Inscrit au fronton de cette ouverte maison, probablement parce que régulièrement vilipendé et ne cessant de grimper au hit-parade des maux du siècle, l’entre-soi a tôt fait d’irriguer les champs du rock et de la pop, principalement pour s’avérer le ferment d’honorables chansons plutôt que céder à la tentation du repli communautariste. Exercice d’admiration, tribut payé aux aînés, influence revendiquée ou béquille bien pratique, ces name-dropping songs ont ratissé large, au point que sous la plume de Nick Toshes le contingent des laissés pour compte ou des oubliés a eu droit au titre de Unsung Heroes of Rock’n’Roll. Dylan a pratiqué l’hommage plus souvent qu’à son tour (Song To Woody, Blind Willie McTell) avant d’être honoré par Bowie (Song for Bob Dylan), lequel à dû se contenter d’Isabelle Adjani. Sans balayer ces deux icônes, ni faire l’impasse sur d’autres (Syd Barrett, Brian Wilson, les Ramones, ou bien sûr les Beatles sont parmi les champions les plus souvent cités), on s’autorisera à arpenter nos territoires de prédilection, à organiser des numéros de duettistes ou à tirer sur la ficelle du marabout, quitte à évincer à regret d’obscurs ferrailleurs ou des comètes négligées. Ainsi Glenn Tipton, guitariste de Judas Priest, ou Bobby Jameson, respectivement chantés par Mark Kozelek et Ariel Pink, n’ont, vous m’en voyez marri, pas passé le cut. Il y en a d’autres, à foison, et on ne parle ici que de chansons où le nom de l’artiste ou du groupe apparait dans le titre. Sans compter mes oublis fortuits, que vous vous ferez fort de réparer.
Étiquette : Lieu : Monde
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Dance to the Music #6 : Electro-Funk
En 1982 sort Planet Rock d’Afrika Bambataa & The Soul Sonic Force. Le morceau est une onde de choc dans les clubs et sur les radios. À mi-chemin entre le hip hop naissant et la dance music, portée par une irrésistible TR-808 et son kick surpuissant, le titre propulse un nouveau genre sur le devant de la scène : l’electro-funk, aussi appelé electro-boogie ou electro. Si le style est relativement éphémère, son influence sur la techno et le hip hop en fait un jalon essentiel de la musique contemporaine, un trait d’union entre l’Europe et les Etats Unis, les block-parties et les clubs, la musique noire et blanche. Continuer la lecture de « Dance to the Music #6 : Electro-Funk »
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SECTION26 NEWS#5 : 05.2020
Les messages dans les boites à courriels reviennent petit à petit, le monde se réveille endolori, ankylosé mais ébloui par le soleil. Ce mois-ci, notre playlist revêt de nouveaux attributs. Le player jukebox (appelez ça comme vous voulez) commenté par notre équipée sauvage dans l’article ci-dessous ; et une version mixtape juste au-dessus de ce texte, puisque le confinement a prouvé que vous aimiez ce format où l’on pousse nonchalamment sur play à l’heure de l’apéritif. Nous rajouterons également des liens pour la consulter sur des plateformes de streaming, si vous nous le demandez gentiment. En attendant, voici nos 26 mini coups de cœur de ce joli mois de mai, avec tous les liens bandcamp des artistes et albums pour bien vous perdre dans les méandres de la toile. Enjoy. Continuer la lecture de « SECTION26 NEWS#5 : 05.2020 »
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Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club
Parce que j’ai toujours voulu être Margot Tenenbaum, son carré blond parfait retenu par une simple barrette, sa micro-robe sous son manteau de fourrure, écrivaine qui pleure dans sa baignoire avec une classe folle. Parce qu’il s’agit d’histoires de familles compliquées et que pour moi aussi, la famille, c’est compliqué. Parce que j’aime retrouver à chaque film cette troupe d’acteurs, ces visages que je connais bien, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait ceux des autres. Parce que cette fidélité aux comédiens, le réalisateur la voue aussi à ses compositeurs, Mark Mothersbaugh et Alexandre Desplat, qu’il convoque de film en film. Parce que toutes les chansons figurant au générique démontrent le goût sûr d’un gars sûr, d’ailleurs l’élégance du mec, excusez-moi du peu. Parce que c’est un cinéma dans lequel tous les adultes sont des enfants à qui les enfants montrent le chemin à suivre. Parce que j’ai beaucoup lu Roald Dahl et que je ne m’en lasserai jamais. Parce que c’est un cinéma très écrit et dans lequel l’écrit tient une place essentielle, partout des livres, des notes manuscrites, des lettres, des messages codés, des chapitres et une histoire romanesque. Parce que la voix de Georges Clooney quand il dit autre chose que What else ? Parce que j’ai eu un labrador pendant 14 ans et que j’adore les chiens. Parce que j’ai toujours rêvé de déambuler dans les couloirs d’un palace, où des grooms en tenue à boutons dorés m’accompagneraient dans l’ascenseur et où il y aurait des coffre-forts cachés avec des trésors dedans. Parce que j’ai toujours été un peu amoureuse de Jason Schwartzman. Parce que mes enfants rient aux éclats quand Tilda Swinton déclare : Action Sociale, j’écoute. Parce que ces deux gamins sur la plage, lui avec sa toque en raton-laveur et elle qui transporte son mange-disque dans une valise, s’embrassent pour la première fois avant de se déhancher sur Le Temps de L’Amour. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #1 : Wes Anderson Fan Club »
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Transmission#37 – Trippin’ With The Birds
Trippin’ With The Birds
Emission du 3 mai 2020
Présentée par Thomas Schwoerer avec la participation de Fritz Witt-Schwoerer, sur une playlist élaborée par Pauline Nunez.
