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Porteuse d’eau

Anne Sylvestre
Anne Sylvestre, mars 1963.

Celle qui a chanté, deux ans avant la loi Veil, l’absence de mots pour dire la chair, avait un nom. Le nom des bois et des choses sauvages. Elle avait aussi un nez « trop » grand, une frange « trop » longue et portait de larges robes afghanes. Elle était de celles qui refusent le jeu de la séduction et la soumission aux codes masculins. Elle était aussi une des premières autrices-compositrices-interprètes dans un paysage essentiellement moustachu. Éduquée au maniement de la voile, au respect des éléments, timide mais tenace, Anne Sylvestre écrivait pour les gens qui écoutent leur cœur se balancer au rythme de leurs sensations, de leurs émotions. Elle composait pour ceux qui comprennent les bruits infimes des grelots, elle était une femme, amoureuse, désirante, gémissante, ensorceleuse, une femme qui cherche un mur pour pleurer et finalement une mère fabuleuse. Continuer la lecture de « Porteuse d’eau »

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Irmão Victor – Désordre et progrès

Irmão Victor
Irmão Victor

Il y a deux ans environ, on avait découvert Irmão Victor à l’occasion de la publication par le label toulousain Pop Superette d’un premier bilan compilatoire de ses cinq premières années d’activisme musical. Enregistré en partie en France et publié fin novembre, Mariposario confirme – et amplifie même – toutes les sensations les plus déroutantes déjà éprouvées lors de cette première rencontre mémorable avec les œuvres très singulières de Marco Benvegnu, le jeune songwriter brésilien qui demeure seul maître à bord de ce projet. Une pop séduisante et biscornue, où les mélodies limpides s’entremêlent aux stridences psychédéliques pour composer de petites vignettes sonores surréalistes. Rentré au pays natal après son escapade hexagonale, Benvegnu a consenti à lever quelques-uns des épais mystères qui entourent encore ses créations. Continuer la lecture de « Irmão Victor – Désordre et progrès »

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Renz, Les sapins de la nuit (autoproduction)

“L’ambiance? Quelle ambiance? Y’avait plus d’ambiance au bout d’une heure… Le mystère? La magie? On s ‘engueule presqu’à chaque fois, et en général, il pleut. Pas toujours? Ah bon. C’était quand? J’ai aucun souvenir.”

Évidemment, nos routes ne cessent de se croiser depuis presque vingt ans maintenant à Strasbourg. On a travaillé pour le même label, joué dans des groupes ensemble et on exerce la même profession, à la même médiathèque, dans le même département, Musique & Cinéma. On se connaît pas mal, je crois. Comment en serait-il autrement ? Après ça, est-il possible d’avoir une distance nécessaire pour porter ne serait-ce qu’un avis éclairé sur ce qu’il enregistre ? Pas vraiment. Mais on s’en fiche. Continuer la lecture de « Renz, Les sapins de la nuit (autoproduction) »

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Renard Empaillé reprend “All I Want For Christmas Is You” de Mariah Carey (inédit)

Renard Empaillé est une formation essonnienne dont on ne sait que peu de choses, mais que certain.es ont vus en première partie de concerts relativement sportifs. En cette soirée placée sous le signe de la nativité, ils célèbrent Noël à leur manière, avec cette cover de la scie saisonnière la plus poncée du village, l’inusable All I Want For Christmas Is You de la diva Mariah Carey, produite par le hitmaker Walter Afanasieff en 1994. Ici pas d’eau de rose, pas d’histoire d’amour impossible pendant les fêtes, pas de chéri.e retenu.e à l’aéroport mais simplement un réveillon qui dégénérait en prise d’acide collective.

Fait notable en cette période de cadeaux, ils viennent de sortir une cassette six titres chez Buddy Records disponible ici sur leur Bandcamp.

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Arnaud Choutet, Soft Rock – Yacht Vibes & California Grooves (Le Mot Et Le Reste)

Soft RockCe que j’ai toujours préféré chez Patrick Bateman, c’est le critique musical. J’ai, bien sûr, conservé de mon unique – et très lointaine – tentative de lecture intégrale d’American Psycho quelques souvenirs marquants et horrifiés des turpitudes yuppo-sado de son anti-héros. Mais, bloc W.C nappé au chocolat et rongeurs mis à part, ce sont encore les quelques pages consacrées par Brett Easton Ellis aux passions musicales du golden boy/tueur en série qui m’ont toujours semblé les plus puissantes et les plus pertinentes. Au-delà de ce qu’elles expriment du goût particulier d’une époque et du personnage qui l’incarne pour des produits culturels aisément consommables et dépourvus de toute aspérité morale ou politique, ces chroniques exhaustives et pointues de la discographie de Genesis, Whitney Houston ou Huey Lewis interrogent de toute leur ironie vigoureuse, presque indétectable, le sens commun et les normes convenues sur lesquelles se reposent presque inévitablement tous ceux qui ont, un jour, tenté de partager leur enthousiasme pour les chansons pop. Continuer la lecture de « Arnaud Choutet, Soft Rock – Yacht Vibes & California Grooves (Le Mot Et Le Reste) »

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2020, les choix des disquaires

Illustration : Pauline Nunez
Illustration : Pauline Nunez

Pour clore dignement cette effusion de classements tous azimuts, voici celui des disquaires indépendants, que nous avions célébré ces dernières semaines dans notre série Première Nécessité. Histoire de célébrer une fois encore ces vaillantes échoppes sans qui nous ne serions rien, voici leurs disques préférés de cette année cauchemardesque. Continuer la lecture de « 2020, les choix des disquaires »

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Basic Shapes en live chez vous, maintenant.

Nous vous avions parlés de Basic Shapes, ce quatuor post punk et garage de Montreuil-sous-Bois dans un Sous Surveillance il y a quelques mois. Faute d’avoir pu défendre dignement sur scène leur huit titres Clockwork Organs paru chez Polaks Records fin juin de cette année, le groupe exécute, dans l’atelier du batteur à Mozinor, une session fidèle à ce que l’on retrouve sur disque. Ces quatre titres tendus et puissants, enregistrés dans la fournaise de l’été, filmés comme leurs cousins aînés australiens de Eddy Current Suppresion Ring (la plage en moins), raviront les amateu(rices) du genre.

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Bernardino Femminielli reprend “Moi, mes histoires” de Régine (inédit)

Bernardino Femminielli
Bernardino Femminielli avec son chien Poulet / Photo : Hans Neumann


Moi, mes histoires / Certains soirs /
Je les raconte / Au miroir /
Alors bien sûr / Tu peux voir / La fêlure

C’est dans la robe de velours au goût de tragique de Régine, signée à l’origine par le couple Dabadie/Polnareff en 1978, que Bernardino Femminielli nous fait l’honneur de se glisser aujourd’hui. « J’écoute ce morceau depuis une dizaine d’années. Il représente pour moi les nombreuses vies imaginées qui sont projetées devant un public ou des gens qui nous sont proches. Moi, Mes Histoires pourrait être une chanson qui parle des erreurs de parcours et d’humilité face à la désillusion du showbiz. Les histoires inventées sur scène ont fini par y croire et à se les approprier mais lorsqu’on réussit à s’en départir on réalise les beaux moments qu’elles ont pu nous offrir. Pour moi c’est une chanson qui parle de courage sans tomber dans l’héroïsme. » Continuer la lecture de « Bernardino Femminielli reprend “Moi, mes histoires” de Régine (inédit) »