Il faut croire que l’on a besoin d’un peu de paix. De silence. C’est peut-être l’époque qui veut ça. Une lourde fatigue greffée à l’échine, filant des envie d’ailleurs où s’étendre de tout son saoul pour oublier la pulsation des artères. Regardez-nous, explorateurs immobiles, ballotés au vent aléatoire des suggestions YouTube, tombant amoureux en cascade d’un obscur disque dédié aux plantes vertes, nous perdant par paquets de mille dans sa douceur analogique au point de la faire revenir des morts (immense Plantasia de Mort Garson, réédité en vinyle ce mois-ci chez Sacred Bones). Continuer la lecture de « Peter Davison, Glide (Avocado Records, 1981) »
Auteur : Émilien Villeroy
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Stephen Malkmus, Groove Denied (Matador)
Une proposition musicale insensée. Un truc tellement fou que les grands pontes de Matador avaient jugé que le public n’était pas prêt pour ça. Ah ça, on nous en avait promis des choses de ce Groove Denied. Un album solo électronique de Stephen Malkmus. Mais derrière le charme de l’oxymore se cache finalement une piteuse collection de chansons usées où les moindres pas de côté, aussi hideux soient-ils, semblent être excusés invariablement par un bon vieux retour au bercail. Et plutôt qu’un équivalent au McCartney II, formidable disque mal foutu mais joueur, c’est plutôt face à un McCartney I que l’on se retrouve : le projet vaniteux et inutile d’un type se parlant tout seul pendant une demi-heure en étant persuadé que le monde y trouvera un intérêt. Continuer la lecture de « Stephen Malkmus, Groove Denied (Matador) »
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Machine Girl – The Ugly Art (Kitty On Fire)
Monolithe effréné d’ultraviolence ultrasensible, The Ugly Art est le plus pur et le plus nécessaire précipité de rage punk post-moderne que pouvait sécréter un monde comme le nôtre en 2018, paysage dévasté aux horizons aussi laids que putréfiés, foutant la haine à chacune de ses circonvolutions débiles. Un disque infiniment furieux envers absolument tout, montrant les dents et écumant sa bile électronique pendant près d’une intense heure de digital hardcore buté et crâneur. Continuer la lecture de « Machine Girl – The Ugly Art (Kitty On Fire) »
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Black Dresses – WASTEISOLATION (autoproduit)
Comparée aux vapeurs d’une pop music pataugeant trop souvent dans de prudentes pissotières tièdes où les sentiments tirent à blanc, impossible de ne pas être violemment saisi à la gorge par l’urgence vitale qui déborde de WASTEISOLATION, le premier album monolithique de Black Dresses. Continuer la lecture de « Black Dresses – WASTEISOLATION (autoproduit) »
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Grouper, Grid of Points (Kranky)
Du diptyque A I A en 2011 jusqu’aux siamois Dragging A Dead Deer Up A Hill et The Man Who Died In His Boat, la discographie de Grouper semble peuplée de disques jumeaux et de doubles fantomatiques qui se seraient perdus dans les ténèbres. Ils se confondent, se répondent et se dissolvent pour ne former qu’un seul et unique sentiment flou et tendre. Un rayon parfait, droit et infini, fruit d’un songwriting dont les multiples humeurs en miroir ne font que mettre en lumière son inaltérable constance et sa désarmante pureté mélodique. Continuer la lecture de « Grouper, Grid of Points (Kranky) »
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The Caretaker, Everywhere at the End of Time, Stage 4 (History Always Favors The Winner)
Il n’y a aucun plaisir à tirer de cet album. Aucune joie. Aucun contentement. Il n’y a rien à y faire, rien à y vivre, si ce n’est y errer sans but dans la tempête. Un très mauvais moment à passer seul, les yeux flasques et la gueule ouverte, pour mieux subir l’irrespirable odeur de décomposition qui s’en dégage. Dans le noir, évidemment. Qui voudrait contaminer le soleil d’un tel poison ? Continuer la lecture de « The Caretaker, Everywhere at the End of Time, Stage 4 (History Always Favors The Winner) »
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The Garden, Mirror Might Steal Your Charm (Epitaph)
Qu’il fasse sortir de votre bouche sèche un soupir de contentement ou une nausée incontrôlable, impossible d’enlever au troisième album de The Garden, Mirror Might Steal Your Charm, son étourdissante propension à provoquer des réactions aussi épidermiques qu’imprévisibles. Depuis haha en 2015 et la poignée de singles et EP’s qui l’ont suivi (dont le toujours délicieux Call This # Now en 2016), les frères jumeaux Wyatt et Fletcher Shears semblent avoir perfectionné leur punk oblique et quasi-aléatoire pour en faire aujourd’hui la plus excitante démonstration d’un rock en négation, crachant de l’idée tordue par hectolitres, à des lieues de la lente décomposition d’un certain indie rock aux guitares papiers-peints tricotant de l’accord bossa-nova sous péridurale. Continuer la lecture de « The Garden, Mirror Might Steal Your Charm (Epitaph) »
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The Caretaker, Everywhere At The End of Time – Part 1, 2, 3 (History Always Favors The Winner)
Rares sont les occasions de pouvoir assister en direct à la disparition programmée d’une œuvre, d’un artiste, d’un monde. C’est pourtant à cela que s’attèle méticuleusement Leyland James Kirby depuis l’année dernière pour mettre un terme à son projet The Caretaker, qu’il mène en solitaire depuis près de deux décennies.
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