Catégories selectoramaÉtiquettes , ,

Selectorama : Philippe François

Philippe François
Philippe François, l’envers du décor.

Le rapport de chacun à la foi est une affaire individuelle, elle se niche parfois dans les circonvolutions les plus intimes. Vous pouvez d’ailleurs n’en revendiquer absolument aucune, personne ici ne s’en formalisera. Même si je fuis les papistes comme le virus, jamais je n’irais m’abandonner au moindre prosélytisme pour mettre en avant la religion dans laquelle j’ai été éduquée. Lorsque j’ai rencontré Philippe François, via un réseau social, il y a déjà quelques temps, je n’avais pas idée que pourtant, en dehors d’histoires communes liées à notre région d’origine, nous évoquerions un peu la foi mais beaucoup plus notre rapport à la musique, qui en contient une dose salutaire. J’ignorais aussi qu’il était le géniteur d’un des membres d’un groupe dont la foi, justement, nous a fait tresser plus d’un laurier en ces pages. La parution de cette Anthologie Protestante de la poésie française (et non d’une Anthologie française de la poésie protestante, la nuance est de taille) nous donne donc l’occasion de lui demander un Selectorama, exercice où il s’est livré, au delà même de mes attentes légitimes, nos conversations étant rarement lénifiantes, à une petite leçon de choses en accéléré et où il tisse admirablement les liens qui abondent entre la foi et le binaire, la théologie et le caractère définitivement sacré des génies qu’il évoque. Et je doute que même la frange la plus laïque de notre lectorat n’y trouve pas un intérêt tout particulier en cette veille de Noël. Continuer la lecture de « Selectorama : Philippe François »

Catégories livresÉtiquettes , , , ,

Arnaud Choutet, Soft Rock – Yacht Vibes & California Grooves (Le Mot Et Le Reste)

Soft RockCe que j’ai toujours préféré chez Patrick Bateman, c’est le critique musical. J’ai, bien sûr, conservé de mon unique – et très lointaine – tentative de lecture intégrale d’American Psycho quelques souvenirs marquants et horrifiés des turpitudes yuppo-sado de son anti-héros. Mais, bloc W.C nappé au chocolat et rongeurs mis à part, ce sont encore les quelques pages consacrées par Brett Easton Ellis aux passions musicales du golden boy/tueur en série qui m’ont toujours semblé les plus puissantes et les plus pertinentes. Au-delà de ce qu’elles expriment du goût particulier d’une époque et du personnage qui l’incarne pour des produits culturels aisément consommables et dépourvus de toute aspérité morale ou politique, ces chroniques exhaustives et pointues de la discographie de Genesis, Whitney Houston ou Huey Lewis interrogent de toute leur ironie vigoureuse, presque indétectable, le sens commun et les normes convenues sur lesquelles se reposent presque inévitablement tous ceux qui ont, un jour, tenté de partager leur enthousiasme pour les chansons pop. Continuer la lecture de « Arnaud Choutet, Soft Rock – Yacht Vibes & California Grooves (Le Mot Et Le Reste) »

Catégories classics, disques rares et oubliésÉtiquettes , , , , ,

The Bongos, Drums Along The Hudson (PVC)

Drums Along The Hudson, premier album de The Bongos, raconte en filigrane les tâtonnements de la scène indépendante américaine des années quatre-vingt. Si Murmur de R.E.M., publié en 1983, est généralement considéré comme l’an zéro de l’indie-pop étasunienne, de nombreux groupes développent, en marge du punk ou de la new-wave, les fondations de l’indie au début de la décennie, notamment de ce son jangle-pop, compilé récemment par Captured Tracks (Strum & Thrum: The American Jangle Underground 1983-1987). Menés par Richard Barone et originaires d’Hoboken dans le New Jersey, The Bongos relient en effet les dBs aux Feelies. Les trois groupes déploient une certaine idée de la pop à guitare au son clair, un peu sèche et sans fioriture.

Continuer la lecture de « The Bongos, Drums Along The Hudson (PVC) »

Catégories classementÉtiquettes , ,

2020, les choix des disquaires

Illustration : Pauline Nunez
Illustration : Pauline Nunez

Pour clore dignement cette effusion de classements tous azimuts, voici celui des disquaires indépendants, que nous avions célébré ces dernières semaines dans notre série Première Nécessité. Histoire de célébrer une fois encore ces vaillantes échoppes sans qui nous ne serions rien, voici leurs disques préférés de cette année cauchemardesque. Continuer la lecture de « 2020, les choix des disquaires »

Catégories transmissionÉtiquettes , ,

TRANSMISSION #50 Spéciale récap 2020

Spéciale récap 2020

Émission du 20 décembre 2020, la sélection de la rédaction avec Thomas Schwoerer, Viktor der Panini Joe, David Jégou, Étienne Greib, Matthieu Grunfeld et Pauline Nuñez.

