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Selectorama : Midlake

Midlake
Midlake

La résilience en deux temps. Midlake avait déjà survécu au départ de son leader originel, Tim Smith, après la publication de son troisième album en 2010. Après dix ans de silence presque complet, c’est un deuil plus intime qu’il s’agit ici de surmonter. Le père du claviériste Jesse Chandler, décédé en 2018, lui serait apparu en rêve pour l’encourager à prolonger l’aventure collective. Une impulsion d’outre-tombe qui confère à For The Sake Of Bethel Woods une résonance dramatique, amplifiée par la mise en son très ambitieuse, confiée pour la première fois à un producteur extérieur, John Congleton en l’occurrence. Sans oublier d’écrire des chansons, Midlake y redonne ses lettre de noblesse à une forme de musique progressive, réhabilitant au passage un mysticisme élégant et des arrangements amples et complexes. Un hommage aussi à une époque et un lieu – Bethel, dans l’état de New-York, où ont longtemps résidé Chandler et sa famille et où s’est tenu le festival de Woodstock – qui marquent cette sélection de dix titres. C’est donc lui qui se charge de la visite guidée du patrimoine local. Continuer la lecture de « Selectorama : Midlake »

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Telefís, A hAon (Dimple Discs)

Premiers souvenirs partagés. Ils remontent au tout début des années 1980 : l’un est sur scène, l’autre l’écoute. Cathal Coughlan est le chanteur de Microdisney ; Garret Jacknife Lee n’est encore qu’un adolescent dans le public et c’est son premier concert. Ils échangent quelques mots, sans doute des encouragements adressés par l’aîné à son cadet admiratif. En tous cas, ils portent rapidement leurs fruits : le second étrenne même ses galons de musicien tâtonnant en se produisant en lever de rideau du groupe du premier à Cork. Deux brèves rencontres comme autant de signes précurseurs d’un destin commun, et puis plus rien pendant plus de trois décennies. Deux histoires parallèles, divergentes même. Coughlan construit son œuvre majeure dans des marges musicales de plus en plus confidentielles ; Jacknife Lee, après le bref épisode néo-punk de Compulsion, devient un producteur à succès, au cœur de l’industrie musicale, pour R.E.M., U2, Taylor Swift et bien d’autres. Qu’ont-ils pu conserver de commun ? D’abord une amitié partagée avec Luke Haines qui est à l’origine, en 2019, de ces retrouvailles inattendues. Continuer la lecture de « Telefís, A hAon (Dimple Discs) »

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Rockin’ Horse, Yes It Is (You Are The Cosmos)

C’est un album qui a à peine existé, obsolète avant d’avoir vécu, égaré à côté de son époque dès sa sortie, en 1971. A côté de toutes les époques, d’ailleurs, puisque les quelques rééditions – une en CD en 2004, l’autre en vinyl en 2012 – sont rapidement devenues introuvables. C’est donc peu dire que cette ultime tentative pour rattraper les décennies perdues, à l’instigation de l’excellent label espagnol You Are The Cosmos, est bienvenue. C’est surtout un album qui pratique la nostalgie à chaud, proclamant en acte son amour pour une époque déjà révolue – la première partie des sixties – sans le moindre espoir de la ressusciter au-delà des quelques minutes que durent chacune de ces douze chansons. Un album composé par ceux qui ont déjà trop vécu pour entretenir encore la moindre illusion. Un très grand album de passions musicales résignées. Continuer la lecture de « Rockin’ Horse, Yes It Is (You Are The Cosmos) »

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The Simps, Siblings (Lex)

Ceux qui connaissent The Simps ont sans doute d’abord entendu parler d’Eyedress ; sur TikTok, où certains de ses titres sont devenus viraux, ou par King Krule et Dent May par exemple, avec qui le musicien a récemment collaboré. Une rumeur confirmée : Idris Vicuña de son vrai nom, dont le quatrième album, Mulholland Drive, paraissait l’été dernier, se retrouve depuis quelques mois dans la fameuse liste des artistes émergeants de l’hebdomadaire américain Billboard.

