Du 12 au 14 mai dernier se tenait à Brighton The Great Escape, the festival for new music qui réunit chaque année près de 500 groupes et musiciens émergents, mais aussi tout un réseau de professionnels venus dénicher leurs prochains protégés. Comment aligner tant de concerts en trois jours ? En mobilisant la trentaine de salles et pubs de la ville, une partie des galets de la plage, et en limitant les sets à une demi-heure. Illusoire en revanche d’imaginer en voir ne serait-ce qu’un dixième : plusieurs performances se produisent en même temps, et les trajets à pied d’une venue à l’autre, souvent assortis de files d’attente plus ou moins prévisibles obligent à faire des choix.
La trente-huitième fois que j’écrirai la même chose, ne vous sentez pas obligé de m’arrêter. Ce ne sera toujours pas grave.
Ces jours-ci, Big Thief est de retour en France pour une série de concerts, et même les youtubeurs les plus réservés ont pu constater que les set-lists se remplissent, à l’habitude retrouvée du Never Ending Tour du groupe, de versions alternatives et de titres inédits, tandis que Dragon New Warm Mountain I Believe in You, montagne d’inspiration, une heure et vingt minutes, a pris la place d’une rivière infinie dans nos réflexes d’écoute. Continuer la lecture de « Chant·mps d’impermanence »
Robert Smith, The Cure – 15/05/84 à Paris / Photo via Une vie de concerts
Le mardi 15 mai 1984, alors que la Curemania n’est pas encore-là, The Cure retrouvait le public parisien. Parmi les présents entassés dans un Zénith surbondé, certains allaient vivre leur première fois…
“You’re the noisiest audience we’ve ever had” – “Vous êtes le public le plus bruyant qu’on n’ait jamais eu”, le temps d’une traduction approximative… Malgré les clameurs, malgré les larsens d’un ultime morceau pas tout à fait dissipés, ces mots prononcés par l’homme au centre de la scène, chemise blanche immaculée et chapelet autour du cou, semblent résonner avec une parfaite netteté et suscitent une pointe de fierté – celle un peu nigaude de se dire « J’ai donc participé à ça » –, même si, dans le dernier RER C attrapé de justesse, on se demande si on ne les a pas tout bonnement fantasmés, ces mots-là, si cette déclaration en guise de ponctuation finale ne disait finalement pas tout à fait ça… Mais quelques mois plus tard, Concert, le premier album live du groupe dans sa version cassette venait confirmer que non, nous n’avions pas rêvé : la face B constituée de versions scéniques enregistrées au fil des années s’achevait sur le Forever du Zénith et ces mots désormais passés à la postérité – au moins la nôtre… Continuer la lecture de « The Cure, toute première fois »
À propos de « A bit of previous », le nouvel album de Belle and Sebastian.
Kelvingrove Bandstand, Glasgow, 1952
Lorsque Nicola pose le dernier album de Belle and Sebastian sur la platine, A Bit of Previous, et que résonnent les premiers accords du titre d’ouverture, Young And Stupid, cela fait longtemps qu’il s’est éloigné du groupe écossais, le groupe chéri de son adolescence. Guitare acoustique, touches de violon, batterie légère, et la voix inaltérée de Stuart Murdoch, la composition se tient. Le rythme de la mélodie sonne comme une ritournelle entraînante, les paroles, nostalgiques d’une jeunesse à présent lointaine, émeuvent ; le morceau s’écoute sans déplaisir, la joie -celle de retrouver une personne aimée- et le sourire illuminent même le visage de Nicola, mais il demeure à distance. Ce premier titre réussit tout de même, et de façon immédiate, à le ramener à l’été de ses seize ans. Continuer la lecture de « A plein corps »
« Aucunes funérailles à l’horizon », représentation scénique éphémère issue des « Années Lithium »
Michel Cloup et Pascal Bouaziz / Photo : Emmanuel Plane
En 2022, des miracles ont encore lieu dans les chapelles. J’en ai été témoin d’un, samedi soir, à Metz.
En pénétrant dans la cour de la chapelle des Trinitaires, au moment où les balances viennent de commencer, j’ai la surprise d’entendre les premiers accords de Heaven Boulevard, un extrait du deuxième album de Diabologum lors duquel les noms de célébrités décédées sont énumérées. Depuis quand n’ai je pas réécouté Heaven Boulevard ? Certainement depuis la dernière fois où j’ai vu Diabologum – première mouture – en concert, ce qui me renvoie aux Herbiers, espace d’Herbauges, en 1994. Continuer la lecture de « Double miracle »
Jason Lytle (Grandaddy) / Photos : Louis Teyssedou
Ce 26 août 2000, les Californiens de Grandaddy jouent sur une des scènes du festival Pukkelpop. Évidemment, à peine remis de l’avalanche de Queens Of The Stone Age la veille, on se demande bien ce que vaut le groupe. Le constat est rapidement fait : ces gens n’ont pas le physique de leurs chansons… Passons donc notre chemin : un groupe qui a un chanteur qui ressemble à la fois à un bûcheron du Montana et à un skater ne peut rien faire de bon. Terrible erreur.