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My Jazzy Child, Innéisme (Akuphone)

Revenu du diable vauvert, Damien Mingus était un très proche du label Clapping Music, galaxie noire implosée il y a quelques années qui irrigue encore les musiques d’ici. Sous son masque de My Jazzy Child, il explore une musique de marges en se tenant toujours sur un fil sans jamais vouloir tomber définitivement dans une cuve étiquetée : ni pop, ni prog, ni bruitiste, ni folk, ni savant, il est trop curieux pour s’encombrer de certitudes, et aime les surprises. Continuer la lecture de « My Jazzy Child, Innéisme (Akuphone) »

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Daniel Knox, Won’t You Take Me With You (H. P. Johnson Presents)

Le paradoxe du songwriter vaut bien celui du comédien. Il y a ceux qui cherchent à restituer au plus proche l’illusion de l’intimité, qui jouent le jeu du dévoilement privé pour mieux laisser croire à chaque auditeur qu’il partage, le temps d’une chanson, un peu d’un secret singulier et authentique. L’art sans artifice en quelque sorte. Daniel Knox n’est décidément pas de ceux-là. Pour son cinquième album en un peu moins de quinze ans, il demeure profondément ancré dans le camp du subterfuge où se regroupent tous ceux qui semblent persuader que l’émotion juste ne se conquiert qu’au terme d’un labeur spécifique qui engage une part de dissimulation, de transfiguration et de mise en forme. La vérité la plus crue révélée grâce aux masques. Continuer la lecture de « Daniel Knox, Won’t You Take Me With You (H. P. Johnson Presents) »

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Antoine Loyer & Mégalodons malades / Bégayer, Sauce chien et la guitare au poireau (Gluck, Le Saule)

« Vous êtes plus penchés que nous, vous êtes trop lourds parce que vous êtes penchés, et vous êtes penchés donc vous tombez dans la boue »

Quand Antoine m’a proposé d’écouter ce disque longtemps avant sa sortie (repoussée plusieurs fois, dans l’espoir de le voir s’accomplir sur scène j’imagine), j’y ai d’abord décelé, au doigt mouillé et à vue de nez, une approche assez simple, folk(lorique) et expé. Puis j’y ai décelé des pistes pour l’avenir des musiques vivantes, peu ou prou. Car ce disque bicéphale, une face Bégayer, une face Antoine Loyer & Mégalodons malades, fait écho à une tribune récente de Vincent Moon qui m’avait passionné. Après avoir fait le tour du monde des musiques, disons de transes pour aller vite, celui-ci détaillait son nouveau projet sur le territoire ; le bien nommé Territoires, justement. Continuer la lecture de « Antoine Loyer & Mégalodons malades / Bégayer, Sauce chien et la guitare au poireau (Gluck, Le Saule) »

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Joe Wong, Nite Creatures (Decca)

Joe WongIl n’aura pas fallu bien longtemps pour le dénicher – l’oubli malencontreux, l’omission impardonnable, la boulette du palmarès. L’année 2020 s’achève à peine et mon album préféré vient tout juste de me parvenir. Les circonstances atténuent quelque peu, il est vrai, l’ampleur de la faute. Il est peu fréquent, en effet, dans une ère d’accessibilité universelle et instantanée qu’un album – publié de surcroît sous un label prestigieux et majeur – demeure aussi difficilement accessible : une sortie annoncée en fin d’été, une ou deux vidéos alléchantes diffusées en marge de toute opération de promotion repérable, quelques exemplaires vendus à la sauvette sur le seul site de l’artiste et… et c’est à peu près tout. A se demander si l’œuvre entraperçue est bien réelle. Heureusement, l’assouvissement d’un désir stimulé par ces quelques longs mois d’attente ne s’accompagne, en l’occurrence, d’aucune déception. Au contraire. Quand bien même aurait-on tenté d’imaginer plus bel album qu’on n’y serait sans doute pas parvenu. Continuer la lecture de « Joe Wong, Nite Creatures (Decca) »

