Catégories interviewÉtiquettes , , ,

Bonnie « Prince » Billy : « Je suis encore intimidé par les chansons de ce nouvel album »

Bonnie "Prince" Billy / Photo : David Kasnic
Bonnie « Prince » Billy / Photo : David Kasnic

Les journées de promo consacrées aux interviews sont souvent une corvée pour les artistes. On peut aisément les comprendre, ils doivent souvent répondre aux mêmes questions, se justifier auprès de personnes qui n’ont parfois même pas pris le temps d’écouter leur album avec attention. Mais lors de ma rencontre avec Bonnie « Prince » Billy pour la sortie de The Purple Bird, ce dernier semblait être en mission, tenant absolument à rendre justice à un disque qu’il n’en revient toujours pas d’avoir enregistré. Il faut dire que le casting est impressionnant : Pat McLaughlin, Tim O’Brien, John Anderson et beaucoup d’autres légendes de la country ont participé à l’écriture de l’album et à son enregistrement en studio. Malgré tout cela, Will Oldham n’est pas tombé dans le cliché du disque country enregistré à Nashville. Sa personnalité est bien présente tout au long de ces douze titres qui sont certainement les meilleurs qu’il ait enregistrés depuis une dizaine d’années. Il nous confie dans cette interview qu’il est un peu stressé en pensant à la suite qu’il devra donner à The Purple Bird, et même si on lui fait confiance, on veut bien le comprendre.
Continuer la lecture de « Bonnie « Prince » Billy : « Je suis encore intimidé par les chansons de ce nouvel album » »

Catégories borne d'écouteÉtiquettes , , ,

Des étoiles dans les yeux de Betty

Betty / Photo : Jules Vandale
Betty / Photo : Jules Vandale

Il y a quelque chose de très fraternel dans les petits groupes qui émaillent la scène indie francilienne. Beaucoup de projets en commun, de transferts de musiciens d’un groupe à l’autre, de soirées passées à voir les uns ou les autres sur scène, avec dans le public, souvent un certain nombre de membres desdites formations venus encourager les amis. Betty en est un excellent exemple : l’idée est partie d’un travail en solo de Rémi Studer, qui a composé des morceaux pendant plusieurs années de son côté, en mode bedroom pop. Le dénominateur en commun entre lui et cette scène fut Jérôme Ganivet de Belmont Witch, qui l’a aidé à concrétiser ses rêves, il y a une dizaine d’années déjà. Tous les deux ont enregistré des démos, avec Sparklehorse, Sebadoh ou Pinback dans le rétroviseur. La vie n’a pas été clémente, et Jérôme s’en est allé. Grâce à Michele (toujours Belmont Witch), Rémi a intégré Eggs et de fil en aiguille, Manolo Freitas (Hobby et Eggs aussi) et Isabella Green Catani (Dog Park) ont rejoint Betty. Après un EP l’an dernier, le trio sort son premier album masterisé par Côme Ranjard, Reminder, comme un rappel du chemin parcouru. Dans un bel esprit DIY, tout est fait maison, auto produit jusqu’aux clips, réalisés en animation par Manolo. Avec le single City Lights, la guitare et la voix de Rémi désarment avec juste ce qu’il faut de mélancolie, et le trio apparait comme des explorateurs souterrains, lampe frontale vissée au crâne, métaphore du travail de fond de chacun dans l’underground indie local. On y aperçoit d’ailleurs la Pointe Lafayette, et vers la fin, Grégoire Bayart (Eggs), qui vient tout juste de rejoindre le groupe. Décidément, c’est une affaire de famille jusqu’au bout.

Continuer la lecture de « Des étoiles dans les yeux de Betty »

Catégories mardi oldieÉtiquettes , , , ,

Ten CC, How dare you! (1976, Mercury)

Ten CC, How dare you! Quand Théophile Gauthier théorise L’art pour l’art en 1834 en préface de son sulfureux roman Mademoiselle Maupin, il est loin d’imaginer que 142 ans plus tard un groupe de crétins britanniques en tireront Art for art’s sake, l’exceptionnel single porteur de leur grand-œuvre de 1976, le bien nommé How dare you!.

Et, en effet, Comment osent-ils sortir ça ?, serait-on tenté de dire… L’année précédente, 10 cc, le groupe en question, dans sa mancunienne idiosyncrasie, a fait péter le hit-single international avec I’m Not in love, slow trompe-braguette à faire passer le My Love de McCartney (dont il est le négatif parfait) pour la Marche de Radetzky, mais qui n’a pourtant rien à voir avec son cœur de métier habituel : soit un Bordello pop inconnu des services d’immigration. La chausse-trape se referme alors aussi rapidement que les royalties tombent. Nœud gordien. Un dernier pour la route ? Euhhhhh… Non. On va TENTER AUTRE CHOSE.
Continuer la lecture de « Ten CC, How dare you! (1976, Mercury) »

Catégories sous surveillanceÉtiquettes , , ,

Sous Surveillance : Diana Vaughan

Diana Vaughan
Diana Vaughan / Photo : Kiki de Saint Supplice

On ne va pas prétendre le contraire, nous n’étions pas dans les meilleurs dispositions au début de la soirée Womb au Sample à Bagnolet ce 16 janvier dernier. Nous nous y étions rendus pour écouter notre Ela Orleans bien-aimée, mais la nouvelle du départ de David Lynch, apprise quelques minutes avant le début de son set, nous avait coupé l’herbe sous les pieds. Il ne fut alors pas tellement question de s’attarder sur place, mais le destin en a décidé autrement. Juste après jouait un tandem totalement inconnu au bataillon, elle à la flûte traversière, lui à la basse, les deux aux synthés, qui apparemment n’en étaient pas loin de leur premier concert. Diana Vaughan, ce nom qui fait instantanément penser à une actrice hollywoodienne ou une auteure de romans du siècle dernier, n’est en fait que le nom de plume de Léo Taxil (*), un pamphlétiste anticlérical du XIXe. Suffisamment intrigant pour nous donner envie d’en savoir un peu plus. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Diana Vaughan »

Catégories hommage, sunday archiveÉtiquettes , , , , , , , ,

Marianne Faithfull, le baiser parfait

Il y a 23 ans, Étienne Daho interviewait Marianne Faithfull.

