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Steve Wynn (The Dream Syndicate) : « Je me suis répété : sois honnête, n’aie pas peur »

Steve Wynn / Photo : DR
Steve Wynn / Photo : DR

Ils ne sont pas si nombreux. On serait même bien en peine de les compter sur les doigts des deux mains. Les musiciens dont la carrière s’étend désormais sur cinq décennies et qui parviennent à prolonger dignement les fulgurances initiales qui leur ont valu une place de choix dans les livres d’histoire. Steve Wynn est de ceux-là, et pas qu’un peu. On a beau chercher : pas vraiment de mauvais album dans une discographie pléthorique où on les compte par dizaines. Certains qu’on a plus eu envie d’écouter que d’autres, simplement. Et d’autres que l’on redécouvre au fil des ans, en s’offusquant souvent d’être passé à côté. Depuis une bonne dizaine d’années, Wynn jongle allègrement entre les projets et les casquettes sans jamais flancher ni laisser poindre les traces de l’usure de l’âge : incendiaire virtuose et artisan de la flamme psychédélique au sein de The Dream Syndicate, gardien de son propre musée et organisateur de campagnes de rééditions qui ont permis d’apprécier à leur plus juste valeur des jalons parfois négligés de son catalogue, songwriter classique dont le talent rare s’exprime dans les fragments trop longtemps interrompus de sa discographie solo. Et désormais écrivain puisque, en même temps qu’un nouvel album en solitaire et remarquable – Make It Right (2024) – il publie ses mémoires, honnêtes, passionanntes et hautes en couleur. Au fil des pages de I Wouldn’t Say It If It Wasn’t True (2024), on croise ainsi quelques figures plus (Alex Chilton, le gratin du Paisley Underground) ou nettement moins (Michael Jackson enfant, Mac Davis, l’auteur d’In The Ghetto pour Elvis Presley) attendues. Au lendemain d’une performance émouvante où ont alterné lecture et chant, on retrouve donc le maître, en terrasse, pour évoquer avec lui quelques-unes de ces nombreuses et récentes activités. Continuer la lecture de « Steve Wynn (The Dream Syndicate) : « Je me suis répété : sois honnête, n’aie pas peur » »

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Graham Gouldman : « Il n’y a que deux sortes de chansons : les bonnes et les mauvaises »

Graham Gouldman / Photo : DR
Graham Gouldman / Photo : DR

Dans son autobiographie, Wild Tales (2013), Graham Nash raconte, avec un ton d’incrédulité, que les décennies ne sont pas parvenu à atténuer cette rencontre, en 1965. A la demande insistante de leur ex-manager Michael Cohen, lui-même tanné de près par une de ses voisines dont le fils, prétend-elle, se pique d’écrire des chansons, les Hollies au complet acceptent, non sans réticence, de rendre visite à ce gosse juif de dix-neuf ans dans les beaux quartiers de Manchester, bien décidés balayer ses prétentions d’un revers dédaigneux. Sans se démonter, le gamin en question leur joue coup sur coup trois de ses créations des dernières semaines : Bus Stop d’abord, Look Through Any Window ensuite. Les Hollies s’empressent d’acheter, bouche-bée. Et enfin No Milk Today, qu’il a déjà promis à un autre groupe du coin, pour faire bonne mesure. Figure aussi discrète que majeure de la pop de l’ère classique, Graham Gouldman a poursuivi sa longue route ensuite, enchaînant les succès pour les autres – Hollies, Yardbirds, Ohio Express : la liste est aussi interminable qu’impressionnante – et pour lui, au sein de 10CC puis de Wax. Depuis un peu plus d’une décennie, il a également enrichi ce patrimoine personnel pléthorique de quelques albums solo – I Have Notes, le troisième en douze ans est sorti sans bruit cet été – qui prouvent qu’il n’a rien perdu de son enthousiasme ni de son savoir-faire. Continuer la lecture de « Graham Gouldman : « Il n’y a que deux sortes de chansons : les bonnes et les mauvaises » »

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Uni Boys : « La power pop ne doit pas être un modèle dont il faut respecter scrupuleusement les règles »

