trois ans plus tard, on a retrouvé Philippe Lavergne (Les Freluquets, Qu4tre, Herzfeld, Bassmati…), Thierry Haliniak (My Raining Stars) et Gilles Ramey à Paris pour qu’ils nous racontent la genèse de ce nouvel album sorti au printemps dernier.Continuer la lecture de « Meyverlin : « On est sortis de notre zone de confort » »
Depuis qu’il est adolescent, Nathan Goslhem a toujours gravité dans le monde du punk, adorait éditer des écrits – fanzines comme romans – narrant cette contre-culture. Une passion toujours fidèle pour les marges. Vers 2016, il publie de façon bénévole des revues éclectiques et radicales sous le nom de Demain Les Flammes, une aventure solitaire sur le papier, mais autour de laquelle gravitent des personnes motivées pour la traduction, l’illustration, la mise en ligne et l’impression. « L’idée des revues était de proposer des sommaires sur des sujets très précis, mais sans approche de spécialiste. L’ambition était de varier les formats (récits, entretiens, BD, reportages photo…), mais des trucs de fond, qui ne périment pas, et qui peuvent être lus à peu près par tout le monde, tant qu’il y a une forme de curiosité pour les contre-cultures ou considérées comme telles. » Jeune, Nathan a lu Double Duce de Aaron Cometbus, musicien et écrivain punk Américain dans sa version originale, il en a compris l’essentiel, un brûlot bordélique et fougueux. Ce fût donc une évidence de pouvoir donner de la visibilité à ses livres, qui commençaient timidement à être traduits en français. Continuer la lecture de « Selectorama : Demain Les Flammes »
« Oasis : les frères Gallagher alimentent la rumeur d’une reformation du groupe. » Même Le Monde s’est fendu d’un article en ligne. La presse anglaise, de son côté, en a fait ses gros titres. Le retour quasi-messianique du groupe de Manchester s’apparente déjà à une campagne de promo bien huilée. Les réseaux sociaux ont amplifié, y compris dans l’indignation, le tsunami provoqué par l’annonce d’une date énigmatique, pour l’instant apocryphe. Emmanuel Macron aurait du leur demander conseil pour l’annonce de son prochain ministre. Continuer la lecture de « Pour l’interdiction des reformations de groupes »