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Yargo, Bodybeat (Bodybeat, 1987)

Il y a des disques achetés il y a longtemps qui vous suivent toute la vie, presque clandestinement, sans faire plus de bruit qu’ils n’en ont fait à leur sortie. On avait inventé le mot « culte » pour ce genre d’œuvre, mais à l’heure de la malle à disques géante qu’est devenu l’internet, c’est juste le mot désigné pour un truc perdu dans la masse. Pour ne pas faire de révisionnisme, Bodybeat a quand même bénéficié d’un peu de lumière, de son ¼ d’heure de gloire en France – attention, le groupe avait joué sa carte de next big thing à la maison, avec couv du NME et tout – puisqu’il est parvenu jusqu’à moi, à la Fnac de Belfort et que le groupe de Manchester a joué aux Transmusicales, a eu son entretien dans les Inrocks bimestriels (et peut-être une apparition dans Best) et a même bénéficié de passages à la télé de papa (Décibels, mon amour). Manchester, ouais, juste avant que la ville ne se transforme en Madchester, usine sous ecsta fabricant du survêt ou du jeans taille XXL, proposait déjà des choses aventureuses, on le sait, et Yargo n’en était pas la moindre. Avec son sens de la formule, JD Beauvallet résumait leur musique avec une simple addition : Joy Division + la soul. Continuer la lecture de « Yargo, Bodybeat (Bodybeat, 1987) »

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Sous surveillance : Violence Gratuite

Violence Gratuite / Photo : Daisy Ray
Violence Gratuite / Photo : Daisy Ray

Qui ?

Violaine Le Fur, une artiste transdisciplinaire, a étudié à la Sorbonne (histoire de l’art et archéologie) et poursuivi son cursus dans des écoles d’art (Villa Arson de Nice, La Cambre de Bruxelles) : elle y apprend beaucoup de choses, se forge une culture générale et conceptuelle, mais ne trouve pas sa place, se fait renvoyer ou prend la poudre d’escampette. Elle y fait l’expérience des rapports de classe, de domination et y constate aussi bien chez les professeurs que parmi ses camarades un certain formatage, un certain cynisme, quand ça n’est pas de la violence, symbolique ou autre, et du mépris pour les expressions populaires. « C’était il y a plus de 10 ans, et heureusement, les choses sont en train de changer depuis, les mentalités évoluent, et la parole se déploie heureusement grâce à la pensée décoloniale et féministe », nous précise-t-elle. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Violence Gratuite »

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Sous surveillance : Klein

Klein / Photo : Chloé Tocabens
Klein / Photo : Chloé Tocabens

Qui ?

Benjamin Porraz endosse le nom de jeune fille de sa mère, Klein, et place sur la carte, sans image, sans enrobage, sa musique instrumentale qu’il veut disponible pour l’autoradio, pour la maison. Quand il a du temps, il compose et s’enregistre où il peut, tout seul, en multi instrumentiste, jouant du logiciel Logic, un instrument à part entière. Depuis ses 11 ans, il en a 32 aujourd’hui, il joue aussi de la guitare. Au lycée, il fréquente le Gibus, joue avec ses groupes de copains au moment où sa génération réinvente le rock à Paris, en jeans serrés et blouson de cuir, « une bonne école ». Après le bac, il fait une école de cinéma (ESRA, Paris, XVe) pour devenir ingé son et à partir de là, tout s’enchaîne : le groupe sérieux et «pro » (Agua Roja, avec Clément Roussel, rencontré pendant ses études et la chanteuse November Ultra), puis le contrat avec la grosse maison de disques et le split, comme un parcours initiatique classique. Sûr de ne pas avoir envie de trainer dans les studios et par goût des voyages (« il y a un côté partir à l’aventure que j’aime beaucoup »), il sera guitariste professionnel, spécialité scènes, pour accompagner Clara Luciani ou Jain. Klein aime le rock allemand, Neu!, Ash Ra Tempel, Amon Düül, reconnaît aussi les Cocteau Twins, Beak, GUM« Au final, ce ne sont pas des choses que j’écoute le plus, mais elles m’ont marqué et j’y reviens régulièrement ». Actuellement, il se sent proche des albums instrumentaux de la canadienne Mélissa Fortin (« un coup de cœur ») issue du groupe Bon Enfant, quelqu’un qui semble partager ce même goût de l’instrumental imagé Continuer la lecture de « Sous surveillance : Klein »

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Sous surveillance : Tiffanie de Falaise

Tiffanie de Falaise / Photo : Flore Layole
Tiffanie de Falaise / Photo : Flore Layole

Qui ?

