Marxist Love Disco Ensemble, MLDE (Mr Bongo)

Si Mr Bongo est une des valeurs sûres du monde de la réédition avec un catalogue remarquable (Marcos Valle, EPMD, Azymuth, Doris) et une politique de prix décente, ne négligeons pas son activité sur le terrain de la nouveauté. Nous les connaissions pour les sorties de Sven Wunder, Matty, Joe Culpepper ou Kit Sebastian, il faudra désormais aussi compter sur le Marxist Love Disco Ensemble. Toutefois, nous ne pouvons émettre que des hypothèses sur cette obscure formation, puisque les noms des musiciens impliqués ne sont pas connus. Nous pourrions alors imaginer une bande audio, retrouvée dans une grenier du côté de Zagreb ou Bratislava. Au delà du folklore communiste, sorte de réponse au I Love America de Patrick Juvet, la musique est, elle, difficile à dater.

L'enigmatique photo du MDLE sur leur bandcamp.
L’enigmatique photo du MLDE sur leur bandcamp.

Techniquement, elle aurait pu être enregistrée dans les années 80 mais elle est, au fond, très contemporaine. Elle pioche dans une large nomenclature de références capitalistes, comme socialistes (Zodiac). Elle en profite à sa guise et crée une musique singulière et simultanément familière. Comme Metro Area, vingt ans plus tôt (déjà !), le Marxist Love Disco Ensemble pratique une dance music, élégante et épurée, inspirée de la disco. Tous les deux se délestent, de certains oripeaux (les cascades de violons rococo) et saisissent l’essence de cette musique : le groove à perpétuité. Cependant là où le duo nord-américain gardait un pied dans la tradition club du maxi, construit afin d’être uni à d’autres disques pendant la messe du samedi soir, nos probables européens ont une approche plus chanson et pop. Le Marxist Love Disco Ensemble sait cependant laisser de l’espace et aérer sa musique. Le groupe esquisse des climats à travers une production soignée. Les synthétiseurs soufflent, les percussions bondissent, les pianos s’animent par quelques tours de magie noire; chacun concoure à l’effort collectif, sans voler la vedette. L’anonymat véhiculé par MLDE sollicite l’imaginaire et encourage les rêves. Il réactive l’utopie techno écornée par des années d’inflation de cachets. Dès Dust, la formation nous embarque à bord d’un voyage sur les rives du Danube ou de la Volga. Brumaire sonne le tocsin d’une révolution ondulante au rythme de pas de danse enjoués. Le corps est à l’unisson de l’émeute sur 1905. Engineers imagine le monde si l’URSS avait gagné la course à l’espace, quand à Manifesto, c’est un hymne pour les mobilisations esthètes. Au delà d’être matérialistes, soyons réalistes : le Marxist Love Disco Ensemble ne remplacera malheureusement pas de si tôt Trust et Zebda dans les meetings politiques. Dommage, tant ces huit morceaux offrent une des propositions les plus stimulantes de l’année.


L’album éponyme de Marxist Love Disco Ensemble est disponible sur le label Mr Bongo.

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