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Catégories mixtape
I like 2 Stay Home#52 : Qu’est ce que sera demain?
Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
Well, big scoop : demain ne sera pas différent d’hier. Les luttes et les combats auront certainement plus de raison d’exister encore. En ces quelques semaines, nous avons sans doute, le temps d’une introspection fugace, pu réfléchir à notre sort, fantasmer notre avenir, le souhaiter meilleur. Parfois été déçu de ne pas avoir réalisé plus de choses. Demain, nous retrouverons le même pas de porte, la même station de bus, les mêmes collègues, amis et famille. Certains d’entre eux dans une détresse sociale empirée par la crise. Nous ne sommes pas là pour souligner ces choses-là, mais pour espérer que celles qui vous sont chères, qui nous sont chères, perdurent sans trop de peine. Ecoutez ceux que vous aimez, soyez curieux, privilégiez l’indépendance et l’audace. Ce sera votre façon de rendre les choses plus supportables, et peut-être même plus belles. Continuer la lecture de « I like 2 Stay Home#52 : Qu’est ce que sera demain? »
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I Like 2 Stay Home #47 : Broadcasted Vol.2, Chidren Of Broadcast
Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
Comme l’a magnifiquement illustré Anna HB dans le premier volume de cette sélection de chansons, Broadcast était un groupe de passeurs. L’un des plus beaux du genre et celui qui, au-delà de la musique, a infusé le plus profondément ses goûts cinématographiques et a irrigué notre imaginaire de ses rêveries. Il n’est pas étonnant que ce groupe de passeurs se trouve à son tour « passé ». Depuis quelques années, on voit chaque mois de nouveaux groupes (explicitement ou tacitement) porter l’héritage de Broadcast – à moins que ce ne soit simplement dans notre esprit que se produise cette association. Bien sûr, Broadcast restera un groupe unique et parfois, on reproche avec amertume (et injustement ?) aux descendants de ne pas être l’original… Voici donc l’occasion de nous racheter en rendant hommage à ces groupes qui font revivre à leur manière une certaine idée de la musique, celle qui fait naître des images avec des sons, des songes avec des instruments et où le réél se mêle à l’artifice : « Movies For Ears » comme dit l’amie Ela Orleans.
– Xavier Mazure
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I Like 2 Stay Home #45 : Moderato silencio
Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.
Ils ne sont pas là pour les funérailles du poète parce qu’ils sont célèbres, mais « parce qu’ils sont mes amis » dit Cocteau au générique de son Testament d’Orphée (1959). Disons-le ici : Jeanette, Karina, les Gibb, Hepburn, Jobim… ils sont mes amis. Alors certes, ils sont célèbres mais qu’importe ?
Cocteau toujours : pour ses vraies-fausses funérailles, autour de lui, personne d’autres que les tziganes pour pleurer le poète. Ceux-là même qui plus tôt l’accueillaient dans le monde des nôtres : homme-cheval et feu follet de la photo de Cégeste, imprécations et flamenco nuptiale ou funéraire, célébrant une vérité ancienne que les nomades conservent sur la terre. Le vieux cinéaste, qui en est à sa dernière excentricité, sait la chose très bien : cinéma donc feu donc épreuve de la joie fugace et crépitante — enregistrement = mort.
Le poète n’a qu’une famille : les nomades. Il n’a qu’une amitié : les sons les plus anciens, les plus triviaux, les plus impurs, la musique populaire. On dit ici populaire en son sens vrai : pas le genre Spotify, mais bien le plus vieux creuset de l’humanité, le son de la voix. Celle-ci qui fut enregistrée et dont vint la déraison, la passion, l’excitation, la mort. Enfance de l’art dit Godard du cinéma. Enfance de l’art dirons-nous pour la pop. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #45 : Moderato silencio »