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Martin Circus, Evolution Française 1969-1985 (Born Bad Records)

Martin Circus, à bien des égards, a été frappé de la malédiction du rock français. Si son parcours, des années 60 jusqu’au début des années 80, est singulier, la formation s’est heurtée aux aléas de la perception de la musique électrique en France. Le malentendu ne date pas d’hier, puisque dès les années 50, Henri Salvador, Boris Vian et Michel Legrand (sous les noms d’Henry Cording, Vernon Sinclair et Mig Bike) se moquent de ce nouveau son, n’y voyant qu’une mode passagère. Quinze ans plus tard, Martin Circus aura bien à faire pour s’imposer comme une formation pop sérieuse. C’est finalement un hit mi-ironique mi-pataphysique qui les propulse dans les hautes sphères (Je m’éclate au Sénégal, 1971). Ajoutez y des participations à la mythique série des Bidasses (avec les Charlots, ex-Problèmes et Triangle !) et vous avez les parfaits ingrédients d’un groupe incompris. Après Pierre Vassiliu ou Henri Salvador, Born Bad tente aujourd’hui de réparer une nouvelle injustice, en proposant la compilation Evolution Française, couvrant 16 ans de production du mythique groupe. Guido Minisky (moitié d’Acid Arab) a ainsi sélectionné dix morceaux dans le riche catalogue de Martin Circus. Continuer la lecture de « Martin Circus, Evolution Française 1969-1985 (Born Bad Records) »

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Jouir pour lutter

La Philharmonie de Paris consacre une exposition au Disco, mouvement au cœur des revendications d’alors jusqu’à aujourd’hui.

Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein
Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein

Le disco recèle un étrange paradoxe. Ce style, assis chronologiquement entre l’épanouissement grand public de la soul afro-américaine et l’explosion de la House, s’avère toujours autant apprécié, surtout les soirs de nouvel an, que totalement méconnu. C’est d’ailleurs sur cette étrange réalité que les maitres d’œuvres de l’exposition (les commissaires Jean-Yves Leloup, Patrick Thévenin et Marion Challier, accompagnés de Dimitri from Paris pour le décorum vinylesque et l’expertise discographique) ont insisté lors de la présentation auprès de la presse. Sa signification politique et sociale, son hédonisme militant, notamment chez les minorités afro-américaines et LGBTQIA+, se confond avec un certain doute, voire dédain, envers sa signification et sa profondeur artistique. Continuer la lecture de « Jouir pour lutter »

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Sous Surveillance : Clarence

Clarence
Clarence / Photo : DR

Qui ?

Clarence, c’est :
Cla : chant et guitare
Hugo : guitare
Clélia : basse
Oihan : batterie et chant
Tous ont joués dans d’autres groupes oscillant entre post hardcore, ambient ou dance punk.

Où?

Bordeaux, ville de la pluie et siège social du Flippin’ Freaks, leur label.

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Chiens de Faïence reprend Brigitte Fontaine

On vous en a déjà parlé à plusieurs reprises, on adore la pop fragile diy, probablement conçue entre la table basse et le canapé et les prestations scéniques désarmantes de Chiens de Faïence. Cette fois, pour célébrer le retour de notre rubrique Jeudi Cover, on les a pris au dépourvu du partage d’une reprise de Brigitte Fontaine. Trois minutes après le postage du titre lundi sur les réseaux, j’ai envoyé un message à Harmonie Aupetit en lui demandant si on pouvait la proposer dans notre rubrique. Réponse immédiate : « Oui grave ! Merci 🥰🥰 ». Voici Il s’en Passe, très jolie balade originalement écrite et chantée par la grande Brigitte et mise en musique par l’indispensable Areski en 2009. Le résultat est plus épuré mais pas moins magnifique, et les voix d’Harmonie, Boris Cuisinier et Malo Vannet s’y mélangent avec grâce et douceur, en contrepoint au piquant des paroles. Tout à fait le genre de choses dont on a fortement besoin ces temps-ci, car oui, Il s’en Passe, chéri.
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Selectorama : Biche

Biche / Photo : Greg Ponthus
Biche / Photo : Greg Ponthus

Avec en signal annonciateur fort, le single Déjà-Vu sorti en catimini l’année dernière, on sentait une petite révolution en mouvement chez Biche. Le quintette a mis son temps pour réfléchir à l’évolution de leur projet, parti d’une pop alanguie aux guitares boisées, aux influences marquées sixities et seventies, que Burgalat himself n’aurait pas renié. Petits crépitements parasites et sonorités résolument plus électroniques viennent donner le ton, et soulignent la présence grandissante des machines dans nos vies. Avec Le Code, leur deuxième single, tout semblait plus clair, Alexis Fugain, Thomas Subiranin, Alexis Croisé, Brice Lenoble et Florian Adrien ont eu envie d’accélerer le tempo, beaucoup plus élastique et rebondissant que précédemment. Ils auront peut-être tardé à revenir, mais B.I.C.H.E. est une superbe collection de petits tubes (Americanism) et de chansons attachantes (Labrador), et de merveilles bubble gum pop (La Spirale) interprétées avec la douceur d’un Pierre Barouh par Alexis, qu’on a adoré revoir sur scène en cette fin janvier en format trio aux côtés de En Attendant Ana. Pour nous, il révèle quelques-uns des titres qui ont compté pour la création de ce nouvel album autoproduit.

