Nombreux sont les artistes qui, après avoir réalisé un ou deux albums remarquables, ne tiennent pas la distance et, abandonnés par l’inspiration, perdent leur magie, tombant dans la banalité. Lael Neale semble avoir suivi le chemin inverse. Alors qu’en 2015, l’Américaine avait signé un premier disque pop-folk honnête mais trop conventionnel à mon goût, sa rencontre avec le producteur Guy Blakeslee, six ans plus tard, avait été salvatrice. De cette première collaboration était né l’album Acquainted with Night, signé chez Sub Pop, disque dont la texture sonore et les arrangements avaient donné à la musique de la Californienne d’adoption une identité esthétique nettement plus intéressante. Continuer la lecture de « Lael Neale, Star Eaters Delight (Sub Pop) »
Étiquette : Label : Sub Pop
Catégories chronique nouveauté
Shannon Lay, Covers Vol. 1 (Sub Pop)
Gémir n’est pas de mise aux Marquises.
Découvrir ces mots de Brel à l’orée de l’adolescence donnait le vertige, déjà, alors même que la gangue de jugement que l’on pouvait avoir pour un temps fermée autour de ses disques, de sa figure, parce qu’il s’agissait toujours de trier afin de s’y retrouver, et de se trouver si possible, n’était plus de mise. Si Scott Walker et David Bowie reprenaient Brel, ça pouvait signifier ceci : Brel était, et est, important, et les totems vivent.
Il y avait leçon, qui servira pour la suite : sous notre nez ne s’agite pas autre chose que de bonnes chansons. Dont, donc, Les Marquises et cet énoncé vertigineux, coupant une brume de pizzicati, de ce qui échappe pourtant aux mots mais que l’on peut dessiner ainsi : enlevez tout, rien ne manque. Le jour s’écoule au cœur de l’océan, et les vagues suffisent, arbres, rochers, amitiés, amours, un peu de souffle. Gémir n’est pas de mise aux Marquises. Continuer la lecture de « Shannon Lay, Covers Vol. 1 (Sub Pop) »
Catégories chronique nouveauté
Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop)
En voilà un qui a pointé le bout de son nez à la dérobée : on cuisinait, ce qui occupe la plupart du temps, et un algorithme d’après-disque a glissé la chanson Working, et malgré un timbre de voix, un calme, une atmosphère, un composé de discrétion, on s’est regardé frappé d’évidence, on a lancé la première plage d’un disque – écouté deux fois à sa sortie d’une oreille très certainement très distraite –, on a plongé sans délai, et depuis Naima Bock et son premier album Giant Palm enchantent le début d’année.
Et le meilleur : ce disque aurait trente ou quarante ans au lieu d’un, on le trouverait aussi formidable. Continuer la lecture de « Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop) »
Catégories mardi oldie
Des démos et des maux
Depuis peu, des démos du regretté Mark Lanegan, complice de Kurt Cobain ou Johnny Cash, ont refait surface.
En février dernier, Mark Lanegan, le taulier des Screaming Trees est parti rejoindre Layne Staley et Kurt Cobain en laissant derrière lui une discographie aussi dense que protéiforme. Il ne s’est jamais rien interdit dans tous les domaines et notamment celui de la musique. On peut donc braconner sur les terres des Queens Of The Stone Age tout en se reposant avec les chansons écrites avec Isobel Campbell. Depuis quelques jours, cette collection de disques s’enrichit d’une poignée de démos mise en ligne par un illustre inconnu. Et quelles démos… Car il s’agit de celles de ses débuts solo, de celles qui permettent à Lanegan de devenir Mark Lanegan. Continuer la lecture de « Des démos et des maux »
Catégories station to station
Weyes Blood et The Innocence Mission dans l’avion Marseille / New York
C’est le premier trajet du jour, et déjà le sommeil gagne, envahit, puis traîne alors qu’on pensait l’avoir dupé, alors qu’on sait pourtant lui devoir un tribut, le plus tôt sera le mieux, le jetlag en sera moins dur. Bientôt les heures deviendront vraiment indécises, on ne saura plus. Continuer la lecture de « Weyes Blood et The Innocence Mission dans l’avion Marseille / New York »
Catégories hommage
Mimi par cœur
C’était en février 2013, dans un appartement parisien. Dès que la soirée de poche avec Low avait été annoncée, j’avais fait des pieds et des mains pour y assister. Le soir même, j’avais acheté un bouquet de fleurs pour remercier Dali, qui m’avait confirmé quelques jours plus tôt que je pourrais y assister. C’était un double évènement : Low en appartement, et Low en duo. Juste Alan Sparhawk et Mimi Parker. Low est un des groupes que j’ai le plus vus en concert, mais je n’avais jamais eu l’occasion de les entendre dans cette configuration.
Catégories borne d'écoute
Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop)
« On laisse derrière nous des traces de sang et des morts.
On vous embrasse tendrement «
La météore Weyes Blood revient illuminer notre automne d’une chanson et d’un clip pourtant bien sombre et douloureux. Dans les ténèbres, les cœurs s’embrasent nous dit le titre de son prochain album, And In The Darkness, Hearts Aglow à paraître en novembre chez Sub Pop, second volet d’une trilogie commencée avec Titanic Rising en 2019. It’s Not Just Me, It’s Everybody est une ballade chamber-pop construite sur un simple riff de batterie-piano tournant ad libitum, la voix de Weyes Blood/Natalie Mering fait progresser les harmoniques sur des nappes de cordes et de synthés , des flutiaux raveliens, des chœurs évoquant le We Have All The Time In The World de My Bloody Valentine, et l’envoûtement est d’une force irrésistible. On se repasse le morceau encore et encore, y découvrant des détails à chaque fois, et notre rythme interne ne bat plus qu’à ce tempo si doux, si tranquille. En espérant que l’album entier soit tenu par cette note d’une absolue mélancolie. Continuer la lecture de « Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop) »
Catégories selectorama
Selectorama : Kiwi Jr.
Kiwi Jr. fait partie de ces groupes pop insolemment favorisés par les dieux, qui semblent taillés pour n’écrire que des tubes. Le don mélodique assez impressionnant du groupe, la voix à la Stephen Malkmus du chanteur-guitariste Jeremy Gaudet, et ses textes tantôt grinçants, poétiques ou saugrenus – dans lesquels on retrouve toute une galerie de personnalités comme Judy Garland, Julie Andrews, les Kennedy, Marylin Monroe ou… Kobe Bryant !-, sont pour beaucoup dans le charme du quatuor de Toronto. Si leurs morceaux les plus énergiques peuvent rappeler les Strokes et les Parquet Courts des débuts, certains titres font également penser aux meilleures heures de la pop néo-zélandaises des années1980 labellisée Flying Nun. Quoi qu’il en soit, il plane sur la musique de Kiwi Jr. un vent salutaire de fraîcheur et de légèreté qui pourrait même mettre en joie le plus blasé des nihilistes. Et un groupe qui s’amuse à reprendre Tugboat de Galaxie 500 ou Gold Star for Robot Boy de Guided By Voices en live ne peut qu’avoir notre bénédiction. Continuer la lecture de « Selectorama : Kiwi Jr. »