« Unknown Pleasures » sur la platine de Christophe Basterra, ce matin.
Ce n’est pas un jour à récrire l’histoire. À faire croire que… alors que non, bien sûr, je n’ai pas acheté Unknown Pleasures le jour, ni même l’année de sa sortie. En 1979, j’écoutais le top d’Europe 1 – Making Plans For Nigel était bien classé – et j’avais les deux premiers albums de The Police en cassette, qui tournait en boucle dans mon petit magnétophone portable. C’est même un jour à redire à quel point je préfère le groupe d’après. Mais peu importe.Continuer la lecture de « #unknownpleasures40 (2) »
« Unknown Pleasures » sur la platine de Christophe Basterra, ce matin.
Août 1987, sur le marché de Pise, les pièges à touristes s’accumulent et la tour penche vraiment. Sur les étals, je suis proprement sidéré par le culte voué par les transalpins à Jim Morrison. Badges, drapeaux, ticheurtes, bobs et n’importe quoi, le mausolée érigé aux Doors et à leur chanteur pouet-pouet disparu est partout.
« Now it’s time for a ballad » : le concert court depuis déjà une bonne demi-heure quand Damon Albarn se saisit de sa guitare nylon pour entamer les accords de Ribbons, extrait du dernier album de The Good, The Bad & The Queen. L’ambiance est chaleureuse et décontractée ce soir au Trianon, et la chanson se déroule comme les rubans du titre. Le métier… Seulement, à la fin du morceau, quelque chose se passe : Damon n’est pas satisfait, il nous explique que le concert est filmé, que ces images vont rester « forever and ever », bref il n’est pas content de lui et va rejouer la chanson. Pardon ? Oui. Dont acte. Et c’est reparti pour trois (un peu longues, cette fois) minutes de Ribbons. Difficile après coup de faire la différence. D’accord, la deuxième fois il était peut-être un peu plus dedans, et après ? Le bégaiement a cassé quelque chose, la grâce du moment sans retour possible a laissé place au professionnalisme de l’exécution, un ange est passé et, contre la logique linéaire implacable du temps réel, la chanson a eu lieu deux fois. Laquelle était la bonne ? Continuer la lecture de « The Good, The Bad & The Queen of Pop »
Samedi midi au réveil, c’est déjà l’enterrement de la sardine. C’est lundi alors même que dimanche n’est que demain. Les vestiges de la nuit se font sentir dans ma pauvre cervelle encore alcoolisée… A nouveau, c’est le règne par la terreur. A côté de Christophe Basterra, Daenerys Targaryen, c’est le Mahatma Gandhi. « Salut les jeunes, Bon Xavier, j’ai une mauvaise nouvelle : tu vas te sortir les doigts du cul et écrire un papier sur ta soirée avec Jorge Elbrecht hier. Et nous dire pourquoi c’est un génie. On s’en fout que ce soit décousu. Tu fonces, tu verras après. On attend l’article pour ce soir – sinon, je viens te casser la figure (et t’as vu que parfois, je montais à Paris n’importe quand). » Continuer la lecture de « Jorge Elbrecht, vendredi soir, à Paris »
Dans le précédent épisode de cette série, Christophe me racontait : “J’étais toujours ému de recevoir une lettre d’un fan de Christian Death originaire du Havre ou d’Annecy”. Cette phrase a fait écho en moi, et j’ai décidé de pousser plus loin mes recherches. Je ne connaissais personne au Havre ni à Annecy, mais un complice m’a mis en contact avec Stéphane, originaire de Poitiers. Stéphane qui, pendant plusieurs années, a également pratiqué des échanges de cassette. Aujourd’hui, que lui reste t-il de ces années ? A t-il conservé des cartons de HF-90 ? Et les écoute t-il encore ? Continuer la lecture de « Nos années cassette #2 »
Peut-être le groupe britannique, mais écossais avant tout, à avoir été le plus en phase avec son époque au début des années 90, Teenage Fanclub n’est pas le fruit du hasard, plutôt la congrégation heureuse d’un certain underground écossais. Ses origines, sa formation et sa remarquable continuité temporelle en font, sans objectivité aucune, un point de ralliement permanent, et peut-être bien notre groupe préféré de tous les temps. Le plus grand mystère restant qu’à la longue, cette vieille alliance entre ténacité et effacement volontaire, cette carrière démarrée en trombe ne suit désormais que son propre chemin, entre parcimonie et éclairs de génie. Continuer la lecture de « Teenage Fanclub : la petite histoire »
À flanc d’église, Ménilmontant. On fume devant, on fume dedans, des cigarettes, des vraies. Les bières sont tirées du pack, vite rafraîchies, décapsulées pour 2,50 euros. Chez Eva Pritsky légendaire bar-brocante, 5 rue d’Eupatoria, le concert va commencer. J’inspecte la scène bricolée à même le sol, au centre baroque des objets de bazar : un arbuste de câbles maigres, quelques micros, un clavier Nord pour adultes, un Casio pour enfants, une rutilante guitare demie-caisse mal branchée dans un minuscule ampli-basse, quelques pédales tombées du camion, des jouets… Jean-Daniel Botta gesticule au comptoir face aux indigènes et sourit patiemment à celui-là qui regrette que le concert ne soit pas assuré par le groupe de punk qu’on ne sait pas qui avait promis. Et kurde en plus. Du punk kurde, ça promettait d’être pas mal. Remarque, il a vu la balance, et c’est peut-être bien punk un peu aussi votre machin, qu’il concède. Continuer la lecture de « Léonore Boulanger chez Eva Pritsky »
« Mon père, Conny Plank, révolutionnaire du son » de Stefan Plank et Reto Caduff
Conny Plank dans sa cuisine.
Conny Plank : The potential of noise, traduit en français par Arte sous le titre Mon père, Conny Plank, révolutionnaire du son, est enfin diffusé ce vendredi 3 mai par la chaîne franco-allemande, un an après avoir été présenté en France lors du festival Musical Écran à Bordeaux. De facture assez classique, ce documentaire a été co-réalisé par son fils, Stefan Plank et le suisse Reto Caduff. Une aubaine pour tous ceux qui sont familiers du plus grand producteur musical allemand de l’après-guerre (Giorgio Moroder est italien) comme pour les curieux d’en savoir plus sur cette figure tutélaire pop rock au sens large, hélas disparue en 1987 à l’âge de 47 ans.