Après avoir longuement discuté avec le brillant Bill Baird en début d’année, et notamment de son goût pour les reprises, nous lui avons demandé de nous laisser le soin de publier sa reprise de La Chanson de Slogan de Serge Gainsbourg orchestrée par Jean-Claude Vannier. Où le Californien d’adoption nous montre comment s’attaquer à l’Everest à main nues (ou presque).
Holy Wave : Julian Ruiz, Joey Cook, Ryan Fuson et Kyle Hager
En voilà un autre qui se sera fait attendre. C’est demain, vendredi 3 juillet, que Holy Wave délivrera son quatrième album, Interloper. Pour nous faire patienter alors que sa sortie, initialement prévue début mai, était bousculée par les événements que nous connaissons, ce ne sont pas moins de quatre singles qui ont été dévoilés par les Texans. Des envolées oniriques du titre homonyme, Interloper, au krautrock stroboscopique de Hell Bastards, le dernier né confirme le tournant amorcé par son prédécesseur vers des sonorités plus synthétiques, des atmosphères plus nébuleuses. Julian Ruiz et Ryan Fuson se sont prêtés à l’exercice du Selectorama, sans y dissimuler une certaine obsession pour Broadcast et quelques plaisirs coupables (pas si coupables, si vous voulez mon avis). Ils nous proposent également de les retrouver le samedi 25 juillet pour célébrer la sortie de ce nouvel album au travers d’un concert, qui sera diffusé en streaming en collaboration avec Levitation, la fameuse organisation d’Austin [détails et réservation ici].
Le songwriting de Kate NV est une sorte de grand baromètre. À l’extrémité gauche, on y trouve l’indication « Tempête pop », à l’extrémité droite, « Ambient très sec ». Ne jamais choisir clairement entre l’un ou l’autre de ces climats est désormais devenu une passionnante marque de fabrique pour la compositrice russe, nous laissant sans cesse dans l’hésitation entre le pas de danse et pas de danse du tout. En 2016, c’est au milieu du catalogue ésotérique et surréaliste de l’excellent label Orange Milk Records que l’on avait eu la surprise de tomber sur son premier album, Binasu. Un disque merveilleux où se succédaient échos VHS d’une synthpop nostalgique du japon des 80’s et vagabondages plus abstraits dans d’autres mondes verts à la Brian Eno.
Un an à peine après On The One!, L’Histoire du Funk en 100 albums, déjà publié par la maison d’édition Le Mot et le Reste, le conférencier passionné Belkacem Meziane revient avec un ouvrage consacrée au disco : Night Fever, 100 Hits qui ont fait Le Disco. Le musicien français sort ainsi légèrement de sa zone de confort (le funk) pour nous proposer un tour d’horizon très complet du genre phare des années soixante dix. La structure de l’ouvrage suit la ligne éditoriale du Mot et du Reste : un essai d’une trentaine de page suivi d’une sélection de cent disques. Petite originalité, les morceaux remplacent judicieusement la sélection d’albums attendue. Cette singularité permet ainsi de mettre en valeur le format maxi 45 tours si important dans le genre. Dans les sillons amples des douze pouces, les remixeurs de génie (Walter Gibbons, Tom Moulton, Larry Levan etc.) étirent les chansons jusqu’à l’extase, loin des contraintes des sept pouces et des LP. Continuer la lecture de « Belkacem Meziane, Night Fever, 100 Hits qui ont fait le Disco (Le Mot et le Reste) »
Bien que nous ayons retrouvé ce mois-ci les joies des verres en terrasse, voire – pour les plus téméraires – des DJ sets et petits concerts en plein air, l’arrivée de l’été ne nous a tout de même pas inspiré la même insouciance et la même excitation qu’à l’accoutumée. Dans le monde de la musique, les actions se sont multipliées pour venir en aide aux artistes, souvent pénalisés par la pandémie, tandis qu’une autre lutte, majeure et incontournable, s’est imposée : celle contre le racisme, lancée par le mouvement Black Lives Matter. Dans notre playlist de juin se sont glissées quelques sorties exceptionnelles, initiées par ces causes. Du punk de Lithics au rap de MIKE en passant par la folk de Bedouine, nous espérons, par cette sélection, éveiller chez vous curiosité et enthousiasme. Il semble que nous en ayons besoin. (Coralie Gardet)
Alors que nous n’étions qu’au tout début de l’étrange épisode du confinement, un philosophe avait prescrit la lecture du stoïcien Marc Aurèle comme remède à nos inquiétudes. Selon lui, la raison et la lucidité seraient nos meilleures alliées pour exorciser nos angoisses et neutraliser nos inévitables coups de déprime. On peinerait à le contredire complètement. Pourtant, on aurait pu lui faire remarquer que l’imaginaire et l’illusion sont peut-être plus vitaux encore pour traverser les péripéties de l’existence. Comment aurions-nous pu supporter notre pesante oisiveté forcée sans le recours à la fiction, aux rêves éveillés que nous procurent les romans, les films et bien sûr la musique, sans laquelle la vie ne serait qu’une erreur et un exil, selon la célèbre formule de Nietzsche ? Dans les moments difficiles, il m’a toujours semblé que l’écoute d’une bonne chanson pop était d’un secours bien plus efficace que n’importe quel précepte de sagesse antique. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir # 7 : Dreams Never End »
Rendez-vous au bûcher à midi. Celui de Jeanne d’Arc, à Rouen. Pour ce qui est des vanités, elles se sont consumées depuis bien longtemps, si tant est qu’elles l’aient jamais vraiment animé. En cette première journée de liberté oisive, comme en prémisses encore incertains de l’été – météo normande oblige – il y a quelque chose de très émouvant à prendre le premier train du matin depuis bien longtemps pour rencontrer Johan Asherton sur ses terres. Avec une ponctualité à l’égale de son élégance, la silhouette s’avance, toujours aussi impressionnante, et les souvenirs affleurent en masse, surgis d’une époque d’avant l’accessibilité virtuelle instantanée, où la culture musicale s’assemblait comme un puzzle un peu secret, en collectionnant tant bien que mal des fragments confidentiels avant même de connaître le modèle à reproduire. Continuer la lecture de « Johan Asherton – Passions partagées »