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Selectorama : New Trad Fest

quotidien pop moderne since 1991
On a forcément envie, le jour où l’on va enterrer une salle de plus (L’International à Paris, qui ferme ce soir), de célébrer le travail assidu de Tom Picton (également label manager de Howlin’ Banana Records, l’un des meilleurs labels rock actuels en France) et Rémi Laffitte (récemment aux commandes de Futur Parlé, fanzine qui posait justement la question « C’est quoi l’Indé ? » dans son premier numéro). Pendant quelques années, avec une équipe motivée, ils ont fait jouer la majeure partie des groupes et artistes de la scène indé locale et internationale. Un travail de fond, de passionnés, qui va sérieusement manquer dans ce paysage parisien en pleine déconfiture. On vous en parlait dans un article récent, trois bars et/ou salles de concert ferment ce printemps. C’est certes dans l’ordre naturel des choses, mais la situation est fragile, et absolument pas soutenue par ceux qui pourraient les aider à ne pas fermer. Une scène qui prouve pourtant chaque mois à travers cette playlist qu’elle a besoin de programmateurs pour les faire jouer, de lieux où ils peuvent s’exprimer sur scène. Et d’un public plus que jamais motivé, qui soutient les initiatives et les salles encore en place. (TS)
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Je pense que c’est une certitude : cet homme compte parmi mes artistes – compositeur et arrangeur en particulier – favoris. J’ai une tendance assez prononcée à la fidélité mais elle n’est pas aveugle non plus – ni sourde d’ailleurs. J’ai découvert Ibon Errazkin – ou plutôt le groupe dont il était la co-tête pensante avec la bassiste et parolière Teresa Iturrioz, Le Mans – au début des années 1990, une époque où nous étions tous les eux à l’orée d’une vie plus ou moins professionnelle – sans avoir la moindre idée de ce qui allait se passer. Enfin, lui avait quand même un peu plus de certitudes que moi (il multipliait même, les projets, comme Daily Planet ou Instrümental avec son ami Pez. Le Mans était déjà son deuxième groupe, après le projet Aventuras de Kirlian, quatuor masculin féminin à la carrière météorique et dont la musique faisait facilement passer The Pastels pour un croisement entre Def Leppard et Popol Vuh. Continuer la lecture de « Selectorama : Ibon Errazkin »
En ce début de printemps, le sujet sur toutes les lèvres est bien sûr la disparition imminente de trois lieux emblématiques (Le Motel, L’International et le Tony Bar) de cette chère culture indie rock (si tant soit peu l’on accepte ce terme générique fourre-tout) nord-Parisienne, mais ce n’est peut-être pas le meilleur endroit pour en parler. Nous y reviendrons bientôt, et en attendant, on vous livre cette preuve ultime que la musique que l’on défend a sérieusement et plus que jamais besoin de lieux pour la faire vivre. TS
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« J’ai niqué le feu arrière »
On est bien avancé quand on dit que Dodi El Sherbini a sorti il y a quelques mois l’un des disques les plus beaux de 2024. La preuve Ave César nous accompagne un peu plus chaque jour, faisant son trou en même temps que le mystère s’épaissit un peu plus autour de sa nature. On tenterait bien de définir cet objet insensé, mais il est bien difficile de le décrypter, notamment à travers des paroles à la poésie folle, mélange de tournures raffinées truffées de mots, comme des résidus de langage urbain publicitaire ultra contemporain, d’argots de réseaux qui citeraient des classiques de la littérature. Une vraie langue pendue personnelle magnifique portée par une sorte de chanson soul qui groove, avec la voix abîmée de gentleman cramé qu’il faut. Continuer la lecture de « Selectorama : Dodi El Sherbini »
Ce début d’année est à la hauteur de nos attentes, autant dans le chaos ambiant que la créativité, et c’est rassurant. On ne dit pas que le second annule le premier, car on s’avance à priori inexorablement vers notre perte, mais au moins, il fait taire les pisse-vinaigre qui affirment sans cesse que l’indie est morte. Écoutez donc ce qui suit, décrassez vos oreilles et remontez vos manches, les amis. (TS)
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On connait l’immense talent du bonhomme. Son brelan de livres dédiés à trois des artistes britanniques qui ont chanté / chantent (presque) mieux que quiconque un quotidien désœuvré / fantasmé (rayez la mention inutile) est un corpus de référence pour toutes celles et tous ceux qui se sont amourachés un beau jour de la pop britannique. Alors, pour transformer cette main en carré d’as et après avoir tout raconté des aventures musicales et mélodiques de Paul Weller, Damon Albarn et Morrissey, Nicolas Sauvage avait bien sûr l’embarras du choix. Comme souvent (toujours ?), c’est son cœur qui l’a emporté sur la raison – mais après tout, quoi de plus normal pour cet incurable romantique. Son dévolu, il l’a donc cette fois porté sur Terry Hall – entre autres parce que comme beaucoup, il a été je crois particulièrement touché par la disparition subite du chanteur un dimanche de décembre 2022 ; entre autres parce que comme certains, il est fasciné depuis longtemps par cette figure de l’ombre d’une scène britannique en perpétuelle (r)évolution depuis plus de quarante ans, (r)évolution menée par des artistes qui avaient / ont une assez sainte horreur de la répétition. Ce que Hall, au gré de diverses incarnations et collaborations, de quelques ratés mineurs et surtout d’une série chefs d’œuvre majeurs – mais bien sûr souvent ignorés, en particulier dans nos contrées –, a su incarner avec une élégance assez époustouflante. Continuer la lecture de « Selectorama : Terry Hall – Something Special par Nicolas Sauvage »
Profondément dylanophile depuis toujours ou presque (situons la scène primitive, blonde sur blonde, autour de 1970), François Gorin avait, dès les pages de Rock&Folk dans les années 80, maintes fois abordé l’œuvre comme le personnage, mais moins frontalement qu’en contrebande, dans les interstices de textes qui ne lui étaient pas directement consacrés et sur lesquels planait néanmoins souvent son ombre portée. Une approche biaisée ou à revers, dénuée de tout prosélytisme, qui achèvera pourtant de convertir nombre d’entre nous, jusqu’aux plus réticents. Dylan réapparaitra évanescent ensuite dans Sur le rock (Éditions Lieu Commun, 1990 puis réédité aux Éditions de L’Olivier) où le titre du prologue avait déjà valeur d’avertissement : « Don’t look back ». Puis dans les pages de Télérama, notamment au cours d’une longue série, treize à la douzaine, de « Disques rayés ». Au-delà du succès rencontré par A Complete Unknown, le film de James Mangold en salles actuellement, le terrain de l’exégèse dylanesque est désormais à ce point balisé voire miné par une cohorte de thuriféraires, Greil Marcus en tête, qu’apporter sa pierre à l’édifice babélien deviendrait un exercice au mieux périlleux, au pire vain ou voué à l’échec. Il était pourtant écrit que François Gorin devait s’y coller (ou, pour le citer, « Il était dit que j’en arriverai là »). Continuer la lecture de « Selectorama : Bob Dylan par François Gorin »