Et alors ? On attend quoi d’un groupe que l’on a vu plus d’une dizaine de fois sur scène – même si la dernière remonte à l’été 2002, dans un festival en Espagne déjà, à peu près à la même heure et enveloppé par la même chaleur ? On attend quoi d’un groupe qui a été la bande son de ses années d’adolescence, ce moment où sans en avoir conscience (on ne s’en rend compte que bien plus tard), tout est encore possible. On n’en attend pas grand-chose en fait – ou plus exactement, on a surtout passé l’âge de tirer des plans sur la comète. Alors, on ne se torture plus des heures avant l’entrée en scène en essayant de savoir « et ce soir, ils vont jouer quoi ? » Continuer la lecture de « The Cure, Festival Mad Cool à Madrid, Samedi 13 juillet 2019. »
Catégorie : festivals
Catégories festivals
The Parrots, Festival Mad Cool à Madrid, mercredi 10 juillet 2019.
Mince. Le bassiste joue sur une Höfner – peut-être pas le même modèle que Paul McCartney, mais quand même… Il y a quelques années, cela aurait sans doute suffi à ce que je tourne les talons, un air dédaigneux au coin des lèvres, direction le bar situé à peine à une centaine de mètres où le spritz servi dans des gobelets en plastique coule à flot – pour cinq misérables euros. Oui, mais voilà. L’âge (le mien), la nationalité du groupe (espagnole), le site (Valdebedas, la banlieue madrilène où se trouve le camp d’entrainement du Real Madrid), la moiteur de la nuit – il est 22h00, et le soleil s’est enfin couché sur l’immense site du festival Mad Cool –, les corps qui ondulent et les bras tendus vers la scène font que l’envie de rester l’emporte sur tout le reste. D’autant que les quatre, voire cinq, puis six musiciens ont la passion chevillée au corps, une joie de vivre communicatrice et des chansons tout aussi parfaitement dépenaillées et déglinguées qu’eux. The Parrots sont à l’image de leurs morceaux, chantés dans un drôle d’idiome où se télescopent anglais et castillan : volubiles, attachants, un peu barrés, délicieusement foutraques, toujours surprenants. Continuer la lecture de « The Parrots, Festival Mad Cool à Madrid, mercredi 10 juillet 2019. »
Catégories festivals, interview
Carambolage : « Du fun, du synthé, une boule à facettes. »
En début d’année, nous évoquions avec enthousiasme le premier EP du groupe rennais Carambolage. En 4 titres, la bande nous rappelait au bon souvenir du punk poppy des Undertones, comme des morceaux de studios français de bubblegum punk, si nombreux à la fin des années soixante-dix (de Plastic Bertrand en passant par Soda Fraise). Les voir en concert est toujours une expérience rafraîchissante et file une banane incroyable. Carambolage ne se prend pas la tête et partage son euphorie avec le public dans un chahut communicatif. Juste après Periods dont nous vous avons parlé ce matin, ils seront sur la scène du Supersonic le 12 juillet aux cotés d’autres excellentes formations françaises telles qu’Entracte Twist ou La Secte du Futur. Pour section26, Rémi a accepté de remplir le constat à l’amiable. Continuer la lecture de « Carambolage : « Du fun, du synthé, une boule à facettes. » »
Catégories festivals, interview
Periods : « On écrit librement, car ça nous fait du bien et ça devrait être normal »
Loin du formatage radio de certains productions estampillées pop, les trois filles de Periods représentent l’une des nombreuses facettes de la musique indépendante française actuelle. Elles brillent par leur franchise, leur ton assumé et honnête et leur approche instrumentale atypique, et ne laissent pas indifférent : des textes incisifs et résolus non sans une pointe d’humour, une musique électronique entre DEVO (et leurs cousins actuels comme Stratocastors) et la pop lo-fi. Periods ne sonne comme pas grand chose de connu et ne pastiche personne. A l’occasion de leur date parisienne au Supersonic ce mardi 9 juillet, nous leur avons posé quelques questions par e-mail. Des réponses à l’image de leur musique : éclairantes et personnelles. Continuer la lecture de « Periods : « On écrit librement, car ça nous fait du bien et ça devrait être normal » »
Catégories billet d’humeur, festivals
New Order, Théâtre antique de Fourvière, vendredi 28 juin 2019.
