De l’amitié entre le photo-reporter Seamus Murphy et la singer-songwriter PJ Harvey, nous savions déjà qu’il en avait résulté un album de cette dernière (Let England Shake en 2011) mis en images par une série de courts films réalisés par ce dernier. Cet album ajoutait une corde inattendue à l’arc discographique de la mythique recluse du rock britannique qui, parmi les multiples masques souvent introspectifs égrenés au fil de sa solide carrière, nous offrait cette fois-ci un visage tourné vers une observation grave mais poétique du monde extérieur, sous la forme d’un portrait de l’Angleterre qu’on ne savait pas encore pré-Brexit. Continuer la lecture de « FAME 2020 : A Dog Called Money de Seamus Murphy, avec PJ Harvey »
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FAME 2020 : Khamsin de Grégoire Orio et Grégoire Couvert
Le film commence. L’image est plate, sans contraste et bruitée ad nauseam. Je me dis alors que la vidéo sur bande est décidément ce qui est arrivé de pire à l’image animée ; c’était mieux avant la VHS, le Beta et le Hi-8 et ça sera aussi mieux après. Dès les premières secondes, je suis agacé par ce que je pense être du maniérisme de vidéaste. Les images défilent. Le désert. Des immeubles éventrés par des obus. Des rues envahies par les ordures. Des ruines modernes. Des ruines antiques. Le soleil. Et ce vent brûlant, chargé de sable qui gifle le pays et balaye au passage mes a priori esthétiques. Continuer la lecture de « FAME 2020 : Khamsin de Grégoire Orio et Grégoire Couvert »
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Musical Ecran 2019 : Desolation Center de Stuart Swezey
Le début des années 1980. Los Angeles. Une scène locale punk (Black Flag, le groupe d’Henry Rollins, The Screamers, avec son chanteur sosie de Jim Carrey, Germs…), filmée par Penelope Spheeris – Waynes’s World en 1992, c’est elle – dans le premier volet de sa trilogie The Decline of Western Civilzation (1981) n’a rien à envier à celle de New York et Londres une décennie plus tôt, avec pour correspondance européenne paradoxale, Berlin. Indésirables en ville, quelques activistes fans de musique extrême vont trouver refuge dans le désert de Mojave, celui de Zabriskie Point (1970) de Michelangelo Antonioni puis de la mort de Gram Parsons en 1973, quelques années avant de servir de décor à la pochette du The Joshua Tree (1987) de U2 photographiée par Anton Corbijn. Le réalisateur Stuart Swezey, l’un de ces amateurs paradoxaux de Throbbing Gristle et autres joyeusetés antinomiques du style de vie californien, a proposé de 1983 à 1985 une poignée de concerts, matière de son documentaire Desolation Center, récit d’une jeunesse ô combien sonique. Continuer la lecture de « Musical Ecran 2019 : Desolation Center de Stuart Swezey »
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Musical Ecran 2019 : From Toilets to Stages de Vincent Philippart
Planté en Wallonie entre Valenciennes et Maubeuge, de l’autre côté de la frontière franco-belge depuis 1989, Dour est un “grand” festival. Meilleur marché et moins gigantesque que ses concurrents flamands (Werchter, Pukkelpop, Tomorrowland…), il accueille pendant cinq jours plus de 200 000 personnes. Gloire à ses organisateurs Damien Dufrasne et Bénédicte Billon-Tillie d’avoir accepté que le réalisateur Vincent Philippart puisse filmer, façon Strip-tease mais sans aucune méchanceté, ni complaisance. Dans From toilets to stages : dans les coulisses du Dour music festival, il dissèque le montage matériel d’un de ces monstres festifs censé égayer nos existences. Continuer la lecture de « Musical Ecran 2019 : From Toilets to Stages de Vincent Philippart »
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Musical Ecran 2019 : Ethiopiques, Revolt of The Soul de Maciek Bochniak
Je me souviens très bien avoir acheté Ethiopiques Volume 4 à la boutique Bimbo Tower, à l’époque où elle se trouvait encore au 5 Passage Saint-Antoine à Paris. C’était il y a 20 ans, et le prix était encore en francs. Cette compilation bénéficiait d’un bouche-à-oreille d’autant plus authentique qu’il n’était pas le fruit d’une campagne marketing ou d’un emballement médiatique, mais d’une rumeur colportée par les musiciens eux-mêmes. A peine publiée, Ethiopiques volume 4 était déjà adoubée par la profession : un accueil rarissime, et dont l’écho n’allait que grandissant. Radio Nova adoptait Yegelle Tezeta en jingle, et bientôt Jim Jarmush sélectionnait Yekermo Sew sur la bande originale de Broken Flowers, offrant à Mulatu Astatke, le musicien qui l’a enregistré, un auditoire décuplé. C’est cette aventure, répartie sur 32 volumes parus entre 1998 et 2017, qui est racontée dans Ethiopiques : Revolt of The Soul de Maciek Bochniak.
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Musical Ecran 2019 : Rudeboy, The Story of Trojan Records de Nicolas Jack Davies
En 1968 naissait le label londonien Trojan Records emblématique des genres musicaux jamaïcains ska et reggae. Rudeboy : The Story of Trojan Records mélange reconstitutions jouées par des acteurs, entretiens avec les figures majeures du premier mouvement musical multiculturel spécifiquement britannique et archives. Le documentaire du réalisateur anglais Nicolas Jack Davies éclaire un pan d’histoire tout à la fois régulièrement revisité et encore trop méconnu.
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Musical Ecran 2019 : Daniel Darc, Pieces Of My Life de Marc Dufaud et Thierry Villeneuve
Le tweet m’a été adressé le 28 février 2013 – ou peut-être le 1er Mars. Le compte venait d’être créé et l’utilisateur n’avait pas pris la peine de mettre une photo de profil. “Lorsque j’ai appris la mort de Daniel Darc, j’ai tout de suite pensé au concert où nous étions allés”.
Nous, c’est elle et moi. Une aventure de courte durée — dont je me souviens très bien car, une fois n’est pas coutume, c’est moi qui y avais mis terme (au retour de mon périple australien, pour ceux qui suivent). Nous ne nous sommes jamais revus – mais j’ai appris après cette (re)prise de contact éphémère qu’elle était sociologue et chercheuse au CNRS.
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FAME 2019 : Lords Of Chaos de Jonas Åkerlund
Maman j’ai pas raté la prison
Depuis que des copies ont commencé à circuler, on dit déjà un peu tout et n’importe quoi sur Lords Of Chaos, adaptation cinématographique du livre culte et déjà controversé en son temps de Michael Moynihan et Didrik Søderlind sur la genèse et les faits divers qui ont instauré une mystique autour du Black Metal norvégien. Financé par Vice, qui n’en sont pas à leur première tentative d’appropriation culturelle, et réalisé par Jonas Åkerlund, ex Bathory – groupe à l’influence majeure sur nos petits camarades ; clippeur reconnu et parfois sulfureux (sic) pour Madonna, U2, Metallica, Lady Gaga, Rammstein et The Prodigy (Smack My Bitch Up, c’est lui), le film vaut pourtant plus que les critiques apocalyptiques qu’il génère au sein des cénacles concernés.
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