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The For Carnation, st (Touch And Go / Domino, 2000)

The For Carnation

Comment s’y remet-on ? Comment reprendre la main quand on nous a bien fait comprendre qu’on avait fait mieux que les autres ? Qu’on avait potentiellement et absolument tout dit.

Ça n’a pas du être simple d’être Brian McMahan après 1991, après la dissolution de son groupe, Slint, et la sortie (posthume donc) de Spiderland, disque immense sur lequel j’ai à peu près tout dit ici. La légende voudrait qu’avant même la fin de l’enregistrement McMahan soit parti, on l’a dit pudiquement, « en maison de repos ». Puis ait repris soit ses études, soit une vie « normale ». C’est impossible. Alpagué par son vieux compère Will Oldham, il commencera par s’y remettre dans la première formation des Palace, faux frères mais vrais amis. Pas forcement le pied à l’étrier mais un peu poussé au derche par le succès persistant de son grand œuvre et la suggestion, suite à l’édition d’un faux nouvel Ep de Slint (les deux morceaux datent en fait d’avant l’enregistrement de Tweez, premier album lui aussi récemment réédité de la formation de Louisville, Kentucky) par Touch And Go, de donner suite, il reprend contact avec les autres. Mais ça ne pourra jamais s’appeler Slint, ce sera donc The For Carnation (parfois sans The, parfois sans eux), qui sort finalement un premier Ep, Fight Songs, en 1995 chez Matador. Continuer la lecture de « The For Carnation, st (Touch And Go / Domino, 2000) »

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« Mogwai, If The Stars had a Sound » de Anthony Crook (2024)

« Mogwai, If The Stars had a Sound » de Anthony Crook (2024)
« Mogwai, If The Stars had a Sound » de Anthony Crook (2024)

Dans la série nous nous sommes tant aimés, il est vrai que le cas Mogwai nous tracasse au moins autant que les gens en pleine extase attentiste quant au nouvel album de The Cure. Car sur une durée moyenne mais aucunement reniée, Mogwai fut non seulement un de nos groupes préférés mais aussi le meilleur groupe du monde et surtout le plus bruyant quand ils s’en donnaient les moyens. Malchance infâme d’une date inoubliable au Café de la Danse (déjà…) qui venait simplement d’appliquer la loi. Pas plus de 108 dB, la législation gauloise était formelle mais pour un groupe alors en pleine ascension — et dont la capacité de jonglage niveau quiet/loud fascinait et annihilait alors plusieurs efforts historiques (mbv à l’Olympia, Killing Joke aux balances, Yo La Tengo deux jours de suite devant le Twin Reverb d’Ira) au meurtre de mes tympans — elle ne coulait pas de source. Ces petites batailles du bruit, orions et ramponneaux de visu, faisaient acte de résistance. J’ai d’ailleurs encore ce fameux ticheurte du Ché (t’as la double ref ?) orné du slogan Scottish Guitar Army. J’ai vraiment une histoire particulière avec ce groupe que j’ai peut-être aimé plus que de raison. Continuer la lecture de « « Mogwai, If The Stars had a Sound » de Anthony Crook (2024) »

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Redd Kross, Phaseshifter, (This Way Up/Mercury, 1993)

Redd Kross, PhaseshifterLaissez-moi vous parler d’un temps que les moins de trente-cinq ans ne peuvent pas franchement se représenter. Un temps où UN SEUL disque pouvait rester introuvable assez longtemps. Une époque, bénie ou non, où le combustible d’un FANtasme pouvait rester à vif à rougeoyer assez longtemps. Un temps où la quête était probablement plus importante que son objet. Et l’objet, le grand secret, en l’occurrence ce n’est pas ce disque mais bien le précédent album de Redd Kross, Third Eye, paru chez Atlantic (une major, un comble) en 1990. On a eu beau faire quelques belles maraudes (en France, dans l’espace Schengen, en région et au Royaume Uni), impossible de mettre la main sur Third Eye, le disque d’un groupe qui alors, dans notre petit cercle d’initiés, jouit d’une encore plus grande renommée cool que, au hasard, les Beastie Boys. C’est rigoureusement exagéré (les rappeurs du Bronx n’ont pas vraiment encore tout à fait regagné leurs galons dans la sphère indie) mais ça vous donne une assez belle idée du charisme rétrospectif et toutefois intact de Redd Kross. Bisque bisque rage mais pas si grave, au niveau CEE (les îles britanniques y sont encore) nous avons The Pooh Sticks sous la main, un groupe gallois excessif qui prône également un retour glamour aux bonnes vieilles valeurs du, lâchons les chiens, classic rock. Comme chez les Américains, le détournement et l’ironie ne se départissent jamais d’un respect profond et inaltérable. Continuer la lecture de « Redd Kross, Phaseshifter, (This Way Up/Mercury, 1993) »

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Aerial M, The Peel Sessions (Drag City)

