Aujourd’hui, partons à l’autre bout du monde, quelque part dans la mer de Tasman aux confins du Pacifique. Ce mystérieux pays gagne régulièrement la coupe du monde de rugby à notre détriment. Nous sommes à Auckland, la plus grande ville de Nouvelle Zélande à la découverte de The Beths. Si nous connaissons historiquement la scène du Dunedin Sound (The Bats, The Verlaines, The Chills, The Clean etc.), finalement assez peu de groupes actuels nous parviennent. En plus de The Beths, mentionnons tout de même, ces vingt dernières années, les D4, Datsuns, Unknown Mortal Orchestra et les excellents Salad Boys (Trouble In mind). Continuer la lecture de « The Beths, Straight Line Was A Lie (Anti-) »
Catégories hommage
Soft Cell, beauté osée

Soft Cell, au casque, en arpentant à grandes enjambées la nuit un peu morne d’une ville un peu fade. La rue se voudrait moderne et fun, cool, insouciste, égoissive et jouissante. A cet instant, abandonnée au ressac sans fards de sa réalité revenue avec la nuit, elle n’est que le décor parfait de cette expérience urbaine presque pure, en tous cas intense.
Chorégraphiés par le pulse idéal de machines motownisées avec autant de talent que d’amour, mes pas parcourent la série de fantaisies synthphoniques cruciales qui déploient en moi, une nouvelle fois, leur électricité lyrique, leurs synthèses romantiques. Continuer la lecture de « Soft Cell, beauté osée »
Catégories chronique nouveauté
Alex G, Headlights (RCA Records)

Deux mois, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour digérer le nouvel album de celui dont je pensais ne jamais pouvoir être déçue ; car je crois que c’est de la déception que j’ai ressentie cet été en écoutant le reste de Headlights. Les singles parus les semaines précédentes – Afterlife et June Guitar en particulier – m’avaient fait l’effet habituel lorsqu’il s’agit d’Alex G : déroutants d’abord, puis obsédants ensuite. Mandoline, banjo, accordéon, le folklore organique de Rocket (2017) était là, les effets de voix et autres bizarreries de House of Sugar (2019) ou God Save the Animals (2022) aussi, le tout dans une énergie accrocheuse.
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Catégories sunday archive
Playlist : Tous les chemins mènent à Saint Etienne

Je l’ai déjà maintes fois dit / écrit / crié : Saint Etienne reste pour moi l’incarnation même de l’une des plus grandes injustices de l’histoire de la pop – moderne ou pas –, en particulier dans nos contrées, où leurs disques ont le plus souvent été accueillis dans une indifférence polie (oui, même le fameux Saint Etienne Daho de 1995) alors que sincèrement, ces gens-là ont écrit plus de singles que tous leurs contemporains réunis. Surtout, ils ont aussi mené leur barque comme ils auraient voulu que leurs groupes ou artistes favoris mènent la leur. Alors, ils ont laissé certaines de leurs compositions entre les mains d’artistes dont ils étaient fans, renoué avec les traditions de singles de Noël et des compilations offertes aux membres du club de fans ; ils ont continué d’imaginer des structures épatantes pour produire des groupes chers à leur cœur (Icerink, Royal Mint, Emidisc), composé pour (ou remixé) d’autres, offert des chansons à des petits labels le temps de 45 tours vinyle précieux – à une époque où le mot même de « vinyle » était banni. Alors voilà, plutôt que de résumer tout cela en décalquant l’une des compilations consacrées à ce trajet exceptionnel (mention spéciale pour London Conversations), j’ai préféré piocher parmi ces titres qui font d’ordinaire le bonheur des collectionneurs. Pour mieux illustrer, non sans une pointe de prétention, le talent de Bob Stanley, Pete Wiggs et Sarah Cracknell, responsables de la bande originale rêvée de tous ceux qui pensent qu’une seule chanson peut changer le cours d’une vie.
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Catégories interview
Saint Etienne, le dernier disque du reste de leur vie

