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Les blagues qui tuent d’Amen Dunes

Amen Dunes / Photo : Michael Schmelling
Amen Dunes / Photo : Michael Schmelling

L’outsider et voyageur américain Damon McMahon revient avec son septième album Death Jokes à paraître chez Sub Pop Records en mai prochain. Avec l’envie de se dépasser et de sortir de sa zone de confort, celle où il à toujours su bricoler de magnifiques chansons avec la volonté de peu de moyens. Purple Land est une chanson en trois temps, qui débute comme un simple morceau pop et migre en essai où il apprivoise le synthétiseur, la boîte à rythmes et les superpositions de sons. En retrait, une guitare et une basse en clôture pour mieux nous laisser envoûter par sa voix qui illustre les fragilités de la vie dans ses paroles. Continuer la lecture de « Les blagues qui tuent d’Amen Dunes »

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Lael Neale : « Je ne veux pas que l’on puisse dater mes chansons »

Lael Neale / Photo : Alain Bibal
Lael Neale / Photo : Alain Bibal

Après une période de remise en question artistique de presque six années, Lael Neale semble avoir trouvé la formule lui accordant une liberté musicale croissante avec pour éléments de base son Omnichord et un enregistreur cassette. Avec Star Eaters Delight, elle confirme son statut d’ovni musical. Moins dépouillé que le précédent, l’album dévoile une palette plus riche et plus agressive. Entre le passé et le présent, Lael Neal crée une atmosphère unique qui, bien qu’efficace sur disque, prend toute son ampleur sur scène grâce à une présence magnétique et des interprétations dont la puissance et la conviction bénéficient d’un son moins lo-fi. C’est d’ailleurs lors de son passage à La Boule Noire à Paris que Lael nous a accueilli dans sa loge. Loin d’être la personne timide que l’on pourrait imaginer, c’est une femme sûre d’elle, heureuse d’avoir enfin trouvé sa voie qui nous raconte en détail le chemin parcouru pour arriver à la reconnaissance critique et publique de son travail, mais aussi de ses envies pour le futur. Continuer la lecture de « Lael Neale : « Je ne veux pas que l’on puisse dater mes chansons » »

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The Vaselines, Enter the Vaselines (Sub Pop/PIAS)

Alors que que les activistes de la boutique de disques de Glasgow, Monorail, menés par le toujours pertinent Stephen Pastel, lancent une collection baptisée The Glasgow School (les plus érudits d’entre nous se souviennent alors du disque compilant les brillants balbutiements d’Orange Juice publié par Domino) avec une nouvelle compilation de The Vaselines chez Sub Pop, voyons ce qu’Étienne Greib pouvait bien dire du tandem écossais en 2009 dans notre bien-aimée maison mère, la RPM. Continuer la lecture de « The Vaselines, Enter the Vaselines (Sub Pop/PIAS) »

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Sweeping Promises : « Il y a toute une histoire alternative du post-punk dans laquelle nous aimerions nous inscrire »

Sweeping Promises
Sweeping Promises / Photo : Shawn Brackbill

Il est des groupes qui vous explosent au visage comme une précieuse révélation, vous rappelant pourquoi et comment tout a commencé dans votre cœur. Mi-2020, les Américains de Sweeping Promises sortent en pleine pandémie Hunger For A Way Out, une délicieuse claque dans le marasme ambiant, explosion cathartique de post-punk chauffé à blanc, enregistré avec un seul micro, mais mille idées plein la tête. Trois ans plus tard et malgré une signature chez Sub Pop, le groupe laisse tous ses curseurs dans le rouge avec Good Living Is Coming For You, un deuxième album plus fort, plus sombre, plus éclectique, mais qui garde tout de leur fantastique idiosyncrasie : une production monolithique qui sonne comme la plus glorieuse cassette audio jamais entendue, un songwriting punk acéré qui vient se diffracter sur des plans new wave pleins de groove, et la voix de Lira Mondal, pur tremblement de terre pop. Le tout en s’inspirant du seul post-punk qui compte, si rare aujourd’hui, celui des débuts, qui crisse et réinvente le monde avec une audace ingénue et inspirante, et dont Sweeping Promises sont de glorieux descendants. En échangeant avec Lira Mondal (basse et chant) et Caufield Schnug (guitare et batterie), c’est le portrait d’un duo inséparable qui se dessine, deux artistes s’inspirant mutuellement et ayant une vision commune et singulière de la musique qu’ils veulent créer, dans une indépendance indéboulonnable et inspirante. Continuer la lecture de « Sweeping Promises : « Il y a toute une histoire alternative du post-punk dans laquelle nous aimerions nous inscrire » »

