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Richard Pinhas, Iceland (Polydor, 1979)

À la fin des années soixante, l’arrivée des synthétiseurs comme le Minimoog change profondément la musique populaire. D’abord, utilisé pour ses textures inattendues et singulières (toute la moogsploitation), l’outil électronique devient un instrument à part entière. Qu’ils pratiquent la disco, le rock progressif ou le jazz-funk, de nombreux musiciens s’approprient leur synthétiseur. Dans les années 70, des courants naissent même sous son impulsion. Si l’Allemagne a le vend en poupe de Berlin (Tangerine Dream, Klaus Schulze) à Düsseldorf (Kraftwerk, Cluster), la France n’est pas en reste et développe une riche scène électronique à la fin des années 70. Parmi les pionniers figurent certainement Jean-Michel Jarre ou Richard Pinhas. Continuer la lecture de « Richard Pinhas, Iceland (Polydor, 1979) »

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Serge Clerc, ligne claire

Comateens / Pochette : Serge Clerc
Comateens / Pochette : Serge Clerc

Si la passion pour la chose musicale nous a attrapés pendant les années 1980 – et en particulier lors de leur première moitié –, il était souvent impossible de dissocier le fond (les chansons) de la forme (ce qui les emballait, tout en nous emballant). Avec l’émergence du punk et des graphistes qui étaient tout à la fois voleurs et novateurs, certaines pochettes de 45 tours ou albums justifiaient à elles seules l’achat d’un disque – ou peu s’en faut. Dans un joyeux foutoir et avec un vent de liberté et de créativité qui allait faire voler en éclats la « chappe de plomb culturel » qui sévissait en France lors des années 1970, des dessinateurs allaient faire de leur 9e art un acteur majeur du monde de la musique et détruire les carcans. Continuer la lecture de « Serge Clerc, ligne claire »

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My Raining Stars, Momentum (Too Good To Be True / Shelflife)

S’il avait fallu attendre 13 ans entre le deuxième et le troisième album de My Raining Stars, seulement trois années ont suffi à Thierry Haliniak pour sortir Momentum. Ces treize années d’absence avaient forcément marqué un gap en termes d’ambiance sonore et de composition. Une écoute discrète pourrait faire penser que Momentum est le successeur logique de 89 Memories et pourtant, il n’en est rien. Cela semble dû à deux facteurs. Le premier étant les compositions d’Haliniak. Momentum donne l’impression d’écouter un best of imaginaire de la musique qui obsède son auteur. De l’indie pop old school (Better Life et sa basse qui fait penser aux premiers titres de Ride), au shoegaze (Stop The Time), en passant par quelques emprunts à Oasis (For Good, bien fait pour ta pomme Noel Gallagher !), chaque titre vous happe par son immédiateté et sa sincérité. Continuer la lecture de « My Raining Stars, Momentum (Too Good To Be True / Shelflife) »

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Selectorama : Pascal Bertin

Les liens complexes entre David Berman et son père dans une Amérique en perdition dans ce livre paru chez Le Gospel

Pascal Bertin (à gauche) et Adrien Durand / Photo : DR
Pascal Bertin (à gauche) et Adrien Durand (Le Gospel) aux Balades Sonores, Paris 18e / Photo : Aude Boyer

À l’occasion de la sortie de Au nom du pire : David Berman et Silver Jews face aux démons de l’Amérique (Le Gospel) nous avons demandé à notre Pascal Bertin National de se livrer à l’exercice du Selectorama, mais plutôt qu’une énième  playlist commentée, nous lui avons laissé carte blanche pour parler des grands livres de l’Amérique, les siens, les nôtres, et ceux qui peuvent faire le lien avec celui que j’appelais, à l’occasion de la sortie de son dernier album de son vivant, notre Lou Reed personnel. Et au-delà de son unique recueil de poésie (Actual Air, Open City, 1999 réédité par Drag City en 2019) s’il est bien au moins un lien entre Berman et Lou c’est bien cet amour supérieur de la chose littéraire. D’ailleurs, s’il se lit souvent comme une enquête, Au nom du pire n’élude jamais cet attachement. On y retrace brillamment le parcours accidenté d’un artiste unique et supérieur. Le biais choisi, mettre en opposition deux carrières, celle du père et celle du fils, antagonistes en tout, et surtout sur leur vision du continent ; l’un ordure capitaliste, l’autre, lesté du plomb de cet héritage tachant tout de même d’y mettre de la beauté. Continuer la lecture de « Selectorama : Pascal Bertin »

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Nothing, c’est pas rien

Petite démo d’un groupe qui devient grand, Special Friend. En amorce d’un nouvel album, à écouter sur la compil estivale gratuite Howlin Banana.

