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Jennifer Charles, la fidèle

Jennifer Charles, sur la scène des Vinzelles à Volvic, 2022 / Photo : Morgane Imbeaud

C’était il y a vingt ans – presque très exactement. La RPM canal historique était devenue (ou en passe de devenir) le média qui plus que tout autre allait prendre fait et cause pour les disques de Jean-Louis Murat, certes déjà adoubé par Les Inrockuptibles (LA fameuse une bleue délavée du numéro 31) mais qui avait trouvé en la plume du journaliste Franck Vergeade un thuriféraire d’une rare fidélité. L’Auvergnat n’était pas encore devenu le stakhanoviste des sorties d’albums – il en était aux prémices – et ses interventions médiatiques ne défrayaient pas encore les chroniques. Certes, il s’était mis à nu (au propre, pour le coup) dans un numéro de la RPM (le numéro 45 pour celles et ceux qui sont intrigués), et cela nous avait valu une mention dans un ou deux confrères moins portés sur la chose musicale. Quoi qu’il en soit (car je sais que d’aucuns chipoteront), il avait déjà cette sainte horreur de se répéter et aimait surtout concrétiser ses idées, mêmes les plus farfelues – ce qui n’était pas le cas ici.  Coincé entre Lilith et 1829, A Bird On A Poire n’était pas je crois à proprement parler un album de Jean-Louis Murat – et tant pis si je suis excommunié pour écrire cela. Ce disque aussi gai que les traits légers et pastel de sa pochette, aux accent sixties et aux tons résolument badins (coquins, oseraient certaines et certains) est un album imaginé à deux et enregistré à trois (un peu plus en fait) – composé et écrit par le bassiste suisse Fred Jimenez et celui qu’on commence à surnommer Le Moujik, rejoints en studio par l’Américaine Jennifer Charles, dont la voix  caressante – oui, exactement, de celles qui tiennent dans un mouchoir – avait déjà épousé celle de Murat cinq ans plus tôt, sur ce qui reste peut-être comme la pierre angulaire d’une discographie plurielle, l’œuvre outre-atlantique Mustango. Continuer la lecture de « Jennifer Charles, la fidèle »

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Trente ans dans la vie d’une femme.

Au moment de la sortie du nouvel album de Beth Gibbons, Lisa Balavoine retrace le chemin qui la relie à elle.

Beth Gibbons, Lives Outgrown (Domino, 2024)
Pochette de l’album de Beth Gibbons, Lives Outgrown (Domino, 2024)

Il y a trente ans, je tombais amoureuse d’une femme. Je tombais amoureuse d’une voix, d’un timbre, d’un souffle, d’un murmure. Je tombais amoureuse d’une façon de se tenir debout, de s’arrimer au micro, de fermer les yeux, de porter un carré long, un jean noir et un tee-shirt noir aussi. Je tombais amoureuse d’une élégance rare, d’un phrasé singulier, d’une délicate modestie. Je tombais amoureuse de Beth Gibbons. Continuer la lecture de « Trente ans dans la vie d’une femme. »

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Sous Surveillance : Ashes Divine

Thomas Guendafa / Ashes Divine
Thomas Guendafa – Ashes Divine / Photo : DR
Qui ?

Thomas Guendafa

Où ?

Paris, France Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Ashes Divine »

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Manset, L’algue bleue (Parlophone)

 » Quand le printemps revient, on a raté sa vie. »

Derrière une pochette qu’on dirait volée à une relance de Métal Hurlant (par exemple à un numéro spécial cyber romantisme, ce genre), il y a un nouveau disque de Manset (si tu n’as pas perdu ton prénom après 60 ans…) : au fond, il vient de là, de cette période année 1970 où s’est figé le fonds de son style, unique, une vision de la variété rock posée sur des guitares électriques ou acoustiques, des pianos, une voix toujours au bord de la rupture, poussée, ne cherchant jamais à faire joli, ni à plaire et des textes charriant des histoires de rapport aux autres, de géographies réelles ou mentales, avec une poésie parfois absconse, parfois lumineuse. Comme la face sombre et torturée post 1968, un cauchemar du Big Bazar en somme, même si, sans exagérer, on pourrait mélanger la chronologie de la sortie des albums de Manset, personne n’y verrait que du feu. Que je vous dise que ce disque est sorti en 1993 ou en 1987, peu d’indices vous diraient le contraire, OK, le son et la qualité des enregistrements, peut-être, me diront les spécialistes ORL. Continuer la lecture de « Manset, L’algue bleue (Parlophone) »