Uni Boys / Photo : Instagram @uni.boyss
Uni Boys / Photo : Instagram @uni.boyss

Attablés à la terrasse d’un bistrot, les Uni Boys au quasi-complet – Reza Matin, co-leader et guitariste, a du prématurément abandonner ses camarades pour rejoindre en tournée The Lemon Twigs dont il est également le batteur et le bassiste – semblent goûter sans réserve aux plaisirs estivaux de leur escapade parisienne. La prononciation est encore un peu hésitante à l’heure de commander une tournée de « Kir Royal » mais la descente est impeccable. Noah Nash (guitariste et chanteur), Michael Cipolletti (basse) et Artie Fitch (batterie) paraissent avoir oublié pour quelques jours leur Los Angeles natal ainsi que les corvées attenantes aux jobs alimentaires qu’ils ont encore contraints d’occuper. Manifestement, le fait d’avoir enregistré coup sur coup deux des albums de rock mélodique et densément électrifié les plus remarquables et les plus rafraichissants de la décennie en cours ne garantit même plus à ces jeunes aussi talentueux que passionnés de pouvoir vivre décemment de leur art. Dont acte. Il n’en demeure pas moins que ces dignes héritiers locaux des Nerves d’antan méritent amplement qu’on prête une oreille attentive à leurs tubes flamboyants. Et qu’on s’intéresse un peu à leur parcours – encore bref mais plein de promesses à tenir. Comme chantaient The Who, ces kids sont dac. Continuer la lecture de « Uni Boys : « La power pop ne doit pas être un modèle dont il faut respecter scrupuleusement les règles » »

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Matthew Caws (Nada Surf) : « Les chansons sont un espace de sécurité totale »

Nada Surf / Photo : Paloma Bome
Nada Surf / Photo : Paloma Bome

Pendant longtemps, bon nombre des groupes que nous chérissions étaient ceux avec lesquels nous avions grandi. Désormais, il y a ceux avec lesquels nous choisissons de vieillir. Parfois, ce sont les mêmes. Mais pas toujours. En musique comme en amour, la nuance est d’importance. A la simple continuation nostalgique des émois de jeunesse, dont l’intensité initiale suffit parfois à retarder la dissipation inévitable, il faut parvenir à substituer une autre source d’enchantement. Moins bouillonnante, sans doute. De celle qui puisse survivre à la dissipation des attentes illusoires de la nouveauté radicale, d’un chef d’œuvre susceptible de rebattre l’ensemble des cartes usées aux encornures d’un jeu distribué il y a plusieurs décennies. Les albums de Nada Surf se suivent, plus ou moins régulièrement. Ils se ressemblent aussi, souvent, et ça n’est pourtant jamais un motif de déception. Le sillon creusé avec persévérance par Matthew Caws et ses camarades est suffisamment profond et fertile pour y replonger à chaque occasion. Comme tous ses prédécesseurs sans exception, Moon Mirror contient sa douzaine d’excellentes chansons, alternant entre accélérations powerpop électrisées et ballades méditatives. Comme à chaque fois, l’impression s’impose d’entendre se renouer les fils d’une conversation intime avec l’un des auteurs les plus touchants dans les évocations honnêtes de ses fragilités. Continuer la lecture de « Matthew Caws (Nada Surf) : « Les chansons sont un espace de sécurité totale » »

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The Waeve : « Il y a un sens aigu de paranoïa, de menace et d’anxiété dans notre album »

The Waeve / Photo : Alain Bibal
The Waeve / Photo : Alain Bibal

Plutôt que d’être l’année de Blur, 2023 aura surtout été l’année de Graham Coxon. Il a non seulement réussi à revoir son approche de la guitare sur The Ballad of Darren sans faire perdre son identité à Blur, mais il a sorti un des meilleurs albums de sa carrière avec The Waeve, groupe qu’il a formé avec sa compagne Rose Elinor Dougall. A peine plus d’un an après sa sortie, le duo nous offre le tout aussi captivant et inclassable City Lights sur le label Transgressive. Car The Waeve aime se perdre sur les routes sinueuses, et voir où cela va les mener. Plus ambitieux et plus direct que leur album éponyme, City Lights pourrait dérouter par ses chansons qui empruntent plusieurs directions en l’espace de quelques minutes, mais il n’en est rien. Leur force est de réussir à captiver l’auditeur grâce à un sens aigu de la mise en scène. Sans oublier des mélodies obsédantes malgré leur aspect parfois crasseux. On peut aisément imaginer cette musique complexe à créer. Ce n’est pourtant pas l’impression que donnent Rose et Graham lors de l’entretien qui suit. Composé lors de leurs rares moments libres, City Lights est né d’un besoin de repousser leurs limites communes par un ping-pong créatif, chacun répondant aux idées de l’autre, ce qui a rapidement donné naissance à ces dix titres surprenants. Rose et Graham évoquent en détail la naissance de ce nouvel album et reviennent également sur la naissance du groupe et la difficulté de sortir leur premier disque alors que le rouleau compresseur Blur sortait un nouvel album et tournait sans cesse. Continuer la lecture de « The Waeve : « Il y a un sens aigu de paranoïa, de menace et d’anxiété dans notre album » »

