
« Est-ce que tu veux bien enlever l’amertume ? »
Voilà ce que c’est, une trop grande proximité avec un label et son gérant, un disque qu’on a écouté à l’avance et qui nous a comblé, les formules qui jaillissent (« Michel Legrand, mono d’une colonie de vacances à Paisley Park », assez imprécise mais spontanée) et qui ne disent pas grand-chose finalement, les kits de presse que personne ne lit (l’histoire d’un garçon et d’une fille qui filent sur une départementale sur une mobylette kitée, les cheveux dans le vent, ce genre, oui c’était un peu de moi, pas de secret entre nous), et on se retrouve fort dépourvus au moment d’écrire LA chronique qu’on aimerait à la hauteur de ce qu’on entend. Peine perdue, pas grave. Les gens bienveillants de Section26 savent que notre écriture est ancrée dans le fanzinat, pas dans la presse quotidienne nationale, ni la revue universitaire. L’excuse parfaite. Continuer la lecture de « Boost 3000, Quel album (Pop Supérette / Another Record) »
Il est des albums dont l’importance se révèle dans un contexte d’autant plus inattendu que leur beauté singulière contraste alors avec la triste banalité de l’instant. En l’occurrence un quai bondé de RER en panne, l’attente qui semble interminable et l’accablement du début de semaine qui s’ajoute aux angoisses agoraphobes. Dans ces cas-là, le désir de musique a tendance à disparaître, submergé par les envies envahissantes de circonstances : sortir, avancer, récupérer un peu de vie et ne plus être là, tout simplement. Même s’il ne saurait se réduire à cette seule dimension thérapeutique,
« I have a memory of a time and place where history resigned »
Il a bien fallu s’y résigner ; il est plus rare de s’en réjouir : à chaque découverte, à chaque coup de cœur, le triomphe posthume de
Dans mon quartier, enfin là où j’habite parfois, il y a une femme qui crie souvent, presque tous les soirs entre 21 heures et 23 heures, elle fait son apparition. On ne sait jamais si elle engueule quelqu’un en particulier ou l’humanité toute entière. Personne ne s’occupe d’elle, personne ne la rassure, personne, pas même la personne à qui elle semble s’adresser, personne ne fait plus attention à elle. Elle fait désormais partie du décor. Un décor permanent d’indifférence. Les raisons existent. On n’a pas à suppléer à la psychiatrie. On ne peut plus rien faire pour elle. Pis, on en a de moins en moins l’idée, ni le désir. En plus, les deux tiers de ce qu’elle émet est un sabir inintelligible que la colère n’arrange en rien. 
Pour ce nouvel album, son vingt-et-unième depuis 2007,
La rentrée, déjà, qui marque le moment des transitions entre deux formes contrastées de temporalité. Une fois encore, les instants dérobés à l’écoulement implacable de toutes les routines se condensent dans des souvenirs. Très partiels, mais précieux. On perd sans doute beaucoup en réduisant quelques semaines de vie étirée aux quelques fragments que la mémoire est en mesure d’en conserver. Et pourtant, ce processus inévitable de condensation apporte aussi son lot de révélations et de rapprochements inattendus. Ainsi cette collision entre deux émotions marquantes provoquées presque simultanément par la contemplation – au cours d’une séance d’astronomie amateure – d’un lever de pleine lune, aussi radieux que les plus beaux couchers de soleil, et l’écoute du nouvel album de