Vous connaissez la chanson : tous les derniers dimanches du mois, nos rédacteurs mettent en commun leurs coups de cœur respectifs parmi les nouveautés. La playlist, ou plutôt le patchwork qui en découle, est plus ou moins harmonieux selon les cas, mais a le mérite de refléter ce que nous avons véritablement écouté et aimé au cours des dernières semaines. Cette fois-ci, force est de constater que les femmes manquent à l’appel (et la présence de La Femme dans le cru de novembre ne saurait compenser ce regret). Un manque de parité qui reflète malheureusement sans doute l’état des scènes musicales que nous aimons défendre dans ces pages. Écoutons donc avec attention Katy J Pearson, Laetitia Shériff, Vanille ou Ana Roxanne en attendant la playlist de décembre qui, nous l’espérons, sera plus féminine. (Coralie Gardet)
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NDLR : Les playlists sur Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des 38 titres de cette sélection.
1. The Boy With The Perpetual Nervousness, Falling Through
Mine de rien, Andrew Taylor a tout de même réussi à publier 5 albums cette année – tous dans mon Top10. Et il a même pris un peu d’avance pour 2021. (MG)
2. Spencer Cullum, Jack of Fools
Spencer Cullum s’est forgé un nom au sein de la scène americana anglaise pour son talent, rare, de joueur de pedal steel guitar. Il y a une dizaine d’année, il a décidé de poursuivre sa carrière à Nashville, où il a accompagné les plus grands. Son premier album solo, entre folk-rock et krautrock façon Can, est une merveille de sensibilité 70s. A ne surtout pas manquer. (CG)
3. Buck Meek, Pareidolia
Le camarade big-thivien Meek s’est cloîtré une courte semaine avec musiciens, trois micros et demi et des bandes au plus chaud du Mississipi, pour un album à l’os dont le deuxième extrait cloue l’auditeur aux nuages. On le retrouve bientôt dans nos pages. (CC)
4. Katy J Pearson, Tonight
Katy J Pearson vient de Bristol et pourtant elle nous propose, avec ce premier album signé chez Heavenly Recordings, l’une des sorties les plus lumineuses de l’année 2020. (CG)
5. Constant Follower, I Can’t Wake You
On ignore encore à peu près tout de Constant Follower. Le coeur de second single bat du côté de Glasgow et ce titre est simplement magnifique. C’est l’essentiel. (MG)
6. The Attendant, Goodbye 21st Century
Poésie noire sur fond de lambeaux instrumentaux dévastés : le nouveau projet de Pete Astor est au diapason de l’humeur générale. Sombre et inspiré. (MG)
7. Grandaddy, He’s Simple, He’s Dumb, He’s the Pilot
Et voilà que Jason Lytle se (re)met au piano et (ré)interprète les plus belles de ses comptines mélancoliques faites de boue et de câbles à l’occasion des 20 ans de The Sophtware Slump, le chédeuvrabsolu de Grandaddy dont nous savons qu’un grand nombre de nos lecteurs portent fort dans leur cœur. L’intensité de l’émotion et la beauté de la voix sont intactes, à (ré)écouter donc, et à (re)lire aussi l’entretien avec Matthieu Grunfeld paru dans nos pages au début de ce mois. Don’t give in 2000 Man. (PN)
8. Matt Sweeney & Bonnie ‘Prince’ Billy, Make Worry For Me
Quinze ans après Superwolf, qui reste l’un de ses meilleurs disques des années 2000, Bonnie Prince Billy reforme son duo avec Matt Sweeney, son vieux compère de Louisville, pour un Make Worry for Me aux effluves psychédéliques qui annonce un retour au premier plan. Vivement l’album ! (CR)
9. Laetitia Shériff, Sign of Shirking
Dans l’art trop sous-estimé de la citation, un coup de maître de la part de Laetitia Shériff, comme si Happiness Is a Warm Gun sortait chez Southern Lord. (CC)
10. Zipper, Sunday
