Le Disquaire Day se profile dans quelques jours, l’occasion d’aller traîner du coté du Point Éphémère pour faire ses emplettes chez les maisons de disques indépendantes hexagonales. Parmi les nombreux noms (Howlin Banana, Buddy Records, Le Turc Mécanique, Third Coming Records), un label jamais évoqué ici : Gone With The Weed. À travers des K7, 45 tours ou flexi, Erika et Émile ont construit un catalogue passionnant traçant des parallèles entre diverses scènes à travers le monde (Australie, France, États-Unis).
La chronique récente d’Accident parue dans ces pages fut également un prétexte pour évoquer des blogs devenus labels. Nous aurions tort de négliger l’apport culturel de ces sites, bricolés sur des plateformes de publication comme blogger ou wordpress. Ces symboles des années deux-mille ont en effet marqué, par leur ouverture et leur curiosité, un paysage journalistique peut-être un poil conservateur. Comme le fanzine précédemment (et à nouveau?), toute une génération de rédacteurs, critiques, passeurs et autres pigistes s’est formée dans ces médias à forme libre, largement personnelle. Certains des plus doués sont passés du coté de la presse traditionnelle et y ont amené leur spontanéité, d’autres ont, quant à eux, choisi de prolonger l’expérience sur d’autres supports. Continuer la lecture de « Simon Clair, Lizzy Mercier Descloux, Une Eclipse (Playlist Society) »
Le nom d’Infinite Bisous circule entre initiés, et tel un mot de passe, il ouvre sur un univers inconnu aux limites pas encore éprouvées. Embrasser la musique de Rory McCarthy, le jeune homme derrière ce projet, est presque en soi déjà une forme de victoire tant le Britannique installé à Paris refuse le jeu de la promotion pour offrir sa musique à ceux qui la désirent sincèrement et feront l’effort de la chercher plutôt que de la recevoir. À l’inverse de la passivité d’écouter une playlist créé par quelques algorithmes fort avisés, Infinite Bisous, dans un geste romantique, lance une bouteille à la mer et met en téléchargement libre sur le site du label/collectif Tasty Morsels ses albums. Continuer la lecture de « Infinite Bisous, Period (Tasty Morsels) »
Accident n’avait pas donné suite à son premier essai publié en 2010. Huit ans plus tard, les cousins Jérémy Monteiro et Laurent Maudoux lui assurent enfin une suite à travers un Dernier Voyage. L’EP est publié par un nouveau label issu, comme quelques autres du terreau fertile de l’indépendance française, d’un très bon blog : Little John’s Pop Life.
December Square : l’association des deux termes est suffisamment imprégnée de résonances poétiques pour que chacun y projette librement ses propres interprétations. Pour y reconnaître, par exemple – on ne se refait pas – le titre d’une des plus belles chansons de Teenage Fanclub qui, en 1991, célébrait avec une mélancolie étincelante ce mois si particulier – December– où la nostalgie de l’année qui s’achève croise fugacement les promesses des temps à venir. En créant cette nouvelle maison de musique, comme ils se plaisent eux-mêmes à la désigner, Pascal Blua, graphiste émérite, et Pierre Welsh, chanteur du groupe Oaks, ont bel et bien initié une aventure à la confluence du présent et du passé. Une tentative passionnée pour préserver et diffuser, à l’abri des modes, l’originalité exigeante de nouvelles créations musicales, artisanales et indépendantes. C’est ce que l’on pouvait découvrir vendredi dernier sur la scène du Zèbre de Belleville où se sont produits les deux premiers artistes à honorer cette année de leur présence ce gîte conçu à leur intention. Emmanuel Tellier y a interprété la belle collection de chansons qui accompagne son documentaire consacré à La Disparition d’Everett Ruess, ce jeune artiste et aventurier Américain dont les traces se sont perdues dans le désert de l’Utah en 1934. Venu de Brimingham pour célébrer l’occasion, Matthew Edwards, autre songwriter au style empreint de classe et de sobriété, a présenté quelques-unes des compositions d’un troisième disque attendu avec impatience pour le début du mois d’avril, tout comme Orouni, dont le nouvel album Partitions devrait sortir ce même mois chez December Square. Pour rendre compte de cette belle soirée, un portfolio signé Jean-Fabien, que l’on retrouvera de temps en temps dans nos pages.
Il y a quatre ans, Marion Brunetto postait Adélaïde, une démo, sur soundcloud. Requin Chagrin, le nom du projet est choisi un peu dans la précipitation. Il dessine pourtant en filigrane les contradictions inhérentes entre le succès et la délicatesse des chansons de Marion. La trajectoire de Requin Chagrin marque en effet par sa singularité : après avoir publié le morceau sur la plateforme d’écoute et envoyé le lien à Laurent Bajon de La Souterraine, il s’en suit un crépitement médiatique aussi fascinant qu’inédit. Continuer la lecture de « Requin Chagrin, Sémaphore (KMS Disques) »
Le tweet m’a été adressé le 28 février 2013 – ou peut-être le 1er Mars. Le compte venait d’être créé et l’utilisateur n’avait pas pris la peine de mettre une photo de profil. “Lorsque j’ai appris la mort de Daniel Darc, j’ai tout de suite pensé au concert où nous étions allés”.
Nous, c’est elle et moi. Une aventure de courte durée — dont je me souviens très bien car, une fois n’est pas coutume, c’est moi qui y avais mis terme (au retour de mon périple australien, pour ceux qui suivent). Nous ne nous sommes jamais revus – mais j’ai appris après cette (re)prise de contact éphémère qu’elle était sociologue et chercheuse au CNRS.