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Devs, bande originale de la série (Invada)

devs ost

Mon année 2020 a été marquée par une expérience télévisuelle intense : la série américaine Devs raconte l’histoire d’un laboratoire très secret de recherche et développement, mis en place par une entreprise de haute technologie qu’on devine hégémonique (à la GAFAM). Installée dans une forêt à quelques kilomètres de San Francisco, Amaya, c’est son nom, est dirigée par une sorte prophète de l’informatique, Forest, qui ressemble au Brian Wilson barbu de 1977, et qui a mis au point, avec son équipe, un ordinateur ultra puissant, objet de nombreuses convoitises. Ce thriller ne s’arrête heureusement pas à ce postulat, entre espionnage et hard science, mais déroule un monde passionnant qui s’étend sur huit épisodes sans aucune faiblesse, se permettant même d’aboutir à une fin satisfaisante – chose de plus en plus rare – qui boucle une intrigue serrée, sans en affaiblir la portée follement stimulante. Continuer la lecture de « Devs, bande originale de la série (Invada) »

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Simeon Walker, Winnow (autoproduit)

Simeon WalkerIl y a les musiques à qui on a envie dire, de qui êtes-vous le silence ?

Il y a les musiques où l’on se sent inexplicablement aimé.

Il y a les musiques qui, comme la vie, s’éloignent de nous après nous avoir parlé et de leur passage demeure une – la – couleur mélancolique, le bleu.

Il y a les musiques qui vous font dire qu’à la fin, le ciel sera toujours plus bleu – et on voudrait que ça ne s’arrête jamais. Continuer la lecture de « Simeon Walker, Winnow (autoproduit) »

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Delphine Dora, L’inattingible (Three:Four)

« Comment décrire
ce qui ne nous est jamais apparu ? »

Il est des disques – L’inattingible est sorti l’hiver dernier, une éternité – qui mettent du temps à se révéler, auxquels on s’accroche sans trop savoir pourquoi, puis qui tombent comme une évidence quand on pense à nos satanés bilans de l’année. Il est des disques qui ne se présentent pas avec le mode d’emploi, qui ne sont pas là pour vous prendre par la main. Ou plutôt si, pour vous amener en pleine forêt et vous y abandonner, comme un Petit Poucet, privé de cailloux et d’encyclopédie du rock. L’inattingible est de ceux-là, et si comme moi, votre vocabulaire est légèrement allergique aux termes à la mode, genre sorcière, il va falloir creuser un peu pour décrire ce qui vous met en joie en cette fin d’année magnifique par la densité en propositions musicales d’ici hors du commun. Continuer la lecture de « Delphine Dora, L’inattingible (Three:Four) »

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Cindy, Free Advice (Paisley Shirt, Mt.St.Mtn., Tough Love, Hidden Bay)

En cette fin d’année, il est plus que légitime de rendre une nouvelle fois hommage à Glenn Donaldson. Outre ses trois albums (dont le renversant You Might Be Happy Someday) et son très bel EP qui ont adouci 2020, ainsi que la magnifique reprise de The Monkees qu’il nous a offerte, il s’est aussi illustré comme un précieux prescripteur. Ainsi, c’est au détour de sa brève (mais essentielle) rubrique Failure Of All Pop sur le site Free Form Freakout que nous avons découvert le catalogue du label franciscanais Paisley Shirt et parmi celui-ci, la précieuse cassette du Free Advice de Cindy. Un disque qui a depuis reçu de nombreux suffrages dans nos rangs et ailleurs au point d’être édité en vinyle chez Mt.St.Mtn. et de profiter ces jours-ci d’une distribution européenne par l’intermédiaire du label britannique Tough Love. Continuer la lecture de « Cindy, Free Advice (Paisley Shirt, Mt.St.Mtn., Tough Love, Hidden Bay) »