Tiffanie, c’est son prénom et Falaise, c’est le village de Normandie où elle est née. Trentenaire et déjà plusieurs vies : un BTS (« en arts appliqués »), une école en cinéma, celle de la Cité à Saint-Denis, puis une signature en 2017 sur une major, avec l’histoire maintenant classique : sur des rails, contrat de trois albums, équipe dédiée à fond sur la pochette, les photos, le premier disque est en boîte et badaboum, le directeur artistique s’en va et les rêves de la jeune chanteuse avec. Mais Tiffanie n’en fait pas une maladie, elle en a souffert bien sûr, mais la page est tournée, et – le plus important – les bandes sont toujours sa propriété. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Tiffanie de Falaise »

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Bulie Jordeaux, Visions (Grande Rousse Disques & Womb)

« Elle te fixe, elle te traque, elle te guette »

Si je devais donner une idée de ce qui se passe en France en matière de courants musicaux, écrire un état des lieux, je choisirais bien d’envelopper des artistes sous une même étiquette, avec tout ce que ça comporte comme biais et raccourcis. J’essaierais de trouver un nom un peu ronflant : je vous parlais de biais, alors j’irais piocher dans la culture des anime et des manga japonais de mon époque avec les magical girls, ces petites filles qui grâce à une baguette magique, une amulette, se transforment en super-héroïnes avec des pouvoirs magiques. Enfin, c’est ce qu’il me reste comme souvenirs. Continuer la lecture de « Bulie Jordeaux, Visions (Grande Rousse Disques & Womb) »

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Une bonne cuite au Vin de Sprite

Donatien Toma Ndani Djemelas, sur la plage / Photo : DR

J’ai croisé Vin de Sprite il y a quelques mois, au Diamant d’or à Strasbourg. La soirée peu fréquentée n’en était pas moins de celles qui vous laissent quelque chose d’impérissable : pendue aux lèvres de Donatien Toma Ndani Djemelas – au chant et au clavier – la petite foule d’une dizaine de personnes semblait hypnotisée par cette énorme voix à la fois puissante et hésitante. Accompagné ce soir-là par deux amis (percussions et claviers) et par Antoine Loyer à la guitare et au chant, Donatien, ultra concentré, ailleurs et bien là à la fois, nous racontait ses histoires écrites à plusieurs mains lors d’ateliers collectifs, des histoires de voitures, d’animaux et plein d’autres mystères, écriture collage, écriture collision, chant libre, expression directe. Continuer la lecture de « Une bonne cuite au Vin de Sprite »

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Sous surveillance : Concordski

Concordski / Photo : Clémence Catherine
Concordski / Photo : Clémence Catherine

Qui ?

Concordski, c’était le petit nom moqueur donné à l’avion Tupolev, dont la légende voulait qu’il soit copié sur le fameux Concorde. Si Eugénie Leber l’a endossé, c’est un peu par malice et surtout comme un hommage à des racines russes, familiales et lointaines, perdues dans les limbes de l’histoire. Après une formation académique au piano, plusieurs expériences de bassiste dans diverses formations depuis 2011 (« Quand les copains montaient des groupes, ils étaient contents d’avoir une fille à la basse ») et un déménagement, elle s’est mise à écrire et à composer seule. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Concordski »

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Pierre Ponge, Comme une (Boom Boom Tchak)

« Non jamais l’amour n’est sublime,
mais je préfère que rien ne finisse
« 

Je crois que c’est Stephen Pastel qui rappelait récemment* l’importance du mystère dans la musique. Ou plutôt, l’importance de ne pas chercher à trop en savoir, que finalement seule la musique compte, ce qu’elle nous procure en joie, en sensations, en émotions. Ça peut être paradoxal avec ce qu’on cherche ici, en construisant des ponts quotidiennement sous forme de critique et de dialogues avec les musiciens qui sont derrière les chansons qui nous plaisent, mais je comprends le point de vue. A une époque où le moindre clic nous ouvre des mondes infinis, maintenir à distance la ronde des informations, se préserver un tant soit peu, peut se révéler salvateur, surtout autour de groupes qui ne réclament pas une attention qui clignote comme un gyrophare, qui ne cherchent pas forcément les lumières. Continuer la lecture de « Pierre Ponge, Comme une (Boom Boom Tchak) »