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Friture, Carnet de synthé (ARVO Disques / Eternal Soundcheck)

Friture arvo disques« Papa, comment on fait pour pas être mort ? »

J’avais croisé Yohan, en spectateur, dans le groupe Yves Bernard qu’il partageait entre autres avec Josselin de Taulard. Le punk pop mélodique, concerné, personnel, y faisait mouche grâce à la belle énergie de ce quatuor, délivrée notamment en concert, mais aussi sur son inusable cassette, la bien nommée Demo (et notamment de mon concert crush 2018, Objectifs et compétences). Friture paraît sur la structure Arvo Disques, une sorte de joint venture entre les labels Buddy Records et Future Folklore, surtout tournée vers l’Australie (« L’Australie, c’est super (loin) » est le slogan marrant de la superbe pochette illustrée par Ratcharge). Dans ce groupe solo, Yohan se retrouve face à lui-même et alterne les constats amers vis-à-vis du monde globalisé qui nous entoure. Continuer la lecture de « Friture, Carnet de synthé (ARVO Disques / Eternal Soundcheck) »

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Cory Hanson, Pale Horse Rider (Drag City)

La dernière fois que le guitariste et chanteur de Wand nous avait impressionnés, c’était avec Laughing Matter (2019), un album dans lequel la formation californienne poursuivait sa recherche, entamée avec Plum (2017), d’un son plus progressif et expérimental. Certains titres les rapprochaient alors davantage de Beak> que de Ty Segall, auquel Wand, avec un début de carrière étiqueté « garage » et un label en partage (Drag City), était souvent assimilé au milieu de la décennie dernière. Pour son second essai en solitaire, Cory Hanson reste fidèle au label de son groupe, et dévoile une pochette drôlement proche de celle de Laughing Matter. Par chance, ce n’est pas tout ce que Pale Horse Rider emprunte à cet album paru trois ans plus tôt : on y retrouve la même élégance, le même souci du détail. Certains noms y reviennent aussi : celui de l’ingénieur du son Zac Hernandez, ou du musicien Robert Cody, qui en signent ensemble l’enregistrement.

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Damien Jurado, The Monster Who Hated Pennsylvania (Maraqopa)

Damien JuradoAprès In the Shape of a Storm (2019) et What’s New, Tomboy? (2020), deux albums enregistrés pour le compte de Mama Bird, le label de Portland (Orégon), Damien Jurado revient avec le superbement nommé The Monster Who Hated Pennsylvania, nouvel album qui est aussi la première référence de Maraqopa, la maison de disques qu’il vient tout juste de lancer. Désormais âgé de 47 ans et déjà auteur de dix-huit albums studio, Jurado lance donc le dix-neuvième en toute indépendance, prenant un virage décisif et très significatif qui semblait aussi un peu inévitable dans la carrière d’un artiste de sa nature et de sa dimension. Continuer la lecture de « Damien Jurado, The Monster Who Hated Pennsylvania (Maraqopa) »

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Selectorama : Christophe Conte

Christophe Conte
Christophe Conte / Photo : Astrid Karoual


A la parution du premier tome de l’Anti discothèque idéale en 2015, Christophe Conte, qui doit probablement me surestimer un chouia, m’avait gentiment confié que j’y ferais peut être éventuellement 2/3 découvertes. Comprendre que notre attachement aux causes perdues longtemps introuvables était parfois discordant mais pour l’essentiel, similaire. Et de Sagittarius à Linda Perhacs en passant par Felt ou Swell Maps, j’y retrouvais effectivement une bonne partie de mes classiques intimes. Pour ce deuxième volume, on peut dire que le désormais chroniqueur de Libération s’est surpassé parce qu’il met effectivement en avant, dans une écriture allègre et généreuse, plusieurs disques (je vous laisse deviner lesquels, tiens) dont je n’avais JAMAIS entendu parler. Mais des hollandais new wave de Flue au désormais classiques comme l’indispensable If Only I Could remember My Name de David Crosby tout en passant par des marottes largement partagées en ces pages (Plush) il arrive encore à tracer les lignes qui révèlent une histoire discordante mais néanmoins partagée. Le Selectorama qui suit le prouve plus qu’habilement.
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Johanna Samuels, Excelsior! (Basin Rock/Mama Bird)

