Début juillet, lorsque notre ami Pascal Blua nous envoyait ce message révélant la première composition d’un jeune artiste de Sheffield qui figurerait sur le tout premier ELP de Studio Electrophonique (dont il avait réalisé la belle pochette), nous n’en sommes pas tout à fait revenus. Jayne nous a littéralement dévastés, et Christophe Basterra a presque instantanément pris la parole, comme c’est le cas quand quelque chose d’aussi important qu’un coup de coeur se produit dans sa vie : « Très vite, on pense au Velvet Underground du troisième album, à Candy Says, à Pale Blue Eyes, et c’est plutôt une bonne chose. Surtout quand un clavier qui sonne comme un orgue vient souligner la mélodie avec une discrétion parfaite. » Avec les six titres de son ELP au compteur, qu’il est venu défendre à Paris au début de l’automne devant une poignée de spectateurs instantanément attachés à ce jeune homme d’une simplicité désarmante, James Leesley nous a convaincus qu’il s’agirait très certainement du début d’une belle histoire. Dans la chronique de son disque, Christophe Basterra disait : « Je n’ai à ce jour aucune idée de quels sont ses disques de chevet. Je sais juste que le sien va devenir l’un des miens. » Voici quelques éléments de réponse, qu’il a accepté de nous livrer dans une mixtape d’une heure, teintée des couleurs pâles de l’hiver, au moment où l’on n’a envie que d’une chose : retrouver un peu de chaleur, d’une façon ou d’une autre. Continuer la lecture de « Mixtape Section26 #6 : Studio Electrophonique »
Chevalier intrépide d’une pop luxuriante et précieusement ourlée, l’homme orchestre Remi Poncet œuvre sous le patronyme de Chevalrex depuis trois albums déjà. Amiral Pop, son dernier EP sorti ces jours-ci, composé de quelques brillants inédits tirés des sessions d’enregistrement d’Anti Slogan (Vietnam / Because, 2018), se situe plus que jamais « entre symphonies de poche, chansons fines, confidences et lyrisme », marquées par de belles mélodies qu’on jurerait labellisées du sceau de Lithium. Pour section26, il s’est attelé à une sélection à son image : sensible, solaire et subtil. Comme le disait un jour Sing Sing (du groupe Arlt) à son sujet : « Un idéal pop entre Boris Vian, Jonathan Richman et Andy Kaufman ».Continuer la lecture de « Mixtape Section26 #5 : Chevalrex »
Il a crapahuté par monts et par vaux, armé de la prunelle de ses yeux : son Hasselblad dont il ne se sépare (presque) jamais, sans compter sur d’autres appareils tout aussi précieux qui en ont certainement vu des vertes et des pas mûres. Richard Bellia a arpenté l’histoire du rock par la face nord à mains nues, le cheveu ébouriffé, l’air hagard, le verbe fleuri, sans se soucier de l’heure qu’il est ni du temps qui passe. Dans Un Œil sur la Musique, étourdissante somme de travail autofinancée en vente sur son site, il rassemble plus de mille photos prises depuis le début des années 80 dans cinq kilos de papier glacé en forme de who’s who du rock moderne, dont il serait bien trop long de lister ici tous les sujets photographiés. S’ils ne représentent que vingt-deux pages dans son livre, The Cure a toujours tenu une place à part dans son monde. Depuis ses premiers clichés à dix-huit ans shootés dans un club en Moselle, Richard a photographié Robert et sa bande tout au long de sa carrière, sans la ramener, avec ce mélange d’aplomb et de respect infini pour ceux qui brillent sur scène. Alors que le groupe vient de se produire à Rock en Seine, Richard Bellia vient d’exposer ses instantanés de The Cure chez Agnès B., rue du Jour à Paris, et commente pour nous dix photos emblématiques de ses quarante ans de bruit et de fureur. Brut de décoffrage. Continuer la lecture de « Richard Bellia et The Cure : « Garder la bonne distance » »
Amour électrique transfrontalier, surf synthétique franco-allemand, garage rock sur 8-pistes fait à la maison, Stereo Total excelle dans tout ça et bien plus encore depuis près de 20 ans. Le tandem – couple à la ville Françoise Cactus et Brezel Göring aiment les machines chinées aux puces et les instruments pour enfants, et leur 12ème album Ah ! Quel Cinéma ! (bandcamp ci-dessous, chez Tapete Records) en est une preuve scintillante de plus, toutes mélodies entêtantes dehors, qu’elles soient traits d’humour ou histoires d’une vie pas toujours rose. Pour nous, pas de longs discours, ils nous ont livré une mixtape dans les règles de l’art, en deux faces, avec des commentaires au micro pour chaque morceau, et une sélection rutilante de leurs morceaux préférés. Ich liebe dich, Stereo Total.
Septième album pour le quintet le plus nerd, le plus addictif sur scène, le plus crossover de la dance music anglaise. Un titre qui sonne comme une messe hippie (A Bath Full Of Ecstasy), et désarme comme toujours par son trop plein d’amour, sa mélancolie euphorique, et son single (Hungry Child) à épingler à la liste des morceaux qu’on chante à tue-tête lors de leurs concerts. En porte-parole, la tête (Alexis Taylor, cette fois-ci décoloré et multi-recoloré), et les jambes (Joe Goddard, implacable machine à danser) nous parlent de synthés vintage, de remise en question, d’innocence neu-neu, de Brexit, et évidemment du talent infini de Philippe Zdar, co-producteur de ce disque sorti hier, le lendemain de sa tragique disparition. Un entretien réalisé il y a quelques semaines à Paris, quelques jours après leur flamboyant concert au Trabendo. Continuer la lecture de « Hot Chip – Le Grand Bain »
Les 30 ans d’un des plus grands labels électroniques
Fondé en 1989 à Sheffield, Warp Records s’est imposé au fil des ans comme l’un des meilleurs labels indépendants au monde, spécialisé dans une electronica exigeante et inventive, mais pas seulement. Petite sélection idéale à l’occasion de leur anniversaire, fêté en grandes pompes avec trois jours de mix non stop, composé en grande partie d’inédits, sur la webradio NTS ce week-end.
Si Philippe Zdar (1967-2019) a débuté sa carrière très tôt dans les studios en tant qu’ingé son, il a largement contribué, avec Etienne de Crécy ou Boom Bass, à forger ce son house défini à Paris au début des 90’s, juste avant la déferlante Daft Punk avec Homework en 97. Tant de morceaux introuvables en streaming… Voici une petite playlist concentrée sur cet aspect de sa production entre 1993 et 1996, soit celle de Motorbass, quelques temps avant Cassius et en parallèle à ses productions downtempo sous le nom de La Funk Mob.