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Homeshake, In The Shower (Sinderlyn, 2014)

The Homeshake Tape (2013) accompagna notre été naissant, cette année-là. Bande originale d’un road-movie dont nous étions les héros, le disque nous marqua profondément. Il est probable que nous ne fûmes pas les seuls à tomber sous le charme irradiant de cette cassette éditée à bien peu d’exemplaires par le précieux label Fixture Records. Derrière Homeshake, un nom bien connu des aficionados de Mac DeMarco, le guitariste de son groupe live : Peter Sagar. Originaire d’Edmonton mais installé à Montréal, le Canadien partage avec son camarade de label (Sinderlyn est une nouvelle structure créée par Captured Tracks) ce goût pour un funk blanc éclopé et dépenaillé. Les guitares sont tordues, clinquantes et accordées avec une justesse relative. La comparaison a ses limites. Magnifique premier long format de l’intéressé, In The Shower en est une excellente illustration. L’album creuse les obsessions de Sagar déjà présente en filigrane dans The Homeshake Tape (2013), soit une pop nourrie à la southern soul, au jazz (Slow), au blues (Doo Dah), rugueuse et pourtant si raffinée ! Le disque se situerait ainsi quelques part entre Orange Juice, Prince et des Ohio Players sous calmants (She Can’t Leave Me Here Alone Tonight). Dix morceaux et presque autant de diamants bruts qui vont hanter vos soirées, votre vie, s’insinuer dans les méandres de votre esprit et ne plus jamais vous lâcher. Mélancolique, indolent, mais râpeux, In The Shower sonne terriblement juste et sincère. Il saisit avec la hardiesse des grands ce qui rend la soul si puissante : capturer un peu d’âme et l’offrir à nous autres, mortels et séculiers.

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Bleeding Rainbow, Interrupt (Kanine)

Bleeding RainbowReading Rainbow était un charmant duo indie pop de Philadelphie. Aux côtés d’ Eternal Summers et des Young Sinclairs, ils représentaient les plus sérieux espoirs du coin. Après deux albums très chouettes dont l’excellent Prism Eyes (2009), le duo devient quatre et lâche Reading pour Bleeding. Édité dans la foulée, Yeah Right (2011) est une relative déception. Le son a gagné en puissance, mais le groupe a perdu en grâce. Interrupt, bien que dans la lignée de son prédécesseur, nous réconcilie en partie avec les Américains, sans toutefois évacuer tous nos regrets. Dans ses meilleurs moments (Dead Head, Time & Place), le disque évoque une rencontre entre les Posies et Hole, soit un album sous forte influence 90’s. On imagine volontiers Bleeding Rainbow dans le catalogue de Sub Pop produit par Don Fleming. Les batteries cognent, les guitares noisy et massives en mettent plein la gueule. Seule la voix de Sarah Everton amène un peu de lumière dans cet univers impitoyable (Out Of). La recette fonctionne assez bien. On est souvent séduit (Tell Me, Start Again), mais attention à l’indigestion cependant (Images). Un peu de légèreté aurait été bienvenue.

 

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The Young Sinclairs, This is The Young Sinclairs (Ample Play / Modulor)

The Young Sinclairs est un des secrets les mieux gardés de la scène indépendante américaine. Leur nouvel album, This Is The Young Sinclairs est le premier à bénéficier d’une distribution française grâce à une signature sur l’excellent label Ample Play (Sudden Death Of Stars, Bed Rugs). Membre de la famille informelle The Magic Twig Community (Bleeding Rainbow, Eternal Summers), le groupe de Roanoke (Virginie) s’est fait le chantre d’un folk-rock élégant et gracieux depuis une dizaine d’années. 45 Tours après 45 Tours, Sam Lunsford, principal compositeur et initiateur du groupe, a perfectionné un son majestueux et cristallin qu’il déroule fièrement sur ces quinze compositions. La première face de l’album compile une sélection de titres édités en simples dans lesquels Dylan croise les Byrds. Gorgés de Rickenbacker 12 cordes, Problems, New Day et Turned Around font mieux qu’imiter les maîtres, ils les égalent. Chansons égarées dans une faille spatio-temporelle, entre 1966 à Los Angeles et 1987 à Glasgow, l’émotion et la sincérité qui les parcourent sont intemporelles. Dans le second acte, The Young Sinclairs, à la surprise générale, remisent les guitares, place aux pianos et orgues ! That’s All Right et Between The Summer And The Fall tiennent ainsi autant d’Otis Redding et Booker T Jones que du Zimmerman et McGuinn. Country et Soul s’unissent dans un slow langoureux culminant sur la sublime All Fallen Down. Lui succède une anodine I Could Die. Conclusion bien trop bruyante pour un disque si délicat et sensible.