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Pernice Brothers, Overcome By Happiness (Sub Pop / New West Records, 1998)

Pernice Brothers, Overcome By HappinessC’est d’abord l’histoire de deux frères qui grandissent à Holbrook, dans le Massachusetts. Le plus grand, Bob et son cadet de six ans, Joe, qui tente d’abord de se glisser dans les traces de ses enthousiasmes musicaux partagés, puis, à l’adolescence, d’épater son aîné, celui qui a touché sa première guitare à l’âge de cinq ans et qui a déjà posé un pied dans le monde des adultes, en élaborant ses premières chansons – quelques pastiches d’abord, inspirés des tubes du moment entendus à la radio. D’autres suivent, au début des années 1990. Le cadet est doué, incontestablement, et cela commence à s’entendre avec ses groupes. The Scuds qui deviennent ensuite Scud Mountain Boys. Comme quelques autres à la même époque, ils redécouvrent les vertus simples d’une écriture country traditionnelle qu’ils tentent, parfois de façon un peu pataude, de transformer en tremplin vers la modernité. Continuer la lecture de « Pernice Brothers, Overcome By Happiness (Sub Pop / New West Records, 1998) »

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Lael Neale, Star Eaters Delight (Sub Pop)

Lael NealeNombreux sont les artistes qui, après avoir réalisé un ou deux albums remarquables, ne tiennent pas la distance et, abandonnés par l’inspiration, perdent leur magie, tombant dans la banalité. Lael Neale semble avoir suivi le chemin inverse. Alors qu’en 2015, l’Américaine avait signé un premier disque pop-folk honnête mais trop conventionnel à mon goût, sa rencontre avec le producteur Guy Blakeslee, six ans plus tard, avait été salvatrice. De cette première collaboration était né l’album Acquainted with Night, signé chez Sub Pop, disque dont la texture sonore et les arrangements avaient donné à la musique de la Californienne d’adoption une identité esthétique nettement plus intéressante. Continuer la lecture de « Lael Neale, Star Eaters Delight (Sub Pop) »

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Shannon Lay, Covers Vol. 1 (Sub Pop)

Covers Vol. 1 Shannon LayGémir n’est pas de mise aux Marquises.

Découvrir ces mots de Brel à l’orée de l’adolescence donnait le vertige, déjà, alors même que la gangue de jugement que l’on pouvait avoir pour un temps fermée autour de ses disques, de sa figure, parce qu’il s’agissait toujours de trier afin de s’y retrouver, et de se trouver si possible, n’était plus de mise. Si Scott Walker et David Bowie reprenaient Brel, ça pouvait signifier ceci : Brel était, et est, important, et les totems vivent.

Il y avait leçon, qui servira pour la suite : sous notre nez ne s’agite pas autre chose que de bonnes chansons. Dont, donc, Les Marquises et cet énoncé vertigineux, coupant une brume de pizzicati, de ce qui échappe pourtant aux mots mais que l’on peut dessiner ainsi : enlevez tout, rien ne manque. Le jour s’écoule au cœur de l’océan, et les vagues suffisent, arbres, rochers, amitiés, amours, un peu de souffle. Gémir n’est pas de mise aux Marquises. Continuer la lecture de « Shannon Lay, Covers Vol. 1 (Sub Pop) »

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Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop)

Naima BockEn voilà un qui a pointé le bout de son nez à la dérobée : on cuisinait, ce qui occupe la plupart du temps, et un algorithme d’après-disque a glissé la chanson Working, et malgré un timbre de voix, un calme, une atmosphère, un composé de discrétion, on s’est regardé frappé d’évidence, on a lancé la première plage d’un disque – écouté deux fois à sa sortie d’une oreille très certainement très distraite –, on a plongé sans délai, et depuis Naima Bock et son premier album Giant Palm enchantent le début d’année.

Et le meilleur : ce disque aurait trente ou quarante ans au lieu d’un, on le trouverait aussi formidable. Continuer la lecture de « Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop) »