Benjamin Dupont avait failli signer chez Captured Tracks avec son projet Bryan’s Magic Tears, mais l’histoire en a décidé autrement, heureusement pour nous. Il fut un temps où le label new-yorkais faisait briller les yeux des amateurs d’indie-pop avec un catalogue proche de la perfection. Les têtes d’affiches s’appelaient Beach Fossils, Wild Nothing, DIIV ou encore Minks. Ce renouveau de la pop à guitare brumeuse fut alors un air frais parcourant l’échine. Depuis, cette dynamique a quelque peu capoté. Captured Tracks s’est diversifié, y perdant beaucoup de sa personnalité et son âme. De son côté, Bryan’s Magic Tears a pris son temps et a construit une discographie impeccable, sur des structures françaises.
Au mini album éponyme de 2016 paru chez l’excellent label underground XVIII Records, a succédé un premier véritable LP, 4AM (2018) chez les fonceurs de Born Bad Records (Star Feminine Band, Pleasure Principle). Vacuum Sealed (2021) revient ainsi dans la même configuration : Benjamin Dupont est toujours soutenu par le label de Romainville. Bryan’s Magic Tears livre ainsi un album compact de dix morceaux et presque autant que tubes. Production impeccable, portée par un mur de guitares, Vacuum Sealed enthousiasmera les plus retords amateurs de rock indé. Le disque est un pur trip, sans aucune nostalgie mal placée, dans l’Angleterre du début des années 90, quand les Stone Roses et les Happy Mondays trustaient les charts avec une cohorte de groupes baggy (The Farm, The Charlatans, The Mock Turtles…) Bryan’s Magic Tears semble ainsi se nourrir de cette substance sans pour autant la vampiriser. En effet, Benjamin Dupont, se garde bien de coller trop près au train de toutes ses formations. Aux breakbeats et autres percussions, il ajoute sa propre sensibilité et son appétence à écrire de vrais hymnes pour danser, boire et tout oublier. Disque fougueux, nerveux, fier, Vacuum Sealed est l’inverse d’un exercice de style zélé et chiant comme de la peinture qui sèche. L’album est une ode à la vie contemporaine. Ici, ça vibre comme le métro parisien, ça bondit, ça vit. La morgue et la foi inébranlable de Bryan’s Magic Tears se pressent à nos oreilles pour arracher notre ralliement. Soyons orgueilleux : c’est un des meilleurs disques à guitares de 2021. Vacuum Sealed donne envie d’y croire à nouveau.