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Leandro Barzabal et Céleste Gatier, Meditate & Destroy (Les Disques Omnisons)

Records Ruin the Landscape est le titre d’un ouvrage de David Grubbs. Il y évoque la défiance que toute une scène expérimentale a très souvent manifesté envers l’enregistrement sur disque – la captation d’un moment forcément en-deçà de la puissance cathartique de l’improvisation. Aussi, un préjugé tenace qui n’est pas sans saisir l’auditeur.rice devant ce disque de Léandro Barzabal et Céleste Gatier. Deux figures bien connues de la scène expérimentale, improvisée et bruitiste parisienne – Non-Jazz/Sonic Protest/Broken Impro, – remarqué.es notamment par la dimension performée de leurs démarches respectives. Continuer la lecture de « Leandro Barzabal et Céleste Gatier, Meditate & Destroy (Les Disques Omnisons) »

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Cleaners From Venus, Midnight Cleaners (Man At The Off Licence, 1982)

Dans les années 80, le développement de la cassette audio conduit à une véritable révolution pour les musiciens. En l’espace de quelques années, il devient possible de s’enregistrer et distribuer sa musique depuis chez soi. Avant même l’avènement du P2P, la musique se diffuse à travers la poste, les fanzines et les passionnés de musique. Le groupe britannique Cleaners From Venus embrasse de toutes ses forces le do it yourself. En effet, la formation enregistre à la maison sur un 4 pistes puis propage la bonne parole à travers des K7 auto-éditées et des enveloppes pré-timbrées. Tout le monde peut copier la musique et même demander une pochette au groupe. Cette démarche, les Cleaners From Venus ne sont pas les seuls à l’avoir. Continuer la lecture de « Cleaners From Venus, Midnight Cleaners (Man At The Off Licence, 1982) »

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John Bramwell, The Light Fantastic (autoproduit)

Il a souvent été question de lumière dans les chansons de John Bramwell. L’éclat solaire impromptu saisi au détour d’un nuage, le scintillement discret d’une étoile dans un ciel nocturne, la lueur du matin qui colore la grisaille sans pour autant la dissiper totalement. La métaphore pourrait sembler convenue mais elle condense, en l’occurrence, quelque chose de bien plus substantiel dans cette écriture qui, depuis les premiers titres de I Am Kloot découverts il y a près d’un quart de siècle, s’attache à restituer le plus honnêtement possible les contrastes entre les trivialités éphémères et moroses du quotidien et la beauté que leur insuffle les formes poétique et musicale. Continuer la lecture de « John Bramwell, The Light Fantastic (autoproduit) »

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Savoir-Faire is everywhere

Rencontre avec Steve Albini après l’enregistrement de « Terraform » avec son groupe Shellac en 1997.

Steve Albini / Photo : Paskal Larsen (Angers, France, 1994)
Steve Albini / Photo : Paskal Larsen (Angers, France, 1994)

Alors qu’il enregistrait le nouvel album d’Héliogabale (1997), Steve Albini a quand même pris le temps de nous accorder une interview. Disponible, attentif, sûr de lui, loin de sa grande gueule légendaire, il nous parle du nouvel album de son groupe Shellac, insiste sur Métal Urbain avant de défendre son nouveau rôle de businessman. Par contre, si vous pensez qu’on lui posera des questions sur Kurt Cobain, vous vous trompez de magazine. Continuer la lecture de « Savoir-Faire is everywhere »