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Selectorama : Warietta

Warietta / Photo : Boni Jpeg
Warietta / Photo : Boni Jpeg

Il y a des démons du passé, des cadavres décomposés dans le placard de la musique du messin Guillaume Marietta. De projets (A.H. KRAKEN, The Feeling of Love) nés dans le joug de La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est, dont il a témoigné l’an passé à travers un documentaire percutant comme une balle dans le cœur, jusqu’à ce Handkuss Jesus paru ce mois, au nom d’artiste à propos en ces temps armés : Warietta. Un disque où ses mélopées graves / aigues, autant Bowie que Murphy, soulignent une fois encore le talent fou de songwriter du dandy dépité et dérangeant. Aussi synthétique que profondément rock (Si le rock voulait encore dire quelque chose, dit-il), la cartouche goth / wave jamais loin, ce nouvel album lacère nos derniers espoirs envers ce monde nauséabond avec flamboyance et noirceur. Excellente raison pour demander à ce personnage précieux et érudit quelques références de plus. Continuer la lecture de « Selectorama : Warietta »

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Myriam Gendron, Mayday (Feeding Tube Records / Thrill Jockey)

Ce qui fut : I – Le Magicien

« Je ne sais pas moi, j’improvise », me souffle-t-on dans l’oreille et à propos de tout autre chose.

Pas de plan mais une carte, les éléments et les suites au grand jour mais sans explication. Seulement de la magie, deux albums inattendus et pas tant inouïs que : actifs. Not So Deep as a Well, avec les mots rendus de Dorothy Parker, Ma délire – Songs of Love, Lost and Found, avec les siens de mots, Myriam Gendron, et d’autres. Deux disques qui retournent les cœurs les plus usés, leur inoculent une joie et une espérance, transmutent par une musique qui semble toujours avoir été là, cachée sous les yeux. Un chemin débroussaillé, catalogue des possibles, que nous habitons. Leçons et savoirs ancestraux, ça fouille, remue ; si folk veut dire quelque chose, ça veut dire cela, enregistré en chambre ou en compagnie, acoustique ou électrique, une idée du monde et de sa transmission. La Grande Prêtresse toque doucement à la porte, lever de lune, l’obscurité transperce après-midi comme matin. Continuer la lecture de « Myriam Gendron, Mayday (Feeding Tube Records / Thrill Jockey) »

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XTC, Drums and Wires (Virgin, 1979)

XTC représente une certaine idée de la pop anglaise, altière, ouverte, moderne mais s’inscrivant concomitamment dans une certaine tradition locale. Le groupe de Swindon n’a en effet jamais cherché à masquer leur anglicité. Comme d’autres (Blur, Madness, The Kinks) ils en ont même fait une singularité. Après deux galops d’essai, les musiciens marquent les esprits avec le superbe Drums and Wires (1979), devenu depuis un classique de la période. Continuer la lecture de « XTC, Drums and Wires (Virgin, 1979) »

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Ryan Davis & The Roadhouse Band, Dancing On The Edge (Sophomore Lounge / Tough Love Records)

Trois accords et la vérité. La formule brevetée il y a plus d’un demi-siècle par Harlan Howard pour caractériser l’essence de la country est devenue, au fil des décennies, un poncif si éculé qu’elle en a perdu, le plus souvent, une bonne partie de sa pertinence. On a trop entendu de ces histoires de beuveries déglinguées et de désastres amoureux pour vibrer au premier son de banjo ou de mandoline. Et puis, de temps en temps, on entend une voix singulière qui parvient à déchirer les trames trop bien cousues de trop gros fils des conventions génériques. Celle de Ryan Davis a surgi, il y a quelques mois, de Louisville – oui, comme Will Oldham et Slint en leur temps. C’est ainsi que l’un des meilleurs albums de 2024 a lentement enjambé les quelques mois qui le séparait de 2023. Publié une première fois, à l’automne dernier, de façon locale et confidentielle sur le label de son auteur, Sophomore Lounge, Dancing On The Edge bénéficie cette semaine d’une seconde chance bien méritée à l’occasion d’une tournée britannique en première partie des concerts de The Reds, Pinks & Purples. Continuer la lecture de « Ryan Davis & The Roadhouse Band, Dancing On The Edge (Sophomore Lounge / Tough Love Records) »

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Stuart A. Staples, une vie de chien (chanceux)

Stuart A. Staples / photo : Richard Dumas
Stuart A. Staples / photo : Richard Dumas