Johanna Samuels excelsior!C’est toujours un ensemble de sentiments complexes que celui qui a trait à l’intimité. Davantage encore lorsqu’il s’agit d’en restituer les nuances en chansons. Comment, en effet, exposer publiquement ce qui relève du plus profondément privé sans en détruire – dans l’instant – la substance ? Le premier album de Johanna Samuels s’intitulait déjà Double Bind (2014) et, en matière d’injonction contradictoire, celle à laquelle se confronte une fois de plus la songwriter californienne ne semble pas plus simple à résoudre sept ans après. « Juste avant d’enregistrer cet album, j’avais l’impression d’être plus que jamais éloignée de moi-même », racontait-t-elle récemment. Continuer la lecture de « Johanna Samuels, Excelsior! (Basin Rock/Mama Bird) »

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The Reds, Pinks & Purples, Uncommon Weather (Tough Love / Slumberland)

Par deux fois, on a cru qu’il se produirait. La première, c’était en 2008 au moment de la sortie de Gorgeous Johnny, puis lors de la parution de Rough Frame en 2010.  Depuis You Might Be Happy Someday, le miracle tant attendu semble enfin s’être réalisé. Glenn Donaldson reçoit enfin l’attention qu’il mérite depuis 20 ans. Ses disques se vendent comme des petits pains et font l’objet de rééditions. Aussi, la moitié de l’année 2021 ne s’est pas encore écoulée que le Franciscanais a déjà fait paraître trois nouveaux albums. Commençons donc par des excuses, car les très beaux disques de Painted Shrines avec Jeremy Earl de Woods et Vacant Gardens aux côtés de Jem Fanvu méritent également leurs chroniques.  Mais voilà, puisque faute de temps, il ne faut en choisir qu’un, et parce que c’est probablement le plus singulier, le plus intime, à la fois le plus dénudé et le plus mystérieux – comment peut-on faire d’aussi jolies chansons avec si peu de moyens sans jamais lasser ? – c’est à nouveau d’un album de The Reds, Pinks & Purples dont il s’agira. Continuer la lecture de « The Reds, Pinks & Purples, Uncommon Weather (Tough Love / Slumberland) »

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Jonathan Richman, I, Jonathan (Rounder, 1992, réédition Craft Records 2020)

 

Jonathan Richman, I, JonathanJojo, le héros.

Le vôtre, le mien, le nôtre, le tout un chacun, chacun sait, chacun a sa version.

C’est un homme qui sort un brin de l’ordinaire.

Faire court ? Lui sait, moi pas. Cette réédition en vinyle d’un album de 1992 permet toutefois d’en dire pas mal. Car c’est le moment où il est notre idole absolue (sur les bons conseils des Pastels, de Galaxie 500, des oubliés Rockingbirds et de Duglas des BMX Bandits) et même s’il ne sait pas trop où il en est lui-même, il sait toujours où nous trouver. Il sort d’ailleurs régulièrement des disques relativement excitants à l’époque, à l’inverse d’un Lou Reed*.

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Ô, Tribute album to Geneviève Castrée (1981-2016), (Ô Paon)

Alors bien sûr, la musique de Geneviève Castrée, par ailleurs auteure de bande-dessinée reconnue, n’a jamais joué la carte de la séduction. C’est le moins qu’on puisse dire : les mélodies à peine esquissées, cette voix qui semble vouloir rentrer à l’intérieur du corps même quand elle crie, les instruments organiques ou électriques qui frôlent à chaque instant le drone, ces textes rudes, on n’est pas vraiment là pour amuser la galerie. Comme tout artiste exigeant, solitaire, la jeune Canadienne, disparue trop tôt en 2016, posait son œuvre, sa vie sur la table, sans trouble dans la transaction, puis elle se retirait très vite dans sa maison de bois, sur sa planche à dessin, sans doute. A nous de nous débrouiller avec. Continuer la lecture de « Ô, Tribute album to Geneviève Castrée (1981-2016), (Ô Paon) »