Projet d’Adélaide (Australie) regroupant la crème des formations locales (Wireheads, Nylex, Rules Of Third…), c’est abrasif, anguleux et piquant. Bravo Urticaria Records pour la sortie française !(VDPJ)
11. Ariel Pink, She’s Gone
Une magnifique cover des Dovers de 1965 où l’essence de la version originale plane au dessus d’Ariel Pink. A paraître sur les Odditties Sodomies Vol. 3 et 4 à venir en début d’année prochaine chez Mexican Summer.(VDPJ)
12. Sad Eye Beatniks, Forest Hill Staircase
Kevin Linn et Sad Eye Beatniks sortent leur cinquième cassette sur le label de Linn, Paisley Shirt. Les morceaux ne dépassent pas les 3 minutes, l’ambiance est adolescente et la mélancolie est de mise. Amateur.ices de belles mélodies, ceci est pour vous ! (VDPJ)
13. Frankie Traandruppel, Sad Trip
Nouveau 7 pouces pour l’équipe de Lee Swinnen. Cette face B sonne comme une balade d’automne. Paru chez Ronny Rex Records. (VDPJ)
14. Mark Pritchard, Be Like Water
Nouvel EP de Mark Pritchard, véritable sommet postmoderne revisitant une certaine culture dancefloor, entre electro-bleep, IDM et Bass Music. (VC)
15. Jorge Elbrecht, Pierced By The Ice
Résumé des épisodes précédents : on connait déjà 6 des 13 morceaux de l’album de Presentable Corpse. La campagne de financement s’est conclue par un franc succès en moins de 24 heures. Nous sommes ravis, Jorge l’est aussi et joue de sa voix d’ange sur cette ballade soul d’outre-tombe. C’est Pierced By The Ice qui viendra cloturer l’album le plus attendu de 2021. (XM)
16. Departure Lounge, Al Air Libre
Retour presque inespéré et pourtant très réussi de Tim Keegan, annonciateur du premier album de Departure Lounge depuis presque 20 ans.(MG)
17. Jack Stauber, Easy To Breathe
Quand il n’est pas occupé à devenir viral sur TikTok avec sa pop floue et dégonflée (Buttercup), Jack Stauber continue de produire de superbes petits films d’animation en stop motion dont il réalise également de la bande son. Diffusé récemment sur Adult Swim, son court métrage musical Opal comporte quelques pépites tordues dont il a le secret, comme cet irresistible Easy To Breathe. (EV)
Depuis des années, Pat Chapi Chapo écume les vide-greniers et les brocantes à la recherche de jouets musicaux. Le Finistérien en a accumulé des centaines et utilisé 73 pour nous concocter un quatrième album pop et complètement réjouissant, avec des invités de marque tels Laetitia Sheriff, Jad Fair, Troy von Balthazar… Dans cet extrait, c’est Emilie Quinquis (Tiny Feet et épouse de Yann Tiersen) qui s’y colle avec brio ET en breton. A paraître le 4 décembre 2020 chez les Brestois Music From The Masses, distribution Pias. (CM)
19. La Femme, Cool Colorado
Paradigme avait fait débat chez Section26. Cool Colorado, un peu plus classique dans la forme avec ses influences sixties, devrait mettre un peu plus de monde d’accord. La production est un peu étrange (en particulier le son des cuivres) mais le morceau a de la gueule ! (AGF)
20. Reptaliens, Do you know
Le duo de Portland – Bambi et Cole Browning – vient de sortir un très bel EP, Wrestling, chez Captured Tracks, composé pendant le confinement. J’ai lu quelque part que « listening to Reptaliens is like doing drugs without its downsides ». C’est pas faux ! Et la voix de Bambi – qui dit être obsédée par les aliens – est particulièrement envoûtante.(CM)
21. Mustang, Memento Mori
Mustang revient. La plume de Jean Felzine nous manquait. Memento Mori est une chanson gracile dont l’élégance se pare de la simplicité de ceux qui ont su abandonner les artifices superflus.(AGF)
22. Michel Cloup Duo & Pascal Bouaziz, Travailleurs de l’usine
Le nouvel album des Rennais, Full Time Bored, est sorti chez Géographie le 20 novembre. Pop, mélancolique et languide, parfait pour accompagner l’automne.(CM)