Continuer la lecture de « TRANSMISSION #50 Spéciale récap 2020 »

Catégories mixtapeÉtiquettes , ,

Le club du samedi soir #27 : les recalés du Top 2020

Illustration : Pauline Nunez
Illustration : Pauline Nunez

Il y a ceux qui brillent en haut avec l’insolence d’une tête de gondole, très souvent malgré eux (The Apartments, c’est quand même pas le disque le plus frime de l’année, on peut l’admettre) et ceux que l’on ne cite pas assez pour qu’ils parviennent à se hisser au sommet. Nos petits pref’ à nous, les trop ou les pas assez, les obscurs ni d’Eve ni d’Adam, les un seul single brillant sur un album passable, ou ceux qu’on a écouté, oubliés, retrouvés. Les voici, dans le désordre, avec peu de cohérence stylistique, mais pas mal d’amour derrière leur sélection.

Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #27 : les recalés du Top 2020 »

Catégories classementÉtiquettes , , , , ,

2020, les choix de la rédaction.

Pauline Nuñez
Illustration : Pauline Nuñez

Mon Top 6 des bonnes raisons de s’intéresser cette année aux palmarès de Section26 : 1/ Parce que le contexte. Un choix évident, inutile de broder davantage. Même si, à titre très personnel, je reste une peu surpris que ce que j’ai toujours considéré comme mon style de vie habituel, d’autres appellent ça un confinement… Passons. La musique demeure plus que jamais une valeur refuge et il en est beaucoup question ici. 2/ Parce que c’est déjà la troisième fois, la troisième année et que, franchement, aucun d’entre nous n’aurait jamais misé sur une régularité aussi durable. 3/ Parce qu’on peut y retrouver à la fois le résultat du consensus collectif ET les orientations très singulières de chacun. Et que c’est donc un résumé pas si mauvais de ce que nous essayons de présenter tout le reste de l’année. 4/ Parce que, pour ce qui est justement des tocades individuelles, souvent les plus passionnantes, beaucoup des œuvres citées me laissent d’un froid quasi-polaire – c’est comme ça pour tout le monde, non ? – alors que je me souviens très précisément du plaisir éprouvé à la première lecture des comptes rendus enthousiastes rédigés par mes camarades. Et je crois que c’est bon signe. 5/ Parce qu’il y a des anciens et des nouveaux – bienvenus, toujours. 6/ Parce que, contrairement à ce que déplorent parfois les esprits chagrins – «Et la musique, c’est pas un concours ! » ; « Et puis les albums qui sortent le 23 décembre, vous en faites quoi alors ? », et autres jérémiades inégalement pertinentes – ces listes n’ont aucune vocation à refléter une quelconque vérité objective et définitive. Et que le plaisir de les faire et de les défaire est, à chaque fois, étalé dans l’inachevé : excitation de l’incomplétude, saveur du regret instantané, inévitable. Le meilleur album est toujours celui qu’on oublie ou celui qui s’impose au dernier moment. Tout le reste est secondaire.

Matthieu Grunfeld

CLASSEMENT COLLECTIF

1. The Apartments, In And Out Of Light (Talitres)
2. Fontaines D.C.A Hero’s Death (Partisan Records)
3. Andrea Laszlo De Simone, Immensità (Ekleroshock / Hamburger Records)
4. King Krule, Man Alive ! (Matador/True Panther/XL)
5. Cindy, Free Advice (Paisley Shirt)

6. Cabane, Grande Est La Maison (Cabane Records)
7. Lesneu, Bonheur ou Tristesse (Music From The Masses)
8. The Strokes, The New Abnormal (RCA Sony)
9. Thousand, Au Paradis (Talitres)
10. The Red, Pinks and Purples, You Might Be Happy Someday (Tough Love Records)
11. The Proper Ornaments, Mission Bells (Tapete)
12. Bob Dylan, Rough And Rowdy Ways (Columbia Records)
13. Cindy Lee, What’s Tonight To Eternity (W.25th)
14. Sonic Boom, All Things Being Equal (Carpark Records)
15. Tapeworms, Funtastic (Cranes Records / Howlin’ Banana)
NDLR : Tous les albums sont écoutables en cliquant sur leur titre.

Continuer la lecture de « 2020, les choix de la rédaction. »

Catégories affichage libreÉtiquettes , , , ,

Un conte de Noël – Chilly Gonzales, Frédéric Pajak, Jean Eustache

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Jean-Pierre Léaud dans "Le Père Noël a les Yeux Bleus" de Jean Eustache
Jean-Pierre Léaud dans « Le Père Noël a les Yeux Bleus » de Jean Eustache

« Au revoir la ville entière, la visite est finie. »
Charles Trenet

J’étais, là, dans mes derniers jours nantais. L’appartement vide, juste un poste radio et quelques cartons à refermer. Fenêtre sur un ciel pur et bleu – la neige, les nuits profondes cisaillées par des néons multicolores, la buée sur les vitres, les parfums de cannelle, les lourdes écharpes enroulant des visages aux joues en feu et la Loire aux reflets vert-givré… tout cela, c’est un vague souvenir. Continuer la lecture de « Un conte de Noël – Chilly Gonzales, Frédéric Pajak, Jean Eustache »