C’est lors de l’un de ses concerts en 2018 que Zzzahara fait sa connaissance. Ces enfants d’immigrés philippins se retrouvent autour d’une histoire culturelle commune, mais aussi d’un certain goût pour la bedroom pop lo-fi, le post-punk et la new wave. De fil en aiguille, elle devient sa guitariste sur scène. Ils jamment, utilisent des samples d’Eyedress, improvisent des paroles. Zzzahara a tendance à évoquer sa rupture récente, Idris est tout aussi sentimental. En étalant leur vulnérabilité d’êtres amoureux, ils admettent en rigolant faire ce qui se caractérise, dans l’argot et de manière assez péjorative, du simping. Les jeunes trentenaires prennent le parti d’assumer leur sensibilité : ensemble, ils sont The Simps. Continuer la lecture de « The Simps, Siblings (Lex) »

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Franz Ferdinand, darts entertainment !

Franz Ferdinand
Franz Ferdinand

Je me souviens du choc. Un matin d’automne avec les rues encore noires, à l’époque parisienne où la cigarette précédait le plus souvent le café, à l’époque de la télé qu’on allumait parce que M6 (je crois que bien que c’était M6) diffusait des clips de groupes indie – enfin, à peu près – avant de partir travailler – enfin, travailler… Ce matin-là donc, j’ai entendu la guitare avant de voir les images et je suis resté interdit. Parce que tout est venu se bousculer et les souvenirs se sont succédés en flash – pêle-mêle, l’école Postcard Records, les montagnes russes rythmiques chères à Orange Juice, à Josef K, l’adolescence dans la Résidence, les cassettes vierges, les échanges de disques achetés à Paris – grâce à une mélodie en caoutchouc et un refrain suffisamment obsédant pour qu’on veuille réécouter la chose. En boucle. La suite de l’histoire, qu’on découvre vitesse grand V, est comme parfaite : Glasgow, Domino, une ribambelle de chansons fulgurantes en mode Dorian Gray, l’influence du constructivisme russe et même le passé d’Alex Kapranos – qu’on découvrira sur le tard — n’a pas freiné l’excitation accompagnant cette découverte qui rappelait – déjà à l’époque – qu’on n’était toujours pas prêt / près de ne plus avoir 20 ans – ça n’a toujours pas changé depuis, pour le meilleur et pour le pire…

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Climats #10 : Bitter Springs, Judith Perrignon, The Avengers

This could be the saddest dusk ever seen
You turn to a miracle high-alive
Michael Stipe

Peut-on écouter Vauxhall and I de Morrissey sous le franc soleil de juillet ? Et un Antônio Carlos Jobim empêtré dans un crachin de février, c’est toujours du Antônio Carlos Jobim ? Climats met en avant les sorties disques et livres selon la météo. Continuer la lecture de « Climats #10 : Bitter Springs, Judith Perrignon, The Avengers »

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Selectorama : Kristine Leschper

Kristine Leschper
Kristine Leschper / Photo : Tyler Borchardt

Il y a un sentiment de l’ordre de la tendresse lorsque l’on observe — ou plutôt, dans ce cas-ci, écoute — un individu naître à lui-même. Kristine Leschper, après avoir œuvré pour quelques disques avec le groupe Mothers, nous offre avec beaucoup de grâce et justement, à l’orée du printemps, The Opening, Or Closing Of A Door. Un album d’éclosion intime, subtil et complexe, et dont les mélodies soignées et les instrumentations oniriques raviront les amateurs de musique intérieure paradoxalement épique. On ressent avec beaucoup d’émotion la sincérité non-feinte d’une véritable proposition de réponse à la problématique audacieuse d’être-soi où même le plus lisse des sons qui en résulte se laisse aller sans crainte aucune aux pointes les plus fragiles de la vulnérabilité. Guidée par les tourments du monde et par la voix-guide de la poétesse June Jordan, Leschper fait glisser avec beaucoup de talent et en treize titres ciselés la mise en scène d’un théâtre miniature en forme de cœur humain, que l’on vous conseille ardemment d’y aller jeter une oreille ou deux. Continuer la lecture de « Selectorama : Kristine Leschper »

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Andrew Gabbard, Homemade (Colemine/Karma Chief)

Il a mis quelques mois pour parvenir jusqu’à nous – un peu moins de trois pour être exact – en transitant par les méandres confidentiels des recommandations parfois entraperçues au détour des réseaux sociaux. Et pourtant, au-delà des hasards et des accidents de cette rencontre fortuite, impossible de ne pas éprouver, dès la première écoute de ce premier album solo d’Andrew Gabbard, la conviction paradoxale qu’il nous était destiné. Très profondément et très exactement. Nous ne savions pourtant rien de son auteur et, il faut bien l’avouer, après quelques recherches connectées, nous n’avons toujours pas appris grand-chose. Continuer la lecture de « Andrew Gabbard, Homemade (Colemine/Karma Chief) »