24. Stimulator Jones, Cupcakes
Nouvel album prévu pour 2021 ! Le trentenaire américaine revient avec un instrumental jazz funk quelque part entre le jazz funk de Lonnie Liston Smith et le hip hop boom bap de Guru. (AGF)
25. Vanille, Carte du Ciel
Une chanteuse québécoise, quelque part entre Juniore et Melody’s Echo Chamber. Une certaine idée de la pop indépendante avec des influences sixties, à la fois élégante et mélancolique.(AGF)
26. Ana Roxanne, Suite Pour L’invisible
Révélée l’an passé par un premier EP de toute beauté, Ana Roxanne passe au long format avec Because Of A Flower. Un album sublime, proposant une ambient pop feutrée, gorgées de chœurs haut perchés et de douces rêveries new age. La preuve avec cette Suite pour l’Invisible, où se mêlent les échos de Grouper, Julianna Barwick et Eno. (EV)
27. Dummy, Pool Dizzy
Cette nouvelle formation de Los Angeles a fait ses débuts avec un EP paru en mai. A peine six mois plus tard, le groupe en dégaine un second, dans lequel il développe son penchant pour le drone et le lo-fi, avec l’aide de Joo-Joo Ashworth (Froth) au mixage. On pense à Peel Dream Magazine, et c’est bon signe.(CG)
28. Personal Trainer, Politics
Personal Trainer est un collectif d’Amsterdam fédérant plusieurs groupes autour du chanteur Willem Smit, et a été qualifié de « chaos parfaitement organisé ». Si l’on ajoute que leur 10″ Gazebo sortira en février chez Holm Front – le label des activistes britanniques Sports Team – on ne peut qu’attendre avec curiosité le chaos hollandais. (CM)
29. Arab Strap, Compersion Pt.1
« She has only one confidant, a psychosexual shrink / I think she’s wasting her money, I think we just need a drink » C’est désormais un secret de polichinelle : As Days Get Dark, l’album qui sortira le 5 mars, est bien à la hauteur stratosphérique de ce second extrait. (EG)
30. AC/DC, Through The Mists Of Time
Numéro 1 dans plus de 18 pays la semaine de sa sortie, l’antepénultième album des Australiens Power Up me fait bien plaisir, et cette quasi-ballade crépusculaire, entre les Stones et Rod Stewart, en premier lieu.(EG)
31. Kiwi Jr., Cooler Returns
Nouvel extrait de l’album de Kiwi Jr. à sortir chez Sub Pop, Cooler Returns est un morceau fortement influencé par le son US des 90’s. Ses influences slacker bien digérées en font un titre d’une efficacité redoutable. (DJ)
32. TB Ridge As The Director, Rock’n’Roll Heart
Tom Ridgewell qui officie dans Constant Mongrel (formation punk de Melbourne) calme le jeu et ralentit le tempo avec cet EP sorti chez Anti Fade. C’est plus « groovy » et ça sent bon les années 1970.(VDPJ)
33. Martin Gore, Mandrill
Retour à l’électro pour Martin Gore avec ce titre sombre et pas si éloigné des productions solos de l’ex Depeche ModeAlan Wilder. Mandrill est extrait d’un EP à paraître chez Mute en janvier. (DJ)
Croisée récemment chez Arca, l’anglaise Shygirl revient avec un deuxième EP, Alias, qui nous crache à la gueule sept morceaux qui puent la sueur, avec leurs beats metalliques crasseux (Sophie au générique, sans surprise) et leurs grognements hip-hop tétus. Tube lubrique imparable, Freak fait varier son tempo et enchaîne les climax dans une micro-orgie industrielle délicieusement frontale. (EV)
36. Liturgy,SIHEYMN’s Lament
Les puristes hurlent, mais Liturgy continue son chemin idosyncratique et avant-gardiste en marge de l’univers du black metal, créant des trous noirs impensables où se croisent hurlements et musique de chambre glitchée, riffs ultraviolents et pianos mélancoliques, relectures de Messiaen et explosions dissonnantes. Ça ne ressemble à rien. Mais quel bonheur que ça existe. (EV)