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Jemima, Even the Dog Knows (All Night Flight Records)

La découverte d’un nouveau disque est toujours une expérience contradictoire : partagée entre l’immédiateté de l’affect et une logique plus oblique, mobilisant un savoir référencé typique de l’érudit-pop. C’est précisément ce qui se produit avec Even the Dog Knows du duo londonien Jemima. On pense aux influences post-rock et avant-folk/lo-fi – Movietone, Palace ou encore Gastr del Sol constituent d’évidents points d’ancrage. Des titres comme What is it ou Coming Over nous projettent en terrain connu : boucles arythmiques et vacillantes, guitares éthérées et collages sonores bancals contribuent à une esthétique folk soustractiviste, qui n’est pas non plus sans rappeler les travaux hypnagogiques typiques de The Caretaker. Continuer la lecture de « Jemima, Even the Dog Knows (All Night Flight Records) »

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LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE SEPTEMBRE 2025

Si on s’attache souvent à dégotter le plus souterrain et le moins convenu, la moisson saisonnière commence cette fois par un groupe qu’on n’imaginait pas forcément trouver dans nos pages. Un signe qu’on n’est jamais définitif avec nos goûts, et qu’il y a toujours des choses à (re)découvrir, avec l’envie d’élargir et de renouveler notre passion pour une musique amplifiée et indépendante qu’on ne prend plus vraiment la peine de catégoriser. Écoutez, vibrez, partagez… (TS)

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Joanne Robertson, Blurrr (AD 93)

Là où le champ de l’expérimental rejoint l’immémorial folk : un ode, un node, un nœud — là au fond de la gorge qui prend aux tripes mammifères où le reptilien ne sait plus s’il est poule ou œuf — c’est un nouvel album de Joanne Robertson qui apparaît en plein mois de septembre. Elle est là. Là derrière sa guitare et son écho, deux spécificités rien qu’à elle. À cet endroit précisément Joanne Robertson trace un trait. Une ligne d’horizon au lointain mais qui vient nous susurrer des émotions primordiales, ouatées. Blurrr le dit très bien dans son nom, c’est une masse floue, qui ronronne, mieux encore : qui déroule, enroule, empoigne. Robertson nous laisse là le temps — un luxe — d’entrer dans la chimie du son de la guitare, dans la métaphysique chordiale. Continuer la lecture de « Joanne Robertson, Blurrr (AD 93) »

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Retour en grâce de Sam Fleisch

Sam Fleish / Photo : Anouk Allard
Sam Fleish / Photo : Anouk Allard

Presque une décennie sépare Nunna Daul Isunyi du nouvel album Saturnine Child, l’un sorti chez Teenage Menopause, l’autre chez Les Disques Du Paradis, un label Bordelais. Articulé autour de Sylvain Kablfleisch, Sam Fleisch a toujours cette patte ambitieuse et mélodique. Moins lofi et avant-gardiste que son premier album, Baltimore, seule chanson en écoute pour le moment, est plus revêche, mais garde ce côté cotonneux et candide qui la sublime. L’enregistrement est signé Arthur Satàn et l’album sortira sur Les Disques du Paradis.


Saturnine Child par Sam Fleish paraîtra le 26 septembre sur Les Disques du Paradis

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L’Officine du bruit

A l’incroyable 5e édition du festival francilien Frisson Acidulé, les franco-belges ont fait vriller le Cirque Electrique

