Il n’est jamais aisé de parfaire la spontanéité, de progresser dans l’imperfection ou de peaufiner le fragile. Représentant notable de cette culture indie-pop qui nous tient précisément à cœur pour cette capacité à ériger l’approximation en étendard de l’œuvre, Tim Cohen est parvenu à accumuler sous diverses appellations – The Fresh & Onlys, Magic Trick – une bien jolie collection de petits bibelots d’inconstance sonore, attachants du fait même de leur incapacité à procurer la plénitude, vacillant souvent d’un style à un autre – tantôt folk, tantôt garage ou psychédélique. Toujours enraciné dans les cultures musicales de son San Francisco d’attache, Cohen se risque, à l’occasion de ce sixième album solo, à canaliser davantage son inspiration foisonnante en conférant à ses créations une forme plus ambitieuse et plus aboutie. Continuer la lecture de « Tim Cohen, You Are Still Here (Bobo Integral) »
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Kükens, Moselle malchance (autoproduction)
« J’voudrais remercier tous les hommes qui à la fin des concert nous donnent des conseils, c’est super, by the way, on fait pas de la musique, on fait de l’art, merci, allez bisous »
Une cassette en autoproduction à quelques dizaines d’exemplaires, il n’en faut pas plus pour me faire bouger les moustaches. Les Kükens de Metz m’avaient été recommandées par Renz, qui les a vues en concert l’année dernière après le premier confinement. Sans doute le seul concert qui a eu lieu en 2020 dans le coin. Continuer la lecture de « Kükens, Moselle malchance (autoproduction) »
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Whitney K., Two Years (Maple Death)
Avant ce disque, le Montréalais Konner Whitney, qui se présente ici en groupe sous le nom de Whitney K., n’avait sorti que deux cassettes à une échelle pour le moins confidentielle (soixante exemplaires édités pour When the Party’s Over, la seconde). Aujourd’hui, le voici donc qui revient avec ce superbe Two Years, son véritable premier album, une œuvre dont la beauté vacillante et la poésie gentiment cintrée semblent le situer dans la lignée des héros oubliés de l’Antifolk new-yorkais du début des années 2000. Continuer la lecture de « Whitney K., Two Years (Maple Death) »
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Alexandre Bazin, Concorde (Kowtow Records)
Qui s’intéresse au domaine des musiques expérimentales a de grandes chances d’avoir déjà croisé le nom d’Alexandre Bazin. Comme réalisateur et collaborateur de l’excellente émission L’expérimentale sur France Musique, ou encore comme réalisateur de reportages de tout premier ordre sur ces mêmes musiques (mention spéciale à l’émission consacrée à l’histoire du synthétiseur de recherche Serge). Mais aussi et surtout comme compositeur et musicien, que ce soit avec Jonathan Fitoussi dans le cadre du duo électronique Two Colors, ou encore en solo avec différents projets parus sur Important Records, Umor Rex, ou encore Polytechnic Youth. Continuer la lecture de « Alexandre Bazin, Concorde (Kowtow Records) »
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Bertrand Betsch, Demande à la poussière (Microcultures) / Institut, L’effet whaou des zones côtières (Rouge-déclic) / Da Capo, Paradise (Autruche)
Plongé dans la rédaction des Années Lithium, je sens mes oreilles se déformer lentement au gré des musiques qui me parviennent de mes jeunes années, forcément rêvées, imaginées, recomposées. Forcément aussi, comme mû par ce vieux réflexe de sonder les réseaux sociaux à la recherche d’amis collège-lycée-fac, je me suis piqué de reprendre l’histoire où elle s’était arrêtée : rien ne vaut le présent finalement pour éclairer ce passé qui passe trop vite. Et on peut dire que ces derniers temps, les retrouvailles ont été belles avec les anciens de la maison Lithium. C’est d’abord Superbravo et La Fresto dont j’avais relaté les aventures ici, mais on pourrait citer aussi Michel Cloup Duo & Pascal Bouaziz, en compagnie du regretté Joseph Ponthus, sur À la ligne – Chansons d’usine, Nicolas Paugam et son magnifique Le ventre et l’estomac de 2019 (et sa chanson-vie parfaite, Rendez-vous au sommet). Ces dernières semaines, avec l’annonce d’un nouvel opus de Mendelson et de Françoiz Breut, c’est au tour de Da Capo, d’Institut et de Bertrand Betsch de remettre le couvert. Continuer la lecture de « Bertrand Betsch, Demande à la poussière (Microcultures) / Institut, L’effet whaou des zones côtières (Rouge-déclic) / Da Capo, Paradise (Autruche) »
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Monokultur, Ormens Väg (Mammas Mysteriska Jukebox / Ever/Never)
Par les temps qui stagnent, ils sont précieux ces disques qui font voyager sans avoir à quitter son salon. Nécessité faisant loi, ces songes musicaux (merci de ne pas parler de dream pop) sont même devenus d’une importance capitale. Le dépaysement, c’est justement ce que Monokultur nous offre avec Ormens Väg, cette seconde collection de rêveries sonores qui marie dans les limbes le familier et l’étrange.
Tout au long de ce disque, on repère de nombreuses influences qui semblent limpides : ici Grouper, là Peaking Lights, His Name Is Alive, Delia Derbyshire ou encore Scientist. Continuer la lecture de « Monokultur, Ormens Väg (Mammas Mysteriska Jukebox / Ever/Never) »
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Mustang, Memento Mori (Close Harmonie)
…Commencer par la fin – Memento Mori -, se souvenir effectivement que l’on va mais alors que les dernières notes s’évaporent, s’apercevoir que ces dix chansons nous laissent entre deux eaux – entre la vie et la mort – avec des questions plein la tête, et dans la bouche, pour reprendre les lignes d’un poème lu récemment, « le goût du sang mêlé au goût d’une figue fraîche ». Parler de Memento Mori en désordre, au gré des marques qu’il a laissé, et vous présenter toutes ses chansons et ses personnages. Continuer la lecture de « Mustang, Memento Mori (Close Harmonie) »
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Steve Robinson, Swallowing The Sun (Sunshine Drenchy Records)
Il y a environ trente ans de cela, Steve Robinson faisait partie d’un groupe de folk-rock du côté de Tampa en Floride. En marge de la scène locale dominée par les formations de Metal de tous poils – même les plus long, The Headlights s’échinait à convertir un public rétif aux vertus mélodiques et aux arpèges en grains de cristal de The Byrds. Douloureusement confronté à l’indifférence ostensible d’un public qui ne partageait que rarement l’enthousiasme prosélyte de ces missionnaires de la qualité pop égarés en terres païennes, le groupe n’a laissé que de rares traces discographiques témoignant de sa brève existence – un EP en 1989, un album en 1993. Continuer la lecture de « Steve Robinson, Swallowing The Sun (Sunshine Drenchy Records) »