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The Field, Cupid’s Head (Kompakt/Modulor)

The FieldLe risque, avec un groupe comme The Field, c’est d’avoir un peu le sentiment d’écouter le même disque à chaque nouvelle sortie, tellement le choix esthétique défendu par le Suédois Axel Willner est précis et pointu. Des titres longs, instrumentaux, et progressifs qui puisent dans le dénominateur commun entre shoegaze, krautrock et techno.

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Outer Limits Recordings – Singles, Demos & Rarities 2007-2010 (Weird World)

Outer Limits RecordingsOn l’avait presque oublié. Et voilà que Sam Mehran se rappelle à notre bon souvenir en assistant Matt Mondanile sur le récent album de Ducktails, The Flower Lane (2013). Mehran, ce héros éphémère et bordélique qui partageait la vedette avec Devonté Hynes (Lightspeed Champion, Blood Orange) dans Test Icicles, mérite lui aussi d’être connu, mais pour d’autres raisons. Continuer la lecture de « Outer Limits Recordings – Singles, Demos & Rarities 2007-2010 (Weird World) »

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Lawrence Of Belgravia de Paul Kelly (2011, Heavenly Films)

Lawrence Of Belgravia Paul Kelly

« I live my life as if I was in a film, you could have been my co-star, oh what a thrill ! » Ça torturait Lawrence depuis un bout de temps. Ces mots sont tirés de la chanson I Talk With Robot Voice, extraite de l’album de Go-Kart Mozart, On The Hot Dog Streets, mais écrite il y a des années déjà. On ne cherchera pas à la dater précisément, mais la première mouture a possiblement près de quinze ans. Et puis, l’intéressé le confie volontiers en interview : il a toujours su, quelque part, qu’on ferait un film sur lui. Tout comme un livre, d’ailleurs. Il est tellement sûr de son talent, il attend tellement le succès qu’il s’y est toujours préparé. Et il a derrière lui une histoire tellement incroyable. Continuer la lecture de « Lawrence Of Belgravia de Paul Kelly (2011, Heavenly Films) »

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Paul Weller, Studio 150 (V2/Sony)

A force de l’écouter distiller, au fil d’une discographie pléthorique, les hommages multiples à ses nombreux héros et maîtres, on avait fini par oublier que, paradoxalement, Paul Weller n’avait encore jamais publié d’album entièrement composé de reprises. Une omission aujourd’hui réparée grâce à cette série de 12 covers, enregistrées dans une atmosphère qui fleure bon la décontraction et la bonhomie au Studio 150 d’Amsterdam. Et si, comparé aux flamboyances de ses deux dernières créations solitaires, Illumination et surtout Heliocentric, le résultat relève forcément davantage de l’anecdote que de l’œuvre majeure, il n’en demeure pas moins que cette sélection plus ou moins inattendue finit par composer un panorama fragmenté, mais captivant, d’influences pas toujours évidentes. Nulle trace, par exemple, des inévitables monuments de la culture mod, si souvent visités par Weller qu’ils semblaient s’imposer d’eux-mêmes. Négligeant ainsi ses amours de jeunesse, The Who ou The Small Faces, pour cause d’usure et de lassitude prématurées, il puise ici l’essentiel de ses références dans deux sources bien distinctes qui colorent ce portrait en blanc et noir. D’un coté, la tête, représentée par le classicisme bon teint du songwriting folk avec ses inébranlables figures paternelles (Bob Dylan, Neil Young), et ses cousins éloignés (Gordon Lightfoot). De l’autre, les jambes, qui trouvent à s’agiter au son d’obscures pépites northern soul (If I Could Only Be Sure de Nolan Porter) ou de tubes disco plus consensuels (Thinking Of You de Sister Sledge, superbement réinterprété). Au total un  album aussi dispensable et plaisant qu’une compilation de b-sides. Mais celle-ci, Weller l’a déjà publiée…

Cet article a été publié en Août 2004 dans la RPM.

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L’interview collégiale de Lee Hazlewood

Lee Hazlewood
Lee Hazlewood

Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de rencontrer une légende vivante. Un personnage culte. Un génie de la musique pop, rock, country, j’en-passe-et-des-meilleures. Et ne perdez pas de temps à essayer de rayer l’une de ces mentions. Elles sont toutes exactes. Quoique… Peut-être un peu en dessous de la vérité. Lee Hazlewood, donc. Ni un poète, ni un idiot, ni un minable. Un producteur, compositeur, arrangeur intelligent, malin et drôle qui a fondé son premier label, Viv Records en… 1955. Un type dont les chansons, au ton souvent bien plus ironique qu’il n’y paraît, ont été reprises, au fil des âges, par Elvis Presley, Dusty Springfield, Dean Martin, Einstürzende Neubauten, The Jesus And Mary Chain, Slowdive ou Robbie Williams.

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