C’est toujours la même histoire depuis quelque temps déjà… Se souvenir de la première fois. De la première fois où l’on a découvert tel groupe, tel disque, telle chanson. Parfois, ledit souvenir est clair, limpide et ramène à un lieu, un jour tellement précis qu’on a l’impression de pouvoir revivre l’instant. Parfois, il a été comme effacé de la mémoire, sans raison particulièrement valable. Et sans doute encore moins valable lorsqu’il s’agit de Saint Etienne, tant c’est l’un des groupes qui a beaucoup compté dans ma vie professionnelle (les années Mushroom, les premières piges pour Rock & Folk, la naissance de la RPM) et la vie privée (nous y reviendrons – enfin, peut-être), tant il a accompagné la dernière décennie du XXe siècle presque au quotidien et les premières années du XXIe siècle sur un rythme presque identique. Continuer la lecture de « Saint Etienne, le dernier disque du reste de leur vie »
Catégories selectorama
Selectorama : Robert Scott (The Bats)

Avec Corner Coming Up, somptueux nouvel album de The Bats – en rupture de stock le jour même de sa sortie -, Robert Scott confirme qu’il est bien ce diamant brut dont le passage du temps n’aura jamais terni l’éclat. Bien rare sont les musiciens qui, comme lui, peuvent se targuer d’avoir été membre de deux groupes majeurs, quand il est déjà assez glorieux d’avoir pu l’être d’un seul. Car avant d’assurer dès 1982 le chant, la guitare rythmique et la composition au sein de The Bats, l’ami Robert était déjà depuis 1980 le bassiste des mirifiques The Clean, qu’on pourrait sans exagération qualifier de Velvet Underground néo-zélandais, tant par leur lien de parenté esthétique avec le groupe de Lou Reed que par leur influence sur toute la luxuriante scène néo-zélandaise regroupée autour du label Flying Nun, mais aussi sur la scène indie mondiale.
Nouveau : Le selectorama est en écoute en podcast ci-dessous !
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Catégories Chronique en léger différé
Bandit Voyage & Milla Pluton, Millacore (Cheptel Records)
Quand on écrit sur un disque, on commence généralement par parler du label, de l’historique, tout ça — c’est l’usage, ça marche, c’est bien. En l’occurrence, ce serait cependant mentir un peu : je ne connaissais ni Milla Pluton, ni Bandit Voyage, ni même Cheptel Records. Et puisque nous sommes à l’heure des confidences, j’avais à peine entendu parler de la Suisse, où vit tout ce monde. Ah si ! Je sais qu’un certain nombre de Françaises et Français traversent cette frontière chaque jour, quitte à se foutre dans des bouchons interminables – infirmières, contrôleuse de gestion, vendeur en prêt à porter, universitaire… j’en passe, et des meilleurs. C’est donc plutôt par hasard que je suis tombé sur cet album, en fouillant les goûts de je-ne-sais-qui sur last.fm — vous savez, ce site aujourd’hui très démodé qui enregistre, compte toutes vos écoutes. J’ai tout de suite trouvé ça superbe et, une vingtaine d’écoutes plus tard, je suis encore du même avis. Continuer la lecture de « Bandit Voyage & Milla Pluton, Millacore (Cheptel Records) »
Catégories interview, mardi oldie
Pet Shop Boys, Behaviour (Parlophone, 1990) : la frasque et la plume
Tout est parti d’une conversation impromptue, à la sortie d’un concert au printemps dernier, avec le coordinateur de ces pages, qui regrettait l’absence d’article sur les Pet Shop Boys dans les colonnes de Section26, alors que beaucoup de ses contributeurs sont fans du duo. J’ai alors réalisé que l’année 2025 coïncidait avec le trente-cinquième anniversaire de la sortie de Behaviour, un album vraiment à part dans la discographie désormais pléthorique de Neil Tennant et Chris Lowe, pourvoyeurs depuis maintenant quatre décennies d’une électro-pop aussi sensible qu’efficace, où mélodies accrocheuses et textes mélancoliques entrent en symbiose avec une élégance rare.
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