Aerial M The Peel Sessions Drag CityEn écoutant d’une oreille volontairement inattentive cette Peel Session de David Pajo enregistrée en mars 1998 et parue enfin ces jours-ci avec une pochette respectant à dessein la charte graphique assez problématique du label Strange Fruit qui en publia une palanquée au mitan des années 80*, l’on s’aperçoit que l’inattention préalable ne peut pas être de mise bien longtemps. Par l’amitié brisée par balle auto-infligée d’un ami parti il y a 5 ans déjà. Et qui était fan de Slint à un niveau expert. Où que tu sois mon vieux Jac, ce disque t’aurait plu sous toutes ses coutures et j’aurais tant aimé me réjouir de cette petite mais assez dense demi-heure en ta compagnie. D’autre part, parce que Pajo y règle un certain nombre de comptes avec son passé avant de commettre un (autre) très grand disque sous le nom de Papa M, Whatever Mortal (2001). Et qu’à la jonction des deux, il arrive également à se joindre temporairement à ses anciens collègues Brian McMahan et Britt Walford sous bannière The For Carnation. Continuer la lecture de « Aerial M, The Peel Sessions (Drag City) »

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Shellac, To All Trains (Touch And Go)

Shellac, To All Trains (Touch And Go)On pourrait faire comme si rien ne s’était passé et écouter ce nouvel album de Shellac avec les oreilles éperdues du fan en souffrance depuis la parution de Dude Incredible en 2014. Mais la souffrance, l’autre, celle du deuil compliqué est bien là. Steve Albini nous a quittés très brusquement il y a quelques jours. Alors l’expérience sera forcément perturbante. Et c’est là que la puissance du surnaturel prend décidément un tour exceptionnel. NON, Steve Albini n’est PAS mort, il joue de la guitare à côté de vous avec Todd Trainer et Bob Weston. Et To All Trains déchire comme à l’entraînement, celui de ce fight club, nihiliste mais joyeux dont on a rarement rechigné à payer la carte d’adhésion. Continuer la lecture de « Shellac, To All Trains (Touch And Go) »

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Nico, The Marble Index (Elektra, 1968)

Nico, The Marble IndexC’est un calvaire, un Golgotha, un disque qu’il vaut mieux avoir sur la table qu’à l’esprit. Ce qu’un John Cale coupable en sourdine mais à peine, avait pris comme justificatif d’une déroute marchande annoncée.

« The Marble Index is an artefact, not a commodity.
You Can’t Sell Suicide. »

Cette image quand même, grand résumé parfait et moqueur de cette adolescence, la nôtre en adoration devant la figure d’un suicidé et la lente, patiente, archéologie de fait qui telle une enquête fantastique de Lovecraft nous ferait tracer les lignes de la connaissance rétrospective entre les Doors, l’incalculable Velvet Underground, et les inestimables Kraftwerk,  puis Can, trois groupes qui ont eu beaucoup de mal à descendre de l’ignoble piédestal où nous les avons placés pour l’éternité au nom de notre idolâtrie puérile mais toujours vivace pour Joy Division.

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Pan American & Kramer, Reverberations Of Traffic on Redding Road (Shimmy-Disc)

Pan American & Kramer, Reverberations Of Traffic On Redding Road (Shimmy-Disc)La plaie infestée du monde récent grouille de vers immondes. La saloperie la plus vile s’immisce partout, ça fait longtemps. Mais elle se cache de moins en moins. Avant les barricades, la nausée ultime ou plus vraisemblablement un suicide collectif, un sursaut illusoire, un peu de recul.

Le silence. Solution / Négation.

Les deux individus qui sévissent ici en sont grandement coutumiers. Gloire à eux, au plus haut des cieux. D’un côté Mark Nelson, sylphidre ambassadeur d’une contusion neigeuse chez Labradford, puis plus exotique en solitaire sous bannière Pan American. Puis récemment Anjou, vin de Loire qui a ses qualités. De l’autre Kramer, qui en dehors d’un CV de butor agrégeant les saintes écritures de notre grand monde parallèle en tant que producteur, restera aussi et surtout comme l’homme, qui, l’air de rien ou presque, amena un groupe de pop perverse qui s’ignorait encore (Galaxie 500, pour ne pas les nommer) vers un Everest de l’espace dans la dilution sonique. Continuer la lecture de « Pan American & Kramer, Reverberations Of Traffic on Redding Road (Shimmy-Disc) »

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The Jesus And Mary Chain, Glasgow Eyes (Fuzz Club)

Il était grand temps de s’en rendre compte, malgré leur classicisme avoué, les frères Reid n’ont jamais trop été à la traine d’une certaine modernité. Si les saillies de soudards de Psychocandy définissent aujourd’hui un continent entier avec ses réussites (le seul plot MBV fera à lui seul une assez belle guerre coloniale) et ses aberrations, soit tout ce qui en découle depuis le nouveau siècle, peu ou prou, les plus rétrogrades étant paradoxalement les moins couillons. En 1986, alors que le monde faisait mine ou semblent de découvrir que le hip hop et le binaire n’étaient pas forcement antinomiques (Walk This Way), les deux têtes de mort prenaient des notes, utilisant déjà, quand nécessité faisait loi, la beat box sur Darklands et allaient recracher la leçon façon foutre et ciment sur l’excellent Sidewalking (1988) puis tenter, en pure perte (vraiment ?) de faire un clin d’œil glorieux mais tardif à Public Enemy avec Reverence (1992). Continuer la lecture de « The Jesus And Mary Chain, Glasgow Eyes (Fuzz Club) »