Auteur : Tom Gagnaire
Catégories borne d'écoute
Broadcast : Never Ending Love
Dans le dossier consacré à Broadcast dans le n° d’octobre 2009 du magazine The Wire, James Cargill et Trish Keenan annonçaient que le prochain album de Broadcast était prêt au trois quarts mais qu’il ne pourrait être finalisé qu’après une tournée de concerts en Australie. En janvier 2011, Trish Keenan était emporté par une pneumonie au retour de cette tournée. On ne s’est jamais remis de cette disparition. Il a fallu du temps avant de pouvoir réécouter les disques. Le 28 septembre dernier, jour de l’anniversaire de Trish Keenan, James Cargill a posté la pochette de Spell Blanket, une collection de démos et de chansons inachevées issues des archives sur mini-disk de Trish, comprenant les chansons de l’album prêt au trois quarts, à paraître courant 2024. Continuer la lecture de « Broadcast : Never Ending Love »
Catégories borne d'écoute
Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop)
« On laisse derrière nous des traces de sang et des morts.
On vous embrasse tendrement «
La météore Weyes Blood revient illuminer notre automne d’une chanson et d’un clip pourtant bien sombre et douloureux. Dans les ténèbres, les cœurs s’embrasent nous dit le titre de son prochain album, And In The Darkness, Hearts Aglow à paraître en novembre chez Sub Pop, second volet d’une trilogie commencée avec Titanic Rising en 2019. It’s Not Just Me, It’s Everybody est une ballade chamber-pop construite sur un simple riff de batterie-piano tournant ad libitum, la voix de Weyes Blood/Natalie Mering fait progresser les harmoniques sur des nappes de cordes et de synthés , des flutiaux raveliens, des chœurs évoquant le We Have All The Time In The World de My Bloody Valentine, et l’envoûtement est d’une force irrésistible. On se repasse le morceau encore et encore, y découvrant des détails à chaque fois, et notre rythme interne ne bat plus qu’à ce tempo si doux, si tranquille. En espérant que l’album entier soit tenu par cette note d’une absolue mélancolie. Continuer la lecture de « Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop) »
Catégories hommage
In Memoriam, Trish Keenan : « Ominous Cloud » (Demo, 2003)
Though you said goodbye
You did not leave my mindCatégories hommage
In Memoriam, Trish Keenan : Distant Call (Demo, 2000)
Plus de dix ans ont passé déjà depuis ce terrible 14 janvier 2011 et Trish Keenan nous manque toujours autant. Il est fascinant de constater à quel point, à chaque chanson, que son compagnon James Cargill a l’émouvante attention de nous adresser, à elle et à nous, par les voies de l’internet, pour ses anniversaires, révèle un peu mieux la dimension ésotérique de l’œuvre de la poétesse de Birmingham. Distant Call, Where Are You ?, Tunnel View apparaissent comme autant de psalmodies médiumniques où Trish vivante semble communiquer, inconsciemment, avec son elle-même dans l’au-delà. Comme si des voix lui commandaient d’écrire ces chansons. Cette version demo de la magnifique Distant Call, enregistrée sur bande, chantée et jouée à la guitare sèche par Trish paraît surgir de la nuit des temps. Et c’est bien ce que semble avoir toujours recherché Broadcast : jouer une musique alchimique et intemporelle, spirite et fantomatique, comme jouée par des esprits ayant pris possession des corps de simples mortels. Et l’ironie morbide du sort semble avoir rendue grâce à ce projet dont on se demande parfois dans quelle mesure il relevait sérieusement du domaine de l’occulte ou si c’était un ensemble de hasards enchevêtrés, liés aux inspirations artistiques qui donnent à cette œuvre son caractère si durablement intriguant. Trish Keenan et James Cargill ont baigné dans les séries fantastiques anglaises, les films de la Hammer et The Wicker Man, de Robin Hardy, les livres de Poe, de Lewis Carroll ou de Vítězslav Nezval, et il est singulier que des influences aussi équivoques aient marqué la musique d’un groupe, leur faisant dépasser le simple statut de groupe pop. Broadcast nous a apporté plus que d’élégantes chansons, par eux notre regard sur les choses et les œuvres a changé, à travers leurs disques, leurs mixtapes ou leurs vidéos, ils nous auront fait découvrir des musiques de films tchèques oubliés signées Luboš Fišer, Zdeněk Liška ou Alexeï Rybnikov, aimer autant Bernard Parmegiani que United States of America, Ennio Morricone et The Springfield Rifle… Peu de groupes pop vous cultivent. Les relations entre le hasard, la magie noire, et les sources culturelles dans lesquelles baignaient Trish et ses camarades des West Midlands et du Worcestershire nous intrigueront encore longtemps.
