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Stereolab en français dans le texte

Prévu le 23 mai, le retour du groupe bicéphale franco-britannique a quelque chose de rassurant pour les gens de ma génération, un groupe revenu de beaucoup de choses, l’underground des débuts, la mise en place de son propre vecteur de diffusion, la signature sur Elektra, les vents, les tournées interminables, les marées, les changements de personnel… Et puis Stereolab est devenu un pilier, écouté bien au-delà de ses cercles de départ, une référence signée 4AD, sur Warp (les pionniers des années 90 ont le choix, c’est ça ou Domino), une prestance et une constance dans des musiques à la fois pop et irriguées par toutes sortes de choses (musiques brésiliennes, allemandes, britanniques, avant-garde, library, easy, uneasy listening, passé, présent…). Continuer la lecture de « Stereolab en français dans le texte »

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Paul Collins (The Nerves, The Beat) : « Les gens nous prenaient pour des extra-terrestres »

Paul Collins période The Nerves / Photo de presse
Paul Collins période The Nerves / Photo de presse

Le roi de la power-pop. C’est à la fois le titre d’un album – King Of Power Pop! (2010) donc – et, surtout, un statut chèrement conquis et désormais difficilement contestable. En quelques années décisives – moins de dix en réalité – Paul Collins a contribué, davantage encore que la plupart de ses potentiels concurrents au trône, à façonner les contours parfaitement dessinés d’une musique vive, mélodique et indémodable. A rebours à peu près complet de toutes les tendances d’une époque où dominaient encore les digressions musicales complaisantes. D’abord avec The Nerves : en compagnie de Jack Lee – disparu il y a tout juste deux ans – et Peter Case, il a enregistré et publié en toute indépendance quatre des titres les plus importants de l’histoire. Ensuite avec The Beat, dont le premier – et, en grande partie, le deuxième – album demeure un des jalons les plus parfaits d’un rock classique et épuré, à la fois moderne et profondément ancré dans l’histoire des décennies qui l’ont précédé. A l’occasion d’une série de concerts entièrement consacrés à cet héritage majeur, il a consenti à partager quelques souvenirs des batailles passées. Continuer la lecture de « Paul Collins (The Nerves, The Beat) : « Les gens nous prenaient pour des extra-terrestres » »

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Henry Badowski, Life Is A Grand (A&M, 1981 – rééd. Caroline True)

Henry Badowski Life Is A GrandOn croit parfois connaître. Un peu, sans prétention. On se résigne même à ce que, au fil des ans ou des décennies, l’exploration maniaque et quasi-exhaustive des tréfonds des tiroirs de tous les catalogues les plus obscurs de l’histoire de la pop par d’innombrables labels d’archéologues en épuise inévitablement les ressources limitées. Après tout, comment la loi implacable des rendements esthétiques décroissants ne s’appliquerait-elle pas à l’exhumation de ces supposés trésors cachés qui finissent par décevoir, de plus en plus souvent ? Et puis, un beau jour, on tombe sur la réédition d’un album entier de 1981 dont on n’avait jamais – mais vraiment jamais – entendu la moindre note, dont on ignorait jusqu’à l’existence, et dont on n’attendait pas nécessairement autre chose qu’un vague intérêt documentaire et historique sur une période qu’on pensait labourée jusqu’à la roche. Pourtant, dès la première écoute, on ressort convaincu que cette passion musicale qui continue de mobiliser une part ridiculement excessive de l’existence – et de grever, au passage, les budgets dans des (dis)proportions totalement irrationnelles – n’est pas vaine puisqu’elle a permis de dénicher un album qui – c’est certain – restera tout prêt des oreilles et du cœur pour toute la vie à venir. Life Is A Grand est de cette trempe-ci et c’est presque miraculeux. Continuer la lecture de « Henry Badowski, Life Is A Grand (A&M, 1981 – rééd. Caroline True) »

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Clara Mann, Rift (The state51 Conspiracy)

Clara MannLes grandes douleurs ne sont pas toujours muettes ; elles sont parfois chantées. Comme son titre l’indique, le premier album de Clara Mann s’apparente à l’exploration attentive des fissures et des béances : celles qui accompagnent la fin d’un amour ou encore celles qui l’ont précédé alors même qu’on feignait encore d’ignorer l’imminence du précipice. « It only hurts from when I wake to when I fade away. » l’entend-on chanter dès l’ouverture : le ton est donné et il n’est guère à la gaudriole. La chute laisse inévitablement des crevasses de souffrance et la jeune autrice britannique, déjà remarquée en première partie d’un concert parisien de Daniel Rossen il y a trois ans, s’emploie à remblayer ses chagrins avec une infinie douceur. Continuer la lecture de « Clara Mann, Rift (The state51 Conspiracy) »