Special Friend / Photo : DR
Special Friend / Photo : Coralie Gardet

On se souvient encore du tout premier concert organisé par Section26, il y a un certain temps déjà. C’était en octobre 2019 à feu l’Espace B, en première partie de notre chère Lispector. J’avais eu envie de suivre l’opinion enthousiaste de Coralie Gardet, et mon propre instinct après les avoir aperçus en live. Ce premier EP à l’époque, déjà soutenu par Howlin Banana Records, constituait les prémices d’un univers cotonneux, emprunt d’un shoegaze doux comme un rêve d’ado. On n’imaginait pas alors qu’Erica Ashleson et Guillaume Siracusa aka Special Friend iraient si loin, jusqu’à un troisième album que le duo part enregistrer ces tous prochains jours au Studio Claudio, chez Alexis Fugain. Nothing est un titre dont on ne sait pas encore s’il finira sur cet album, mais qui nous donne de belles nouvelles d’un groupe qu’on aime toujours voir et revoir sur scène. Continuer la lecture de « Nothing, c’est pas rien »

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Alex Van Pelt en phase

Alex Van Pelt / Photo : DR
Alex Van Pelt / Photo : DR

Il n’y a pas si longtemps, nous accueillions Alex Van Pelt dans les colonnes de Section26, pour un Selectorama des plus savoureux. Ce musicien lunaire qui a grandi non loin des rives du lac d’Annecy et a autrefois fait partie du groupe Coming Soon – gloire anti-folk hexagonale fort appréciée d’Adam Green, Jeffrey Lewis, Herman Düne ou encore d’Etienne Daho -, a su créer son propre univers parallèle et faire discrètement son chemin. Les premières aventures en solo de celui qui fût autrefois connu sous le pseudonyme d’Alex Banjo (Tum Tum en 2019, Global Crush en 2021 et Off the Clock en 2024), nous avaient déjà fait prendre la mesure de son talent. Ceux qui l’auront vu sur scène, seul avec sa guitare, notamment lorsqu’il assurait les premières parties de Ryder The Eagle, auront su apprécier son réel don mélodique et découvrir un compositeur-interprète subtil et délicat. Continuer la lecture de « Alex Van Pelt en phase »

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Un petit vent glacé? Oui, merci.

Yes Please! / Photo : Pierre Stroska
Yes Please! / Photo : Pierre Stroska

La bande de Lois Trompesance derrière Si Moiré Disques, feu Athletico dont nous avions parlés en 2020 et Ex-Futur revient avec une nouvelle formation. Avec leur premier titre Supply & Demand, Yes Please! compose une sorte de déclaration d’amour pour Felt, parue sur la première compile du label, Tiny Creatures, en mars dernier. A l’opposé, – 600 est une aventure froide aux guitares cinglantes mais avec toujours avec une approche groove qui passe par des lignes de basse, mené par une voix urgente et envoûtante. Ce mélange savamment équilibré entre leurs propres envies et leurs influences montre à certains que le groupe compte dans ses rangs de bons clients des scènes obscures, car Yes Please! relie pop cristalline et sonorités plus austères à la perfection.

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Nino Ferrer, Best Of (Barclay, 2017)

Nino Ferrer est, à bien des égards, une figure incomprise de la variété française. Lui même s’est toujours perçu comme étant à la marge, non sans raisons. Né à Gênes, en Italie, en 1934, bassiste, il enregistre ses deux premiers 45 tours dans le groupe de Richard Bennett, les Dixie Cats, dans une veine jazz Nouvelle Orléans (Jelly Roll Morton, Sidney Bechet), à la fin des années 50. Au début de la décennie suivante, il s’éprend de R&B nord-américain (Stax, Atlantic) et rejoint (toujours par l’intermédiaire de Richard Bennett) le groupe de Nancy Holloway. Pendant ses concerts, la chanteuse américaine lui laisse l’occasion d’interpréter une ou deux chansons. Continuer la lecture de « Nino Ferrer, Best Of (Barclay, 2017) »