Jon Brion, Lady Bird – OST (Lakeshore Records/import)

Jon BrionDe Jon Brion, on retient trop souvent le producteur recherché, et bankable, dont on citera, pour les collaborations les plus fructueuses, la fidèle Aimee Mann, Fiona Apple, Eels, Rufus Wainwright, Eleni Mandell ou plus récemment Spoon et Of Montreal.
Soit peu ou prou une certaine vision de l’élégance indie pop à l’américaine. On retient hélas moins les qualités de compositeur et d’interprète. Pourtant, déjà remarqué sur un premier album solo plus que recommandable (Meaningless, 2001), le New-Yorkais, californien d’adoption et de cœur, s’était plus largement fait une réputation sur les musiques originales des films de Paul Thomas Anderson (Punch-Drunk Love, 2002) et Michel Gondry (Eternal Sunshine Of The Spotless Mind, 2004), ou de façon plus aboutie sur I Heart Huckabees de David O. Russell (2004), honnête comédie pseudo-existentialiste sauvée par la présence d’un Jason Schwartzman lunaire, qui se voyait donc enluminer d’une merveille de bande son pop raffinée, véritable perle cachée des années 2000 que l’on ferait bien de redécouvrir. Celle de Lady Bird, premier film de l’égérie du cinéma indé américain, Greta Gerwig, constitue son travail personnel le plus consistant depuis un bail. Essentiellement instrumentale, la grosse vingtaine de compositions qui la constitue, de la courte vignette illustrative à de plus longues plages, respectent les codes inhérents au genre, développant un thème principal intimiste qui se voit réinterpréter au fil des nécessités scénaristiques en autant de styles (pop, cha-cha, etc.) que besoin. Une façon pour Brion de démontrer une fois encore l’étendue de ses talents d’instrumentiste, une joie également de le voir remettre en avant son orgue Chamberlin (orgue à bandes au son céleste, ancêtre du Mellotron et du sampler). Si l’on pourrait légitiment regretter l’absence de titre chanté par le principal intéressé, qui est doté d’un joli brin de voix, on appréciera de voir le producteur abandonner un temps les consoles pour apprécier à juste titre la qualité d’un songwriting trop discret et injustement ignoré.

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