Etienne Daho et Marianne Faithfull / Photo : Philippe Lévy
Etienne Daho et Marianne Faithfull / Photo : Philippe Lévy

Hiver 2002. On a rendez-vous dans le jardin d’hiver d’un bel hôtel parisien – un hôtel dont on a oublié le nom mais qui n’était pas loin du Jardin des Tuileries. Ils sont deux, un homme et une femme. Un fan et une femme. Deux artistes qui se connaissent depuis quelque temps alors… Ce n’est certainement pas un drôle d’endroit pour cette rencontre. Le lieu leur va bien. Surtout à elle, dont les excès connus de presque tous n’ont pas réussi à mettre à mal une incroyable élégance.

J’imagine que l’idée de cette rencontre – plutôt évidente au demeurant– nous était venue une fin de journée dans les locaux alors enfumés du Boulevard de Ménilmontant (Paris XIe), entre quelques cadavres de bouteilles (bières, vin, voire vodka et whisky), des cendriers trop pleins et des paquets de chips éventrés – quant aux seules drogues présentes, c’était en général des fraises Tagada et autres sucreries du même acabit. J’imagine surtout que dans l’euphorie de la confusion, tout le monde avait trouvé ladite idée géniale. Quelques semaines plus tard, pour évoquer un album qui comptait à son générique beaucoup d’artistes qur la RPM canal historique tenait en assez haute estime, on se présentait dans ce jardin d’hiver pour retrouver l’homme et fan Étienne Daho et la femme Marianne Faithfull – dont on n’a jamais pu s’empêcher de penser que le nom disait tant…  À l’annonce de sa disparition jeudi dernier, j’ai mis trois jours à me souvenir de cette rencontre-là – et de me dire une fois encore que la mémoire était parfois très joueuse. Un peu trop peut-être. Heureusement, j’ai retrouvé trace de ce que ces deux-là s’étaient dit ce jour-là…

Continuer la lecture de « Marianne Faithfull, le baiser parfait »

Catégories hommageÉtiquettes , ,

So long, Marianne.

La guitare Martin D-X1AE utilisée sur les albums "Give My Love To London" et "Negative Capability" photographiée chez Marianne Faithfull pour les enchères Sotheby's.
La guitare Martin D-X1AE utilisée sur les albums « Give My Love To London » et « Negative Capability » photographiée chez Marianne Faithfull pour les enchères Sotheby’s (détail).

Je me souviens de son parfum, L’Ombre dans l’eau, qui habitait toutes les pièces de son appartement luxueux de la rue d’Anjou, près de Madeleine, à Paris. Du tatouage d’une petite hirondelle au creux de sa main gauche, presque complètement délavé par toutes ses années d’infortune. Continuer la lecture de « So long, Marianne. »

Catégories interviewÉtiquettes , , , ,

Mike Lindsay et le puzzle Tunng

Tuung / Photo : DR
Tuung / Photo : Paul Heartfield

Que reste-t-il à vivre et à dire après vingt années de vie commune ? De bien belles choses semble-t-il, si l’on se fie aux premières écoutes du nouvel album de Tunng, Love You All Over Again. Au terme de deux premières décennies d’un mariage, souvent harmonieux, parfois tumultueux, Sam Genders et Mike Lindsay ont décidé de s’en tenir à ce qu’ils savent faire de mieux ensemble : un mélange des genres contrasté où les structures folk traditionnelles se mêlent aux explorations électroniques contemporaines. En l’absence du premier nommé, c’est donc le second qui, depuis son studio du Kent, partage quelques impressions, anciennes et nouvelles, sur cette recette originale de la longévité. Continuer la lecture de « Mike Lindsay et le puzzle Tunng »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : Côme Ranjard

Côme Ranjard / Photo : Nicolas Despis

En juin dernier, à l’occasion de la sortie d’Intraterrestre, le second EP de Côme Ranjard, nous nous étendions déjà sur le talent du chansonnier parisien ; l’efficacité pop de ses refrains, la douceur-amère de ses textes, le souci du détail dont recèlent ses arrangements. En milieu de mois, il publiait Pop-Corn, son deuxième album ; pop oui, corny (banal) loin de là. Derrière sa voix grave si caractéristique résonnent des chœurs, mais aussi des sonorités révélatrices de sa curiosité musicale : l’exotisme du lap steel, la chaleur de la flûte, de la clarinette, ou du clavier seventies… Avant de célébrer la sortie de l’album au Hasard Ludique le 12 février prochain, Côme a choisi pour nous dix titres qui l’ont, selon ses mots, « chamboulé à un moment ou à un autre de [sa] vie ». « On part de Hawaï pour aller en France, aux États-Unis, en passant aussi par la Grèce, le Japon et enfin le Brésil. Ce ne sont pas particulièrement des influences spécifiques mais plutôt une sélection de morceaux que je trouve profondément beaux. » ; on le suit !

Continuer la lecture de « Selectorama : Côme Ranjard »