Aux débuts des années 80, R.E.M., pour Rapid Eye Movement, est peut-être le parangon du groupe indépendant américain. Nul autre plus que ces quatre gars d’Athens, en Géorgie, n’a mieux exprimé cette idée d’émancipation des courants hégémoniques. Pourtant, la formation naît dans le sillon de groupes new wave et post-punk comme les B-52’s ou Pylon. Comme Oasis, dix ans plus tard avec les Stone Roses, R.E.M. s’affranchit des aînés et trace sa propre voie, singulière. Si Murmur, leur premier album, sort en 1983, le groupe existe depuis 1980. Michael Stipe (chant) rencontre Peter Buck (guitare) sur son lieu de travail, un disquaire évidemment (le mythique Wuxtry Records). Par l’intermédiaire d’une amie commune (Kathleen O’Brien), ils font enfin la connaissance de Mike Mills (basse) et Bill Berry (batterie). Ceux là ne se quitteront plus.
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Catégories billet d’humeur
Messieurs-dames, on ferme !
Trois lieux emblématiques d’une scène indé parisienne fragilisée ferment leurs portes ce printemps.

Hier soir, il y avait foule devant Le Motel, à deux encablures de Bastille. Le cœur des indie heads était réuni passage Josset pour boire une dernière pinte avant fermeture définitive, avec quelques pincements ici et là à l’évocation des souvenirs. Une chorale d’habitués chantait Common People à tue-tête à l’intérieur, une foule compacte frissonnait sur le trottoir, et Tali et ses comparses transformaient les dernières gouttes de bière en petites larmes à l’œil. La dernière soirée de ce lieu symbolique où tant de musicien.nes sont passé.es et où tant de groupes se sont formés, avec 18 ans au compteur, tourne une page de l’histoire de la pop et de l’indie parisienne. Continuer la lecture de « Messieurs-dames, on ferme ! »
Catégories selectorama
Selectorama : Ibon Errazkin

Je pense que c’est une certitude : cet homme compte parmi mes artistes – compositeur et arrangeur en particulier – favoris. J’ai une tendance assez prononcée à la fidélité mais elle n’est pas aveugle non plus – ni sourde d’ailleurs. J’ai découvert Ibon Errazkin – ou plutôt le groupe dont il était la co-tête pensante avec la bassiste et parolière Teresa Iturrioz, Le Mans – au début des années 1990, une époque où nous étions tous les eux à l’orée d’une vie plus ou moins professionnelle – sans avoir la moindre idée de ce qui allait se passer. Enfin, lui avait quand même un peu plus de certitudes que moi (il multipliait même, les projets, comme Daily Planet ou Instrümental avec son ami Pez. Le Mans était déjà son deuxième groupe, après le projet Aventuras de Kirlian, quatuor masculin féminin à la carrière météorique et dont la musique faisait facilement passer The Pastels pour un croisement entre Def Leppard et Popol Vuh. Continuer la lecture de « Selectorama : Ibon Errazkin »
Catégories chronique nouveauté
Arthur Satàn, A Journey That Never Was (Born Bad Records)
En 2021, Arthur Satàn sortait So Far So Good, son premier véritable album en solitaire. Quatre ans plus tard, il donne enfin suite à cet album post-COVID, avec le superbe A Journey That Never Was. Le Bordelais reste aussi fidèle au label Born Bad, structure hébergeant quelques uns de nos hurluberlus favoris (Pleasure Principle, Forever Pavot, Star Feminine Band, Bryan’s Magic Tears, Gwendoline etc.). Arthur Satàn n’est pas pour autant un nouveau venu. Actif dans la scène garage-rock, depuis une bonne quinzaine d’années, il a enquillé les albums (cinq en tout) avec les fameux J.C. Satàn. En parallèle il participe également aux Crâne Angels, au coté notamment de Petit Fantôme ou Vincent Bestaven. Continuer la lecture de « Arthur Satàn, A Journey That Never Was (Born Bad Records) »
Catégories section 16
Section 16 S2E2 : Nora, 9 ans
Qu’écoutent réellement nos kids ?


Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la seconde mixtape de cette deuxième saison, concoctée par Nora, 9 ans.
AVIS A LA POP.ULATION : Vos enfants aiment la musique (TOUS types de pop moderne) ? Envoyez-nous un mail à section26.popmoderne@gmail.com !
Catégories borne d'écoute
Lottie, petit à petit

Les informations sur ce groupe qui vient tout juste de naître ne sont pas légion sur la toile. Presque tout ce que nous savons de lui, c’est que son camp de base se trouve à Pomona en Californie. A l’écoute de leur deuxième single The Cut, qui succède à What Have We Got, sorti le 10 février dernier, on s’étonne de sentir autant de maturité pour des musiciens de tout juste vingt ans. Mais il semblerait qu’ils aient été éduqués à la meilleure école… Car aux côtés d’Adam Dieck à la basse et Rene Garcia à la batterie, on trouve une certaine Lottie Malkmus – tête pensante du trio qui assure la guitare, le chant et le violoncelle –, qui n’est autre que la fille du légendaire leader de Pavement, Stephen Malkmus. Continuer la lecture de « Lottie, petit à petit »
Catégories mardi oldie
Neil Young, Oceanside Countryside / 1977 (Reprise Records)
Peu à peu, au fil d’un programme de rééditions (mais est-ce bien le mot ?) dont la forme et le calendrier échappent à toute espèce d’entendement, le halo de brume qui enveloppe une partie de la discographie de Neil Young semble enfin se dissiper. On le sait, l’homme est sujet aux toquades, caprices, volte-face et autres sautes d’humeur. Ce fut particulièrement vrai au milieu des années 1970, époque erratique sur le plan personnel, mais plutôt féconde d’un point de vue artistique. Ainsi, multipliant projets, collaborations et sessions d’enregistrement, Neil Young fit provision d’un riche corpus de chansons, avec lesquelles il entreprit d’assembler plusieurs albums. Continuer la lecture de « Neil Young, Oceanside Countryside / 1977 (Reprise Records) »
Catégories chronique nouveauté
Marius Atherton, Music For A While (Noway, Prix Libre, Cheap Satanism, Les Potagers Nature & Twintoe)
« Je ne sais pas quelle est ma place »
Pas facile d’aborder le disque de Marius Atherton tant l’homme sait poser des chausses-trappes dans sa tracklist. Proposer un album a priori de pop moderne, chansons et affiliées avec du Purcell, des blip blips électroniques et une reprise de Thee O’Sees met forcément votre rock critic moyen (bibi) dans des dispositions tenant de l’interrogation voire du malaise. Heureusement, quand la voix du garçon apparaît, on se rassure un peu : on va le rattacher vite fait à certains disques récents qui constituent un ensemble plutôt homogène (et un petit panthéon) d’hommes solitaires (au moins dans le métier, on ne sait rien de leur vie privée, Dieu merci) au profil non conventionnel. Continuer la lecture de « Marius Atherton, Music For A While (Noway, Prix Libre, Cheap Satanism, Les Potagers Nature & Twintoe) »