Cinquième album de Mark Lanegan, Bubblegum (2004) est une rupture dans la discographie de l’ex-Screaming Trees. La carrière solo de Mark Lanegan commença au final comme un accident. Enregistrant des reprises avec Kurt Cobain et Kris Novoselic, Lanegan sortit en catimini en 1990 The Winding Sheet grâce à une avance de Sub Pop. Ce disque est sec comme un coup de trique et décharné à l’extrême. Mais sans s’en rendre compte, Mark Lanegan venait de débuter une nouvelle carrière avec évidemment de nouveaux ennuis. L’enregistrement du disque suivant, Whiskey for the Holy Ghost (1994), dura des années et fut un cauchemar pour le label ainsi que pour les ingénieurs du son qui osaient s’approcher de la console. Sur ce disque, comme sur les trois suivants, Lanegan traçait sa voie bordée par les ombres de Jeffrey Lee Pierce et de Johnny Cash. Ce dernier, séduit par l’âme noire de ce grand échalas, lui proposa d’ouvrir pour lui lors d’une de ses tournées américaines. Johnny Cash, le Gun Club… Toutes ces références vont être mises en arrière plan avec Bubblegum. Lanegan casse son jouet (une habitude) pour se créer une nouvelle identité. Continuer la lecture de « Mark Lanegan, Bubblegum XX (2004, rééd. Beggars Arkive) »
Auteur : Louis Teyssedou
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Brigitte Calls Me Baby, The Future Is Our Way Out (ATO Records / PIAS)
Brigitte Calls Me Baby ont-ils la capacité de séduire le fan lambda de rock alternatif américain ? La réponse est évidemment oui. Le déhanché de Wes Leavins et les refrains devraient rapidement faire leur petit effet. Concernant les fans européens, les scribes de la RPM canal historique et les fanatiques de Morrissey, la réponse est quant à elle beaucoup moins sûre. Une rapide écoute pourrait ranger le disque entre le premier Menswear et une compilation de Gene. Il faut pourtant laisser sa chance au produit. Et se la jouer à l’américaine en ne connaissant aucun groupe de la deuxième division d’honneur anglaise des années 90 tout en faisant l’impasse sur les débuts de la carrière du Moz. Continuer la lecture de « Brigitte Calls Me Baby, The Future Is Our Way Out (ATO Records / PIAS) »
Catégories chronique nouveauté
Johnny Cash, Songwriter (Universal)
Et bien celui-là, on ne l’avait pas vu venir… Retrouvées de manière inopinée par son fils John Carter Cash, une dizaine de démos de Johnny Cash refont aujourd’hui surface et composent le disque posthume Songwriter. Sont-elles d’un meilleur niveau que les chansons de The Mystery of Life, son « dernier disque » avant l’ère Rick Rubin ? La réponse est affirmative. Sont-elles d’un meilleur niveau que les chansons d’American Recordings publiées le 26 avril 1994 ? La réponse est négative. Continuer la lecture de « Johnny Cash, Songwriter (Universal) »
Catégories chronique réédition
Velocity Girl, UltraCopacetic – Copacetic Remixed and Expanded (Sub Pop)
Il faut savoir raison garder : les bonnes intentions ne font pas toujours les meilleurs disques ni les meilleures rééditions. Sub Pop annonce la réédition de Copacetic, le premier album des Velocity Girl qui, comme leur nom l’indique, étaient plus fans de Primal Scream que de groupes américains.
Publié en 1993, le premier album de ce groupe originaire de Washington DC est passé sous les radars de la presse européenne. Et… c’est tout à fait normal. Sorti la même année que Rid Of Me d’une certaine Pj Harvey ou que Debut de Bjork, Copacetic n’avait aucune chance de prendre l’ascendant sur la concurrence. Continuer la lecture de « Velocity Girl, UltraCopacetic – Copacetic Remixed and Expanded (Sub Pop) »
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Pete Droge, le jeune premier

Pete Droge vient de sortir un single, Lonely Mama, qui a tout le potentiel pour séduire les amis de Neil Young et les amoureux des premiers disques de Damien Jurado. Le single possède évidemment une édition vinyle et on peut, en se promenant sur le net, découvrir une version live qui a été filmée il y a quelques mois. Elle révèle un fringant garçon avec une silhouette très Neil Young chanter ses chansons en toute simplicité. Cette version a été travaillée avec Martin Feveyear, qui travaillait aux côtés de Mark Lanegan lors de sa carrière solo. Feveyear a notamment enregistré, mixé et joué sur les albums I’ll take care of you et Field Songs. Ces deux disques étant les meilleurs de l’ex-Screaming Trees, on est de plus en plus intrigué par ce Pete Droge, d’autant plus qu’il a signé avec le label de Mike McCready, photographe et surtout guitariste de Pearl Jam. Voilà qui commence à faire beaucoup pour un seul homme… Continuer la lecture de « Pete Droge, le jeune premier »
Catégories mardi oldie
Eugenius, Mary Queen of Scots (August Records, 1994)
Dans la série « groupe sensationnel qui ne rencontre pas de succès et qui disparaît sans prévenir », Eugenius tient le meilleur épisode. Ayant pour premier fan Kurt Cobain, sonnant bien mieux que Pearl Jam (à la même époque), possédant une palanquée de bonnes chansons, Eugenius avait tout pour réussir. Le public en décida autrement et préféra s’infliger des groupes peu recommandables. Trente ans après sa sortie, l’ultime disque des Eugenius sonne merveilleusement bien et laisse toujours pantois. Comment les fans de Swell, d’Husker Dü et de Nirvana ont-ils pu passer à côté d’un tel groupe ?
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Catégories borne d'écoute
Les portraits sepia de John Canning Yates

En 2004, John Canning Yates embarquait ses Ella Guru dans ses obsessions musicales avec The First Album. Publié chez Banana Recordings (où l’on a aussi pu écouter Art Brut), l’album empruntait des chemins balisés par la lumière qui émanent des disques de Low et de Lambchop. Il y a vingt ans, Liverpool écoutait Magic and Medicine des Coral, Manchester attendait un nouveau miracle dans la boutique Oasis et Sheffield ne s’était pas remise de la tornade Pulp. Ella Guru a publié un disque et est reparti discrètement. Depuis ? Silence radio. Violette Records (responsables de disques notables signés Michael Head, Studio Electrophonique ou The Reed Conservation Society), qui fait fi de la mode des radios FM, a écouté son instinct et permet aujourd’hui à John Canning Yates de faire son retour. Et quel retour. Continuer la lecture de « Les portraits sepia de John Canning Yates »
Catégories chronique nouveauté
Ed Harcourt, El Magnifico (Deathless Recordings)
Ed Harcourt est le dernier grand romantique. On le savait déjà, mais il nous le confirme avec ce nouvel album au titre évocateur, El Magnifico. Enregistré dans sa maison et dans une église, ce disque nous ramène à la grande époque de cet éternel jeune premier. Alors que le monde s’enflammait pour les Strokes (à juste titre) et pour le premier disque des Libertines (ce qui se discute), Ed Harcourt campait sur ses positions en s’enfermant avec un Death In Vegas et Gil Norton pour faire se rencontrer les disques de Radiohead et les débuts d’Elton John sur son premier album. Continuer la lecture de « Ed Harcourt, El Magnifico (Deathless Recordings) »