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Walk like The Clash and sing like The Supremes

La trop brève histoire des Redskins, fers de lance des skins de gauche anglais.

The Redskins / Photo : theredskins.co.uk
The Redskins / Photo : theredskins.co.uk

Je n’arrive plus à me souvenir de la première fois que j’ai entendu The Redskins. Je pense qu’il s’agissait de leur titre Unionize sur une compilation des Peel Sessions par Bernard Lenoir. Mais cela me semble un peu tardif. J’étais allé, encore lycéen, à un concert de SOS Racisme place de la Bastille en 1986, où le groupe s’était produit. Je n’en garde toutefois aucune trace dans ma carte mémoire. Je vous parle d’une époque sans Internet, sans la moindre chance que ce style de musique passe sur la FM ou les grandes ondes (si ce n’est Radio Libertaire, et je n’y mettrais pas ma main à couper). Quant à trouver leur unique album, à part peut-être chez New Rose du côté de Saint-Michel ou à la Danceteria à Cardinal Lemoine (et je ne parle pas des 45 tours), la quête demandait une âme de stakhanoviste impénitent. D’ailleurs, impossible de comprendre comment, ou par quel miracle, leur Peel Sessions – on y revient – a fini dans ma collection personnelle.

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Madness, prince du ska, roi de la pop par Christophe Conte

Madness / Photo : DR
Madness / Photo : DR

Suggs (Graham McPherson de son vrai nom) pose un 45 tours grésillant qui balance Baggy Trousers, version très Tom Waits du Ska Two Tone, et titre emblématique qui condense l’esprit de Madness sur leur second album Absolutely, sorti en 1980. Il esquisse quelques pas de danse, de ceux qu’il a popularisés sur scène ou dans leurs clips à la Monty Python, puis s’arrête, grimaçant, mimant un genou douloureux, avant de s’en aller, l’air satisfait de son espièglerie. Une façon burlesque de souligner qu’il a conscience de son âge, du passé qu’il incarne, et que la nostalgie n’empêche pas l’autodérision. Le documentaire de Christophe Conte est rempli de ces petits moments qui trahissent la difficulté, pour ces gloires nationales So British, de se prendre totalement au sérieux — y compris sur le plan artistique. Pourtant, ils sont immenses. Continuer la lecture de « Madness, prince du ska, roi de la pop par Christophe Conte »

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Les héros du peuple sont immortels, Stéphane Oiry (Dargaud)

La BD française commence – enfin – à s’intéresser un peu au punk. À son histoire. À sa légende. À son héritage. Nous avons déjà eu droit, l’an dernier, à Vivre libre ou mourir, roman graphique en guise de testament consacré au legs des années Bérurier Noir. Stéphane Oiry ausculte la bête avec un regard plus précis. À l’instar de la prosopographie – ces historiens qui se sont mis, par exemple dans Le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, à raconter des vies plutôt que des époques ou des mouvements –, Stéphane Oiry, au crayon et au dialogue, nous raconte un destin singulier, tragique, unique, ignoré de notre rock tricolore : Gilles Bertin, chanteur de Camera Silens, mythique groupe bordelais, aussi vénéré que sa discographie se révèle restreinte. La nostalgie n’interdit certes pas la lucidité. Continuer la lecture de « Les héros du peuple sont immortels, Stéphane Oiry (Dargaud) »

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Jouir pour lutter

La Philharmonie de Paris consacre une exposition au Disco, mouvement au cœur des revendications d’alors jusqu’à aujourd’hui.

Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein
Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein

Le disco recèle un étrange paradoxe. Ce style, assis chronologiquement entre l’épanouissement grand public de la soul afro-américaine et l’explosion de la House, s’avère toujours autant apprécié, surtout les soirs de nouvel an, que totalement méconnu. C’est d’ailleurs sur cette étrange réalité que les maitres d’œuvres de l’exposition (les commissaires Jean-Yves Leloup, Patrick Thévenin et Marion Challier, accompagnés de Dimitri from Paris pour le décorum vinylesque et l’expertise discographique) ont insisté lors de la présentation auprès de la presse. Sa signification politique et sociale, son hédonisme militant, notamment chez les minorités afro-américaines et LGBTQIA+, se confond avec un certain doute, voire dédain, envers sa signification et sa profondeur artistique. Continuer la lecture de « Jouir pour lutter »

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La Rata, Give it to me ! (Flammarion)

Nous avons ainsi connu la vague des Histoire populaire de… Celle des États-Unis par Howard Zinn ou du football par Mickaël Correia. Et nous connaissons depuis longtemps les scribes méticuleux du patrimoine musical, qu’il s’appelle Nick Toshes ou Peter Guralnick. A chaque fois, il s’agit d’éclairer des aspects de notre héritage commun en portant le regard ou en donnant la voix aux perdants ou aux perdantes. Half of the story never been that’s never been told, chantait le jamaïcain Dennis Brown. Retracer la place des femmes dans la musique populaire ne se limite donc pas à rendre justice à telle Dj minorée au sein de la scène électro ou fournir l’occasion de sortir de belles rééditions sur des artistes ou groupes tombés dans l’oubli, y compris à l’ère de YouTube et Deezer. Continuer la lecture de « La Rata, Give it to me ! (Flammarion) »

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DJ Mehdi dans la légende

DJ Mehdi / Photo via arte.tv
DJ Mehdi / Photo via arte.tv

Si la France sait produire de grands documentaires, la culture populaire est rarement concernée. Encore moins des courants récents comme le Hip-Hop ou l’électro, si ce n’est sur le mode auto-promotionnel, sans parler des émissions sur la TNT pour combler la grille du samedi soir. L’hexagone semble penser que l’histoire s’est arrêtée dans les années 70 pour la musique. Il ne sait pas comment honorer les légendes qui sortent du crédo chanson ou variété. Nous ignorons mêmes souvent qu’elles existent. Continuer la lecture de « DJ Mehdi dans la légende »

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Pour l’interdiction des reformations de groupes

Photo : instagram Oasis
Photo : instagram Oasis

« Oasis  : les frères Gallagher alimentent la  rumeur d’une reformation du groupe. » Même Le Monde s’est fendu d’un article en ligne. La presse anglaise, de son côté, en a fait ses gros titres. Le retour quasi-messianique du groupe de Manchester s’apparente déjà à une campagne de promo bien huilée. Les réseaux sociaux ont amplifié, y compris dans l’indignation, le tsunami provoqué par l’annonce d’une date énigmatique, pour l’instant apocryphe. Emmanuel Macron aurait du leur demander conseil pour l’annonce de son prochain ministre. Continuer la lecture de « Pour l’interdiction des reformations de groupes »

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Le don du disque

Photo : Nicolas Kssis-Martov
Photo : Nicolas Kssis-Martov

Question sacrilège, peut-on donner ses disques ? Ou plutôt les vinyles que nous avons offerts n’ont-ils finalement pas autant d’importance, voire davantage, y compris dans notre collection, que ceux qui passent encore sur notre MK II ? Certes, arriver à un certain âge ou un âge certain, les 33 tours alignés bien serrés dans les étagères Kallax blanches racontent forcément nos vies. Nous sommes de ces égarés qui n’ont pas réussi à marcher droit sans ces béquilles grésillant sous le diamant de la tête de lecture. Le véritable collectionneur ne devrait pouvoir s’en séparer pour rien au monde. Continuer la lecture de « Le don du disque »