À quelques semaines de la sortie du nouvel album de son groupe de presque toujours – Soft Tissue, absolument merveilleux –, retour sur une rencontre londonienne avec Stuart A. Staples. Une rencontre d’il y a presque vingt ans. Le leader de l’un des groupes qui a donné l’envie à certaines et certains de se lancer dans l’aventure de la RPM s’échappait pour la première fois en solo. Alors, en un coup d’Eurostar et de métro londonien, je me retrouvais dans un quartier excentré de la capitale britannique, accueilli par ses soins. Sourire en coin et toujours disert, l’homme détaillait les péripéties qui l’avaient conduit jusque-là… Avec le recul, cet instant est en fait un tournant même si je crois que même lui ne le savait pas encore : cette parenthèse allait finalement clore une époque, autant dans sa vie de musicien – Tindersticks ne réapparaitrait que trois ans plus tard, dans une nouvelle incarnation – que personnelle – avec sa femme et ses enfants, il allait quitter son pays pour poser valises et instruments dans une petite bourgade du centre de la France… Mais avant ces révolutions, il nous avait raconté tout cela – et sans doute plus encore. Continuer la lecture de « Stuart A. Staples, une vie de chien (chanceux) »

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Antonio Emmanuel, Danse avec les shlags (Entre-soi)

« Trop de ressentiment,
ça détruit les sentiments »

Dans le département documentation de Section 26, on commence à avoir des dossiers. En 2019, j’écrivais à propos d’un homme-orchestre aperçu et apprécié au Diamant d’or de Strasbourg, et de sa démo en CDR glanée à la fin de son concert : « C’est l’état que je préfère de notre chanson française, directe, un peu frime, un peu déprimée : avec quelques mélodies inoubliables, assez pour nous faire espérer une suite, que ce soit pour de vrai en studio, en concert aussi, où la belle présence de ce jeune homme à moustache (et au mulet naissant) apaise. » Je ne sais pas s’il porte encore la moustache et le mulet, mais Antonio Emmanuel, connu sous le nom Danse avec les Shlags (qui est entre-temps devenu le titre de ce disque, capito ?), et ex clavier du Villejuif Underground revient, et de belle manière. Continuer la lecture de « Antonio Emmanuel, Danse avec les shlags (Entre-soi) »

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Selectorama : A. Savage

A Savage
A Savage / Photo : DR

Il semble un peu ailleurs, le temps où Andrew Savage brûlait les planches en tant que leader des new yorkais Parquet Courts. S’il reste un pied dans l’affaire, le natif du Texas a depuis quitté la Grande Pomme et continue sa carrière solo avec un second album paru l’an dernier chez Rough Trade, Several Songs about Fire. Isolé au cœur de l’Angleterre, il a travaillé avec Jack Cooper (Modern Nature, Ultimate Painting), avec en tête l’idée que « chaque chanson devait pouvoir se résumer à une guitare acoustique ». Cate Le Bon et John Parish à la production ont contribué à la naissance de ce disque, aussi proche de la terre et de l’intime que possible. Ce sera sans doute l’un des temps forts de la première soirée du festival Pies Pala Pop à Rennes ce week-end. Nous avions envie d’en savoir un peu plus sur le personnage à travers dix morceaux choisis et commentés par lui-même.

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Les 10 ans de ERR REC

Gilles et Bolanille Maté - ERR REC / Photo : DR
Gilles et Bolanille Maté – ERR REC / Photo : DR

En 2014, le tandem et couple à la ville Gilles et Bolanille Maté décident de monter ERR REC. Le tout jeune label s’est rapidement fait remarquer par son purisme électro, fidèle aux grandes entreprises pionnières du genre : Kraftwerk, Yellow Magic Orchestra et Cybotron/Metroplex, mais aussi BBC Radiophonic Worshop, Morton Subotnick/Suzanne Ciani ou encore Aphex Twin période Selected Ambient Works. Sans oublier évidemment certaines entreprises retro-futuristes plus contemporaines, comme Broadcast ou l’écurie Ghost Box. Une cohérence esthétique remarquable, toute entière dédiée au culte des instruments électroniques : synthèse analogique et synthèse modulaire (Eurorack, Buchla, Serge, Moog), mais aussi machines numériques et FM, boites à rythmes (TR 606/808/909, etc.) ou autres instruments plus ésotériques (mention spéciale au luthier Soma et ses Lyra 8 et Pulsar 23). Continuer la lecture de « Les 10 ans de ERR REC »