C’était une certitude. Cela ne pouvait pas se terminer autrement. Et peu importe la relation nouée avec le groupe. Parce que la foule compacte du Théâtre antique de Fourvière qui affiche complet depuis des semaines est le parfait reflet de ce qu’est en 2019 le public de New Order. On jette un coup d’œil sur les gradins, dans la fosse et c’est cela qui saute aux yeux : la diversité générationnelle. Ils sont tous là, les différents fans du quatuor de Manchester – devenu quintette (avec cette drôle d’équation « – 1 + 2 ») : les quinqua qui ne jurent que par Power Corruption & Lies, voire Movement ; les trentenaires et quarantenaires qui ont pris en pleine poire le single du retour discographique – Crystal, en 2001 ; les plus jeunes qui cherchent à chaque fois dans les morceaux les traces de l’ADN de Joy Division ; ceux qui rêvent de se retrouver sur un dancefloor à ciel ouvert avec les étoiles en guise de boules à facette. Et donc ? C’est bien un fait : se rendre à un concert de New Order aujourd’hui, c’est la quasi-assurance d’être déçu. De rester sur faim. De sortir en se demandant « pourquoi elle et pas une autre ? » Continuer la lecture de « New Order, Théâtre antique de Fourvière, vendredi 28 juin 2019. »
Catégories festivals, portrait
Fontaines D. C. – L’oasis
Depuis combien de temps un groupe de rock n’avait-il pas ainsi retenu notre attention ? Rien de neuf pourtant sous le soleil intermittent de Dublin, juste cinq jeunes hommes âgés de 22 à 24 ans réunis dans Fontaines D.C., en équilibre entre bruit post-punk et pop mélodique, avec un chanteur charismatique jusque sur scène, pour faire du groupe l’une des révélations de l’année 2018, avec un premier album Dogrel sorti ce printemps. Continuer la lecture de « Fontaines D. C. – L’oasis »
Catégories chronique nouveauté, festivals
Big Thief, U.F.O.F. (4AD / Beggars)
En découvrant U.F.O.F. pour la première – mais aussi pour la deuxième et la troisième fois – on est d’abord saisi de l’envie irrépressible d’en interrompre le déroulement pour trouver refuge dans l’écoute d’une une copieuse compilation d’Emmylou Harris – Anthology : The Warner/Reprise Years (2001), pour être précis. Cette impulsion ne relève évidemment pas de ces associations formelles par lesquelles les échos des œuvres passées en viennent à résonner ostensiblement dans les prolongements actuels de leur descendance assumée. Au contraire. C’est plutôt que la fréquentation prolongée des vocalises éthérées d’Adrianne Lenker suscite, par contraste, le besoin impérieux de se confronter à une version infiniment plus incarnée de l’humanité. Continuer la lecture de « Big Thief, U.F.O.F. (4AD / Beggars) »
Catégories festivals, portrait
Fat White Family – Tendres pervers
Il existe des moments de télévision pendant lesquels, on aimerait – avec une once de sadisme et beaucoup de naïveté – que tout dérape, comme à la grande époque. Le 17 mai dernier, les trublions de Fat White Family étaient les invités du Quotidien de Yann Barthès sur TMC. Puisque « le groupe le plus trash et bordélique de tout le Royaume-Uni » (sic) est le dernier héritier d’une longue lignée de musiciens situationnistes qui semblent avoir lu Lipstick Traces (Greil Marcus, 1989) et en avoir fait leur livre de chevet, on pouvait rêver d’un bel incident télévisuel. A quoi peut bien ressembler leur tentative d’entrisme dans la société du spectacle ? On s’imaginait déjà chanter Where’s Yann Barthès Now? comme les Television Personalities ironisaient jadis sur le sort du pauvre Bill Grundy. Au lieu de ça, le spectateur a eu droit à une simple interprétation du single Feet, dans une performance conforme à toutes les règles du CSA et dans une mise en scène parfaitement sous contrôle. Continuer la lecture de « Fat White Family – Tendres pervers »