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Tindersticks : « L’état d’esprit post-punk est toujours présent en nous »

Tindersticks / Photo : Neil Fraser
Tindersticks / Photo : Neil Fraser

On reproche souvent à Tindersticks, depuis maintenant plus de trente ans, de sortir des albums de qualité qui peuvent lasser de par leurs similitudes. Cela ne pourrait pas être plus éloigné de la réalité. Il suffit de comparer The First Tindersticks Album (1993) et leur dernière sortie, le très réussi Soft Tissue. Entre soul 70’s et ambiance morne de fin de soirée, Soft Tissue continue d’explorer un univers singulier et toujours aussi captivant. Car Tindersticks ne ressemble à aucun autre groupe, greffant toutes les expérimentations possibles autour d’une des sections rythmiques les plus solides du cercle indépendant. Si les expérimentations sont toujours présentes sur ce nouvel album, le côté plus dépouillé et les arrangements chaleureux, proches du live, de Soft Tissue en font une excellente porte d’entrée pour ceux qui connaissent peu ou mal le groupe. Et pourtant, comme nous l’explique Stuart A. Staples dans cette interview, Soft Tissue aurait très bien pu ne pas voir le jour. Les motivations en interne et les difficultés économiques post Covid rendant tout projet compliqué, le groupe s’est simplement rendu en studio juste pour voir ce que ça donnerait. C’est sur ce parcours compliqué, et la surprise de prendre un énorme plaisir à rejouer ensemble que revient Stuart A. Staples dans un entretien sans filtre. Continuer la lecture de « Tindersticks : « L’état d’esprit post-punk est toujours présent en nous » »

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Joe Casey : « Il y aura toujours de la colère dans Protomartyr »

Joe Casey - Protomartyr, la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant
Joe Casey – Protomartyr, la Route du Rock 2024 / Photos : pardon.je.passe.devant

Difficile de ne pas sentir, au premier abord, intimidée par la présence de Joe Casey, leader charismatique de Protomartyr. Quand on a déjà vu le bonhomme sur scène, on se figure le costume noir, la bière glissée dans la poche, la clope à la main, le visage rougi par la puissance de ses esclandres. C’est bien ce personnage que les festivaliers de la Route du Rock allaient retrouver quelques heures plus tard sur la Scène des Remparts mais en attendant, cet après-midi-là, c’est un Joe calme et attentif qui s’est assis à côté de moi. L’occasion de discuter de Détroit, sa ville et son inspiration, de son ressenti face au récent boom de la scène post-punk, ou de la manière dont Formal Growth in the Desert, dernier album du groupe paru en juin, l’a aidé à faire face au deuil. Un échange honnête, dans lequel l’homme de bientôt cinquante ans, bien que toujours révolté, admet vouloir explorer d’autres voies que la colère, tout en continuant avec ses musiciens à « jouer vite », comme pour contrer le passage du temps.

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Les groupes du Poup

On peut, parfois, passer à côté d’un groupe à cause des choix graphiques liés à ses pochettes. C’est par exemple le cas de Morphine. Malgré le travail de réédition de Light In The Attic Records et de Rykodisc, on peut toujours rester de marbre en regardant la pochette de Cure For Pain (1993) et de The Night (2000). On repose donc le disque dans le bac, ou on écrit le nom d’un autre groupe dans la barre de recherche… Et on peut passer à côté dudit artiste. C’est à ce moment précis qu’intervient Laurent Poupinais aka Le Poup. Avec ses dessins, il rebat les cartes et vous permet de vous lancer à l’assaut de l’œuvre de feu Mark Sandman. Ses portraits monochromes offrent une relecture de son panthéon musical. Guidé par Robert Crumb et Frantz Duchazeau, Laurent Poupinais part du blues pour s’aventurer vers des paysages plus rock.  Marqué par Tardi et les travaux de Chabouté, Mezzo et Muñoz, Le Poup confie son univers à travers ses portraits. Et vous fait devenir fan de Morphine sans que vous vous en rendiez compte.

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