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La course folle de Michael Robert Murphy

Michael Robert Murphy
Michael Robert Murphy / Photo : FB

James Skelly des Coral n’aura jamais décroché la timbale avec son groupe. Les Coral ont, de 2002 à 2006, voulu forcer le sort et ont publié de grands disques qui ont marqué les esprits en Angleterre mais qui n’ont jamais été, au final, un raz-de-marée commercial. Pire, les Coral se sont fait chiper la place de «next big thing » par les Arctic Monkeys. La vie est ainsi faite. Skelly est un garçon éduqué qui sait rendre ce que la vie lui a donné. Il se rappelle qu’en 2006, Noel Gallagher avait hébergé son groupe dans son studio pour l’enregistrement de Roots and Echoes. Il se rappelle aussi que Noel Gallagher a hébergé les Shack sur son label le temps d’un album. Depuis quelques années, James Skelly repère, enregistre et produit des groupes de Liverpool. Et c’est au final avec eux que le succès est vraiment arrivé. Il y a eu les Blossoms, les Lathums… Et il y a aujourd’hui Michael Robert Murphy. Continuer la lecture de « La course folle de Michael Robert Murphy »

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À Rebours

Retour inespéré de Pulp près d’un quart de siècle après leur dernier album.

Pulp 2025 / Photo : détail de la pochette de "More"
Pulp 2025 / Photo : détail de la pochette de « More » (Rough Trade Records)

Jeudi 10 avril, excitation générale, Pulp est de retour avec un nouveau titre annonciateur d’un album à paraître le 6 juin, 24 ans après We Love Life. Texto cryptique d’un ami (qui a le 06 de Lawrence) « Si jamais tu l’as pas écouté en direct, Candida aimerait jouer dans Tame Impala. Je ne divulgache rien d’autre. » Je comprends immédiatement, mais non, depuis que Lauren Laverne est passée en milieu de matinée sur la BBC6, je n’ai plus le plaisir d’entendre ses invités, venus autant en promo qu’en amis, livrer au vaste monde leurs nouvelles productions. Après The Divine Comedy et Stereolab, sans oublier Miki Berenyi trio, si ces dernières semaines ont évoqué la « grande » période des Inrockuptibles – celle où quiconque portait un costume et savait lire se voyait qualifier de dandy -, on est loin d’une nostalgie nauséabonde.

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Richard Thompson, Hard On Me (1999) par Matthieu Grunfeld

Richard Thompson, 1999 / Photo de presse
Richard Thompson, 1999 / Photo de presse Capitol

A l’occasion du passage de Richard Thompson en France pour deux concerts rares – au Printemps de Bourges le samedi 19 et à Paris au Café de la Danse le dimanche 20 – quelques amoureux de son œuvre ont choisi d’évoquer l’un de leur titres favoris d’un répertoire qui s’étale sur plus d’un demi-siècle.

Alors que le siècle dernier touche à sa fin, une page se tourne également dans la longue discographie de Richard Thompson. Avec Mock Tudor (1999), il achève en effet une décennie de collaboration avec Capitol. Et signe au passage ce qui demeure sans doute le meilleur album solo de toute sa longue carrière. Les débats demeurent à ce jour ouverts quant à l’influence plus ou moins néfaste exercée par Mitchell Froom et Tchad Blake sur la production des quatre premiers volets de cette période américaine – d’Amnesia (1988) à You? Me? Us? (1996). Toujours est-il que leur disparition du générique coïncide ici avec un regain manifeste d’inspiration. Continuer la lecture de « Richard Thompson, Hard On Me (1999) par Matthieu Grunfeld »

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White Magic For Lovers, The Book Of Lies (Chord Orchard)

The Book of Lies White Magic for LoversPour la plupart d’entre nous, il a surtout fait partie de ces quelques étoiles filantes dont l’éclat avait brièvement scintillé dans le firmament de l’indie-pop au tout début du siècle avant de s’estomper progressivement à nos horizons, sans doute trop limités. Le groupe s’appelait The Electric Soft Parade et, le temps d’un premier album magistral – Holes In The Wall (2001) – il était apparu comme l’un des candidats les plus sérieux à la succession de The Boo-Radleys sur le trône vaquant du psychédélisme britannique. Le coup d’essai a injustement éclipsé presque tout le reste. Mais si le début de carrière stellaire du groupe s’est prématurément achevé face à trop d’indifférence, il n’a jamais complètement filé. Continuer la lecture de « White Magic For Lovers, The Book Of Lies (Chord Orchard) »