Nous avions découvert les Américains de Marbled Eye par l’intermédiaire d’une cassette sur le label parisien Gone With The Weed (Police Control, Marauder, Sun Sick, etc.) en 2016. Le 45 tours publié l’année dernière sur Digital Regress (The Shifters) et Erste Theke Tonträger (The Coneheads) confirmait les appétences de la formation d’Oakland pour un post-punk galvanisant, sans nostalgie mal placée. Leisure (2018), premier album de Marbled Eye, toujours chez les Digital Regress (pochette rouge) et Erste Theke Tonträger (pochette bleue) vient à point nommé pour convertir les derniers récalcitrants à la nouvelle vague froide nord-américaine. Continuer la lecture de « Marbled Eye, Leisure (Erste Theke Tonträger) »
Catégorie : chroniques
Catégories chronique nouveauté
Klaus Johann Grobe, Du Bist So Symmetrisch (Trouble In Mind)
Honnêtement, j’étais tenté de placer un cliché ultime sur les Suisses en introduction de cet article tant la régularité métronomique du duo Klaus Johann Grobe a de quoi laisser pantois : un disque tous les deux ans depuis 2014. Sevi Landolt et Daniel Bachmann reviennent donc avec ce troisième album, Du Bist So Symmetrisch, toujours chez l’excellent label américain Trouble In Mind (The Shifters, Jacco Gardner, Olden Yolk, Omni, En Attendant Ana, etc). Continuer la lecture de « Klaus Johann Grobe, Du Bist So Symmetrisch (Trouble In Mind) »
Catégories chronique nouveauté
J Mascis, Elastic Days (Sub Pop)
Certains albums résonnent dès la première écoute comme des classiques instantanés. Nul besoin de se les approprier, la familiarité est installée. De la chambre au bureau, ils s’invitent et, mis au défi du quotidien, se révèlent : soit comme les bons paris pressentis, soit comme des emballements éphémères. Quelques semaines après sa sortie chez Sub Pop, Elastic Days semble bel et bien être l’un de ces albums-réconfort difficiles à déloger des platines. Continuer la lecture de « J Mascis, Elastic Days (Sub Pop) »
Catégories billet d’humeur, chronique réédition
Le flou et la transparence

De même que Bernard Noël a jadis postulé qu’il y avait l’écriture du voile et celle du dévoilement, de même on peut dire qu’il y a deux façons de produire un disque : la réaliste, la non réaliste. L’une vise à donner l’illusion que les musiciens sont dans la pièce, l’autre que la musique ne vient pas d’instruments joués, mais d’un « quelque part » qui serait comme le rêve de la chanson soudain magiquement rendu à notre oreille : ainsi de la lumière sur une toile de Turner, qui paraît sans rapport avec la réalité matérielle des pinceaux… Continuer la lecture de « Le flou et la transparence »
Catégories chronique réédition
Spectrum, Highs, Lows, and Heavenly Blows (Silvertone Records)
L’impact de Spacemen 3 n’est aujourd’hui plus à démontrer. Celui de ses suites et projets parallèles non plus, qui, de Spiritualized (Jason Pierce) à Experimental Audio Research, en passant par The Darkside ou Slipstream, n’ont pas manqué d’incarner à la perfection un certain underground noise planant et space rock ‒ véritable chaînon manquant entre un axe The Jesus and Mary Chain / My Bloody Valentine et tout un pan avant-rock US (Jim O’Rourke, Tortoise , etc). Continuer la lecture de « Spectrum, Highs, Lows, and Heavenly Blows (Silvertone Records) »
Catégories chronique nouveauté
Stimulator Jones, Exotic Worlds And Masterful Treasures (Stones Throw)
Esthétique Super 8, couleurs pastels délavées par le soleil, le vidéoclip de Give My All, de l’américain Stimulator Jones (chez Stones Throw) exhale la Californie de toutes les pores de sa peau hâlée. Le groove, tout aussi indolent, finit de nous convaincre que ce jeune homme habite quelque part entre San Diego et Los Angeles… Continuer la lecture de « Stimulator Jones, Exotic Worlds And Masterful Treasures (Stones Throw) »
Catégories chronique nouveauté
Joseph Fisher, Chemin Vert (Microcultures)
Quand un musicien dépasse la quarantaine – le temps passe vite, me répétait ma grand-mère – plusieurs chemins s’ouvrent alors : se reposer sur ses lauriers et refaire pour la cinquantième fois le même disque, explorer inlassablement tous les autres moyens d’expression et loisirs créatifs qui s’offrent à lui (cinéma, peinture, poterie, couture), ou raccrocher les gants pour balancer ses avis éclairés sur les réseaux (à propos d’autotune, de la pop française, du rap, de Macron…) Il peut aussi se décider à sortir un premier disque, comme ça, pour le plaisir, mais pas que, parce que l’urgence peut se ressentir à tout âge, pas sous la même forme qu’à 17 ans, c’est sûr, mais pas moins puissante. Continuer la lecture de « Joseph Fisher, Chemin Vert (Microcultures) »
Catégories chronique nouveauté
Julia Holter, Aviary (Domino)
— Ça te dit d’écrire sur le prochain Julia Holter ?
— Oui.
Et voilà. Et nous voilà, là.
L’actualité musicale me rattrape rarement. Ça prend du temps d’écouter un disque, de l’écouter vraiment et donc longtemps. Mes amitiés musicales sont souvent réservées, suspendues, abritées, lentes.
Question récurrente : comment font-ils pour savoir, eux, ce qu’ils pensent d’un disque en si peu de temps, ceux qui écrivent quelques mots dessus chaque mois et parviennent à le faire avec pertinence et précision, et sans trop de fautes ?
Je sais, moi, que les avis de bonne foi changent ou s’érodent aussi, souvent chez les critiques que je lis le plus – peut-être que j’en lis de moins en moins. Pas parce qu’il y en a trop, ou le numérique, ou je ne sais quoi. Juste que ça ne m’intéresse plus autant, ou différemment.
Je sais aussi que certaines évidences frappent immédiatement, que d’autres voient leur impact retardé des jours, des semaines, des mois, des années.
Ça paraît difficile d’être critique et d’avoir un agenda de son goût. Continuer la lecture de « Julia Holter, Aviary (Domino) »