Il est des chansons qui, dès l’intro, vous font réaliser une impressionante culbute spatio-temporelle. Disillusion, l’un des singles extraits du pléthorique premier album de Badly Drawn Boy, The Hour Of Bewilderbeast, paru en l’an 2000, est de celles-là. Alors, dès que retentit le premier roulement de batterie, c’est un vendredi ou un samedi soir dans la cave du Pop In (11 rue Amelot, à Paris), à une époque où je fumais cigarette sur cigarette – au grand dam de Robert qui voyait la cendre tombée sur les vinyles, les platines et la console – en sirotant du vin blanc – certaines légendes parlent aussi de pintes de whiskey orange ou de vodka pamplemousse mais je crois que ce ne sont que des légendes. Continuer la lecture de « Badly Drawn Boy, année 00 »
Catégories mixtape
Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club
Parce que j’ai toujours voulu être Margot Tenenbaum, son carré blond parfait retenu par une simple barrette, sa micro-robe sous son manteau de fourrure, écrivaine qui pleure dans sa baignoire avec une classe folle. Parce qu’il s’agit d’histoires de familles compliquées et que pour moi aussi, la famille, c’est compliqué. Parce que j’aime retrouver à chaque film cette troupe d’acteurs, ces visages que je connais bien, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait ceux des autres. Parce que cette fidélité aux comédiens, le réalisateur la voue aussi à ses compositeurs, Mark Mothersbaugh et Alexandre Desplat, qu’il convoque de film en film. Parce que toutes les chansons figurant au générique démontrent le goût sûr d’un gars sûr, d’ailleurs l’élégance du mec, excusez-moi du peu. Parce que c’est un cinéma dans lequel tous les adultes sont des enfants à qui les enfants montrent le chemin à suivre. Parce que j’ai beaucoup lu Roald Dahl et que je ne m’en lasserai jamais. Parce que c’est un cinéma très écrit et dans lequel l’écrit tient une place essentielle, partout des livres, des notes manuscrites, des lettres, des messages codés, des chapitres et une histoire romanesque. Parce que la voix de Georges Clooney quand il dit autre chose que What else ? Parce que j’ai eu un labrador pendant 14 ans et que j’adore les chiens. Parce que j’ai toujours rêvé de déambuler dans les couloirs d’un palace, où des grooms en tenue à boutons dorés m’accompagneraient dans l’ascenseur et où il y aurait des coffre-forts cachés avec des trésors dedans. Parce que j’ai toujours été un peu amoureuse de Jason Schwartzman. Parce que mes enfants rient aux éclats quand Tilda Swinton déclare : Action Sociale, j’écoute. Parce que ces deux gamins sur la plage, lui avec sa toque en raton-laveur et elle qui transporte son mange-disque dans une valise, s’embrassent pour la première fois avant de se déhancher sur Le Temps de L’Amour. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club »
Catégories selectorama
Selectorama : Jonathan Bree
A quelques mois de la sortie d’After The Curtains Close, quatrième album s’annonçant kitsch et expérimental, Jonathan Bree nous offre un Selectorama dévoilant quelques pistes sur ses influences du moment. Le Néo-Zélandais masqué semble particulièrement obsédé par la musique religieuse puisque l’on retrouve pas moins de trois titres obscurs interprétés par des nonnes australiennes. Il reste toutefois fidèle aux influences et à l’imagerie 60’s qui a fait sa renommée tardive avec le titre You’re So Cool en 2018. A l’écoute de l’étincelant single Kiss My Lips avec Princess Chelsea en invitée, nous ne doutons pas que 2020 sera l’année de la consécration pour Jonathan Bree, que les franciliens avaient découvert sur scène juste avant Stereolab l’année dernière. Continuer la lecture de « Selectorama : Jonathan Bree »
Catégories mixtape
Mixtape Section26 #9 : The Saxophones
The Saxophones, duo mari et femme nord-californien signé chez Full Time Hobby, vient de sortir Eternity Bay. Si le son est plus ample et chaleureux, la formule de ce deuxième album reste inchangée. Leur chansons imprégnées de mélancolie sont fortement influencées par la musique des années 50, l’exotica mais surtout le jazz qu’Alexi Erenkov a étudié avant de jeter l’éponge, se sentant un peu trop à l’étroit musicalement. The Saxophones tient d’ailleurs son nom de l’instrument dont il jouait pendant ses études et qu’il a mis au placard le temps de s’ouvrir à de nouveaux horizons musicaux. Alexi ayant l’air d’avoir un sacré sens de l’humour, il nous offre un mix autour… du saxophone. Principalement composé de classiques jazz, on y trouve aussi Mulatu Astatke, Fela Kuti ou Orchestra Baobab. Par contre, aucune trace de Never Tear Us Apart, Urgent, The Logical Song ou Careless Whisper, mais ce sera sans doute pour une mixtape “guilty pleasure”. Continuer la lecture de « Mixtape Section26 #9 : The Saxophones »
Catégories sous surveillance
Sous Surveillance : Le Goût Acide Des Conservateurs
Qui ?
Où ?
Quoi ?
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Catégories transmission
Transmission#37 – Trippin’ With The Birds
Trippin’ With The Birds
Emission du 3 mai 2020
Présentée par Thomas Schwoerer avec la participation de Fritz Witt-Schwoerer, sur une playlist élaborée par Pauline Nunez.
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Catégories billet d’humeur
Helvetia ou la neutralité électrique
Je me revois suivre ses petites ballerines bleu marine entrain de glisser littéralement sur le pavé blond d’Aix-en-Provence. Elle était le portrait identique et troublant de Dominique Sanda. J’avais un rituel précis avant de la retrouver : j’écoutais, fenêtre ouverte sur la place des Cardeurs, le Misty Roses de Colin Blunstone. La voix mélancolique de Blunstone et cette cavalcade de cordes, fiévreuses et anxieuses, marquaient parfaitement mon impatience et ma soif de la retrouver. En bas de chez moi, les murmures des restaurants se mêlaient à la musique. Sous des parasols oranges et décolorés, les cuisiniers indiens grillaient leur clope, en observant impassiblement les pigeons picorer les petits morceaux de pain, laisser là, entre quelques feuilles de platanes. Continuer la lecture de « Helvetia ou la neutralité électrique »
Catégories chronique nouveauté
Modern Studies, The Weight Of The Sun (Fire Records)
Maintenir l’union en dépit de la distance. Enjamber en musique l’étendue qui sépare. Voici une fois encore, réduit à peu de mots, le projet pas si banal auquel Rob St John et Emily Scott s’attachent à donner corps. Des deux interprètes et songwriters principaux qui constituent le cœur du quartet écossais, l’un réside dans le Lancashire et l’autre en Ecosse. De là, sans doute, est née cette belle musique des interstices et de l’entre-deux. Ce troisième album de Modern Studies prolonge en effet l’exploration des confins, la recherche d’un équilibre instable qu’il serait possible d’établir en arpentant simultanément plusieurs frontières. Celle d’abord qui sépare le savoir-faire des Anciens et les innovations contemporaines. Continuer la lecture de « Modern Studies, The Weight Of The Sun (Fire Records) »