Catégories cover
Kinrisu et Charles Virot reprennent « Oh My Love » de John Lennon (inédit)
Les confinements se suivent et se ressemblent, à quelques modalités près, et c’est peut-être une aubaine pour la prolixité de Charles Virot (dont on a pu entendre le tonitruant et complexe son de basse dans Clara Clara, et le clavier bien tempéré au sein de Vika Orline), qui continue d’envoyer, avec une belle régularité, des nouvelles sur son compte Soundcloud. Des pistes expérimentales âpres et épurées, des improvisations à la basse ou au synthé, des reprises inopinées, et des chansons aux canevas subtils, souvent bouleversantes, où affleure le désenchantement le plus implacable, que Charles écrit, ou improvise aussi parfois (L’air gelé notamment). Continuer la lecture de « Kinrisu et Charles Virot reprennent « Oh My Love » de John Lennon (inédit) »
Catégories cover
Vika Orline reprend « Des Heures Hindoues » d’Étienne Daho (inédit)
Vika Orline, ce n’est pas un groupe de death-metal finlandais mais au départ un duo dionyso-lyonnais composé d’Arnaud Raquin (Marie Marie Cells) à la guitare et Charles Virot (Clara Clara) au clavier, très vite rejoints par François Virot (Clara Clara, Réveille, et lui-même) à la batterie et Franck Testut à la basse. Sur leur premier album Tu fais partie des humains, on alterne les compositions : tantôt Arnaud écrit et chante sa chanson, tantôt c’est Charles. Chacun sa patte pour exprimer un désenchantement partagé, « Vika Orline est un être à deux têtes qui n’en fait qu’à la sienne. Il avance calmement en regardant dans plusieurs directions, jouant avec ses bras des compos pop sucrées-salées à la française, éclairées aux lueurs des incendies de son temps. Double vision, pour un même horizon. Faire au plus simple, au plus direct, pour s’incruster dans les têtes. Ils nous offrent leur reprise Des heures hindoues, d’Étienne Daho, retour aux sources pour Arnaud, fan du Saint Étienne depuis tout petit : « Enfant, j’aimais déjà beaucoup ce morceau. Ces paroles ont toujours fait écho « même si ne je suis rien, si je suis personne… » Tout le monde devrait se dire ça le matin et se le répéter comme un mantra, nous sommes tous des grains de poussière. »
Catégories chronique nouveauté
Le Chevalier de Rinchy, Espace Reggae Révolution (Le Vilain Chien)
Sorti en janvier dernier sur Le Vilain Chien, il n’est jamais trop tard pour parler de ce classique immédiat et intemporel qu’est Espace Reggae Révolution, le second album du Chevalier de Rinchy, faisant suite à Mes Plus Belles Chansons d’Amour, paru en 2007. Entre les deux, il y a eu également le CD-R aujourd’hui introuvable Jingles, Interludes et Dimanche Minuit (2009), rassemblant nombre de jingles que Guillaume a dû composer quand il travaillait pour la publicité (il a aussi été acteur dans certaines d’entre elles). Ce nouveau disque du Chevalier propose ici vingt titres au cœur d’une trilogie impossible : l’espace, le reggae et la révolution. Vingt titres qui prennent le temps de s’étirer davantage que sur le précédent, car on y trouve cette fois des chansons quasi entières, avec des couplets, des intros, des ponts, et des refrains. Continuer la lecture de « Le Chevalier de Rinchy, Espace Reggae Révolution (Le Vilain Chien) »