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Des étoiles dans les yeux de Betty

Betty / Photo : Jules Vandale
Betty / Photo : Jules Vandale

Il y a quelque chose de très fraternel dans les petits groupes qui émaillent la scène indie francilienne. Beaucoup de projets en commun, de transferts de musiciens d’un groupe à l’autre, de soirées passées à voir les uns ou les autres sur scène, avec dans le public, souvent un certain nombre de membres desdites formations venus encourager les amis. Betty en est un excellent exemple : l’idée est partie d’un travail en solo de Rémi Studer, qui a composé des morceaux pendant plusieurs années de son côté, en mode bedroom pop. Le dénominateur en commun entre lui et cette scène fut Jérôme Ganivet de Belmont Witch, qui l’a aidé à concrétiser ses rêves, il y a une dizaine d’années déjà. Tous les deux ont enregistré des démos, avec Sparklehorse, Sebadoh ou Pinback dans le rétroviseur. La vie n’a pas été clémente, et Jérôme s’en est allé. Grâce à Michele (toujours Belmont Witch), Rémi a intégré Eggs et de fil en aiguille, Manolo Freitas (Hobby et Eggs aussi) et Isabella Green Catani (Dog Park) ont rejoint Betty. Après un EP l’an dernier, le trio sort son premier album masterisé par Côme Ranjard, Reminder, comme un rappel du chemin parcouru. Continuer la lecture de « Des étoiles dans les yeux de Betty »

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Sous Surveillance : Diana Vaughan

Diana Vaughan
Diana Vaughan / Photo : Kiki de Saint Supplice

On ne va pas prétendre le contraire, nous n’étions pas dans les meilleurs dispositions au début de la soirée Womb au Sample à Bagnolet ce 16 janvier dernier. Nous nous y étions rendus pour écouter notre Ela Orleans bien-aimée, mais la nouvelle du départ de David Lynch, apprise quelques minutes avant le début de son set, nous avait coupé l’herbe sous les pieds. Il ne fut alors pas tellement question de s’attarder sur place, mais le destin en a décidé autrement. Juste après jouait un tandem totalement inconnu au bataillon, elle à la flûte traversière, lui à la basse, les deux aux synthés, qui apparemment n’en étaient pas loin de leur premier concert. Diana Vaughan, ce nom qui fait instantanément penser à une actrice hollywoodienne ou une auteure de romans du siècle dernier, n’est en fait que le nom de plume de Léo Taxil (*), un pamphlétiste anticlérical du XIXe. Suffisamment intrigant pour nous donner envie d’en savoir un peu plus. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Diana Vaughan »

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Marianne Faithfull, le baiser parfait

Il y a 23 ans, Étienne Daho interviewait Marianne Faithfull.

Etienne Daho et Marianne Faithfull / Photo : Philippe Lévy
Etienne Daho et Marianne Faithfull / Photo : Philippe Lévy

Hiver 2002. On a rendez-vous dans le jardin d’hiver d’un bel hôtel parisien – un hôtel dont on a oublié le nom mais qui n’était pas loin du Jardin des Tuileries. Ils sont deux, un homme et une femme. Un fan et une femme. Deux artistes qui se connaissent depuis quelque temps alors… Ce n’est certainement pas un drôle d’endroit pour cette rencontre. Le lieu leur va bien. Surtout à elle, dont les excès connus de presque tous n’ont pas réussi à mettre à mal une incroyable élégance.

J’imagine que l’idée de cette rencontre – plutôt évidente au demeurant– nous était venue une fin de journée dans les locaux alors enfumés du Boulevard de Ménilmontant (Paris XIe), entre quelques cadavres de bouteilles (bières, vin, voire vodka et whisky), des cendriers trop pleins et des paquets de chips éventrés – quant aux seules drogues présentes, c’était en général des fraises Tagada et autres sucreries du même acabit. J’imagine surtout que dans l’euphorie de la confusion, tout le monde avait trouvé ladite idée géniale. Quelques semaines plus tard, pour évoquer un album qui comptait à son générique beaucoup d’artistes qur la RPM canal historique tenait en assez haute estime, on se présentait dans ce jardin d’hiver pour retrouver l’homme et fan Étienne Daho et la femme Marianne Faithfull – dont on n’a jamais pu s’empêcher de penser que le nom disait tant…  À l’annonce de sa disparition jeudi dernier, j’ai mis trois jours à me souvenir de cette rencontre-là – et de me dire une fois encore que la mémoire était parfois très joueuse. Un peu trop peut-être. Heureusement, j’ai retrouvé trace de ce que ces deux-là s’étaient dit ce jour-là…

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