Officine
Officine / Photo : Philippe Levy

On ne savait plus trop quelle heure il était, quelle saison on subissait le week-end dernier au Cirque Electrique à Paris. Les têtes de noiseux croisaient quelques vieux punks, des dégaines de skaters fanés ou d’autres sombres figures sans doute attachés à des rituels chamaniques qu’on ignore. Et les têtes connues. Parmi elles, Philippe Lévy, toujours à l’appel. On ne vous refera pas les présentations, notez qu’il nous avait offert une photo de Sprung Aus Den Wolken prise en 1991 pour l’unique édition du fanzine Mushroom il y a 8 ans, postface à qui vous savez et prequel de ce site. Il y avait aussi Victor Hamant, ce mec qui nous arrose de partout de musiques païennes, en programmant des concerts démoniaques à Metz ou en partageant des nouveautés ici-même. Grâce à lui, on a vu certains des meilleurs groupes de cette fantastique édition de Frisson Acidulé, programmée par Arrache-toi un oeil, très New Trad (coucou Vince), entre la messe Cromorne, les fées Bacchantes, les anciens The Ex ou encore Officine, trio sauvage qui n’avait aucun scrupule à nous massacrer les tympans et à nous élever dans une folie rare. Pour célébrer tout ça, un portfolio, une petite dizaine de photos signées par Philippe, qu’on embrasse au passage. Une affaire de famille tout ça. Continuer la lecture de « L’Officine du bruit »

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The Loft, Once Round The Fair 1982-1985 (Creation, 1988)

the-loft-1982-1985-once-round-the-fairOn devrait immensément se réjouir et frétiller de gratitude de pouvoir (enfin) assister à un concert de The Loft en 2025, le samedi 20 septembre, lors du Paris Popfest*. Parce qu’en fait cela ne tient qu’à deux singles. Mais pas deux petits singles, attention. Réunis compilatoirement bien après leur sortie, et à au moins deux reprises depuis chez Rev-OLa ou Cherry Red avec un peu plus et pour notre jeune gouverne en 1988 (j’étais en première et je ne m’en suis visiblement toujours pas remis) sous l’intitulé Once Round The Fair The Loft 1982-1985. Une citation des paroles de Up The Hill And Down The Slope, morceau toujours ahurissant dont l’incipit, « My Magpie Eyes Are Hungry For The Prize » titra également la nécessaire, quoique contestée, saga du label Creation sous la plume de David Cavanagh (rip) parue juste à l’aube du nouveau siècle. C’est dire si dans la genèse du label d’Alan McGee la jeune troupe menée par Peter Astor fait office de CNR par rapport à l’histoire officielle qui voudrait qu’à l’origine, hors les têtes de morts d’East Kilbride**, point de salut. T’as qu’à croire. Continuer la lecture de « The Loft, Once Round The Fair 1982-1985 (Creation, 1988) »

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Selectorama : SCHØØL

SCHØØL / Photo : A. Passerby
SCHØØL / Photo : A. Passerby

Ecouter ce qu’on a aimé joué par des groupes de maintenant, voilà le point de rupture pour certains qui imaginent ne pas pouvoir laisser la transmission faire son œuvre. On est forcément projeté en arrière en écoutant SCHØØL, mais ce quatuor formé par des membres d’autres groupes (Francis Mallari de Rendez-Vous, Erica Ashleson de Special Friend, Eggs et Dog Park, Jack Moase de Liquid Face et Alex Battez de Marble Arch) arrive à cristalliser l’état adolescent dans toute sa poésie émotionnelle dans ce premier album très réussi où les ballades rock font l’effet d’un scrapbook nineties illustré par quelques collages et dessins d’époque. Et cette projection dans un moment de vie fantasmé est surement le meilleur moyen d’échapper à la cruauté du moment. Comment ne pas résister au plaisir de demander au groupe quels étaient leurs fantasmes musicaux de teenagers… Continuer la lecture de « Selectorama : SCHØØL »

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Robert Robinson & The Connecticut River Band, Albemarle Station (Silver Jews cover) 

Robert Robinson / Photo : bandcamp
Robert Robinson / Photo : bandcamp

Lorsqu’en 2019, avec l’ami Baptiste Fick, nous avons mis en chantier la compilation-hommage à David Berman, je me suis rappelé de Robert Robinson, connu alors sous le nom de Sore Eros et dont j’avais jadis chroniqué (pour un mensuel dont seul le nom a subsisté) le magnifique Second Chants (2009). Je n’avais alors aucune crainte quant à la proximité spirituelle de Sore Eros avec son aïeul, mais je demeurais bien curieux de connaître le résultat, car si on peut évidemment parler d’indie rock et de folk pour qualifier les productions de Robert Robinson, il est tout aussi certain que son art s’éloigne très souvent du minimalisme de Silver Jews.

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