The Men, Drift (Sacred Bones)

The MenMaybe I’m Crazy”, martèle Mark Perro, leader des frénétiques The Men, sur le titre d’ouverture de Drift. Le spectre de The Soft Moon est là : nous sommes bien chez Sacred Bones Records, la maison-mère. En 2016, après cinq albums sur le label new-yorkais (au rythme d’un par an entre 2010 et 2014), le groupe s’auto-produit et enregistre en un week-end l’abrasif Devil Music, une régression punk-rock DIY, semblable à une vieille maquette exhumée du grenier. Il ne s’agissait que d’une incartade : Drift, par son éclectisme, s’inscrit dans la lignée du chaleureux Open Your Heart (2012).  When I Held You In My Arms est un lambinage feutré, animé par un clavier dont les tonalités blues nous feraient presque regretter les Black Keys. Même les chœurs sont là. Ce même clavier nous entraîne ensuite dans une ronde krautrock, troublée par un saxophone no-wave (Secret Light) : The Men respecte le cahier des charges et n’enchaîne toujours pas trois titres mélodieux d’affilée. Le lumineux Roses On Top of The World, tout comme les envolées d’harmonica du mélancolique So High, rappellent les balades folk de Black Rebel Motorcycle Club, période Howl. Si The Men puise dans les classiques – notamment en invoquant The Doors à plusieurs reprises (Secret Light, Final Payer) –, interruptions punks (Killed Someone) et excursions atmosphériques (Come To Me) ne manquent pas de nous rappeler à qui l’on a affaire : des esprits éveillés préférant suivre l’inspiration là où elle les mène plutôt que de se soucier de l’harmonie douillette du résultat final. N’est-ce finalement pas cela, le punk ?

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