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Charlotte Gainsbourg, Charlotte For Ever (Philips)

 

Colette, ma mère, ses parents, mes grands parents, étaient instituteurs. Elle est devenue institutrice, plus parce qu’elle nageait, depuis toute petite, dans ce bain socio-culturel que par véritable vocation. Elle ne détestait pas son métier, loin de là, mais ça n’était pas une folle passion. On n’en a pas fait un plat. Charlotte Gainsbourg est devenue chanteuse, on a l’impression, un peu comme ça. Héritant de la voix fluette et aux limites de la justesse de sa mère et de l’instinct redoutable de son père quand il s’agissait d’aborder l’art mineur de la chanson, elle est entrée sans forcer dans le métier d’abord par cette chanson scandaleuse mais sans doute incomprise (à l’époque, maintenant tout semble plus clair) Lemon Incest, en duo avec Serge sur son album Love On The Beat (1984). Deux ans plus tard, elle revenait avec ce disque Charlotte For Ever (1986), écrit et composé par son père en même temps que ce dernier l’immortalisait sur pellicule dans un film du même nom. Continuer la lecture de « Charlotte Gainsbourg, Charlotte For Ever (Philips) »

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Churros Bâtiment, Tendre macaque (autoproduction)

« J’écrirai un livre sur
les vacances de mon enfance,
un chef-d’oeuvre de la littérature,
il y aura 100 000 pages vides »

Après un très bon essai avec Poupard, duo domestique avec son amie Poupard (justement) il y a quelques mois, David Litavicki a rejoint son ami Gheno (peu importe le prénom, il change tout le temps) pour remettre Churros Bâtiment sur le métier. De Grenoble, le duo diffuse ce rock un peu sale, un peu grunge, remis vaguement au goût du jour : des boîtes à rythmes pour bébé, de l’autotune achetée sur le dark web… C’est sauvage, c’est libre, ça gueule (Esclave, hypnotique métal hurlant), ça rigole jaune (Médicaments), ça chante quand ça veut parfois. Le monstre à deux têtes de la capitale du suicide (je ne sais plus qui m’a raconté ça un jour, à cause des montagnes qui enserrent la ville, je ne sais pas si c’est vrai, à vérifier dans Wikipedia) nous envoie dix cartes postales dans la figure, sans adresse et sans timbre, directement dans l’œil. Il n’est donc pas question ici de s’enticher de styles ou d’écoles esthétiques, le groupe enregistre ce qui lui passe par une tête pas très bien faite. Continuer la lecture de « Churros Bâtiment, Tendre macaque (autoproduction) »

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Baron Fantôme, La nuit fantastique (Throatruiner)

« Je veux être l’ennemi du soleil »

Le punk aux accents new wave semble retrouver une certaine vigueur en ce moment dans les diagonales du vide : avec Hinin ou les Oi Boys en figures de proue, les salles peuvent enfin re-pogoter en Slang tout en hurlant des refrains dynamiques ou la basse se fait porteuse comme jamais. Avec Baron Fantôme, on franchit encore une marche, tout droit vers le caveau. Les guitares se font stridentes, pilotées par des basses lourdes et menaçantes et une rythmique bien gardée. Et surtout, il y a cette voix, bien en avant, à la limite entre incarnation et emphase qui joue dans la reverb. Elle est là, sans fausse pudeur, ni second degré et nous entraîne jusqu’au bout de la nuit. Continuer la lecture de « Baron Fantôme, La nuit fantastique (Throatruiner) »

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Emilie Vabre, Conneries (Le Pli)

« Je vous prie de bien vouloir excuser
mon retard… mental »

Phare flamboyant du petit monde que je me suis recréé autour de la chanson d’ici, Francisco Lopez a entrepris il y a quelques mois une nouvelle mission, Le Pli, du nom de son studio-maison. Le Pli, c’est un réseau qu’il alimente – plutôt par l’ancestrale mais toujours efficace newsletter – en enregistrements, albums, 4-titres, démos, de lui bien sûr, mais aussi de collaborations. Il s’essaie ainsi à un nouveau mode de diffusion, adapté à sa créativité débordante. Pour ceux qui le connaissaient d’avant Le Pli, rien de nouveau sous le soleil tant Flop a construit son œuvre de façon régulière en faisant feu de tout bois, construisant un style à nul autre pareil tout en y insufflant une énergie à chaque fois renouvelée. Il en avait parlé si bien dans le n°3 de Groupie, passant en revue un choix subjectif (le mien) de ses chansons. Continuer la lecture de « Emilie Vabre, Conneries (Le Pli) »

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Stranger Teens #11 : « Au pays de Candy » & « Candy s’endort » par Dominique Poulain & Watanabe Takeo

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Oublie tous tes petits chagrins,
ils reviendront dès demain.

Il y a parfois de longs moments de solitude musicale dans une vie. Plus grand chose à écouter, plus trop d’envie aussi. Il y a bien ces disques qu’on a portés aux nues à divers moments de notre vie (Sittin’ Pretty des Pastels ou Mon cerveau dans ma bouche de Programme). On en a écrit à leur sujet : des textes et des textes. On en a épuisé des dictionnaires de synonymes, on a même écrit des livres pour en parler, enfin un. Et ils restent des puits sans fonds pour lesquels, si on en avait le courage et l’abnégation, on commencerait la rédaction d’une encyclopédie. Mais parfois, ils ne suffisent pas, parce que la vie, ce n’est pas simple comme une playlist, la vie c’est des enfants qui grandissent trop vite, des parents qui vieillissent et disparaissent, un travail, des trucs à payer. Continuer la lecture de « Stranger Teens #11 : « Au pays de Candy » & « Candy s’endort » par Dominique Poulain & Watanabe Takeo »

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Simon Ripoll-Hurier, HITS (*Duuu éditions)

 

Quelques heures après la Fête de la Musique, je me posais cette question : que serait la musique populaire sans son public, tiens ? Et pourquoi la musique populaire, sous forme de piécettes de quelques minutes, rejouables à merci, crée-t-elle cette proximité ? Une proximité qui attire un grand nombre de personnes à se projeter en elle, à vouloir en être. Beaucoup se gaussent quand M. ou Mme Anonyme prennent leurs guitares pour rejouer Téléphone ou AC/DC, ou leur set de platines pour devenir l’espace d’un instant DJ David Guetta. Beaucoup, aussi, revendiquent simplement ce moment d’abandon, et tant pis pour les oreilles du voisin. Continuer la lecture de « Simon Ripoll-Hurier, HITS (*Duuu éditions) »

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Rhume, Vigilance Rose (Liquide l’après-midi / Bruit Blanc)

 

Rhume Vigilance Rose

« Je monte les barreaux d’une échelle,
elle est molle »

À l’occasion de sa sortie en vinyle et en cassette le mois dernier, je voulais évoquer Vigilance rose (qui date de l’année dernière) du groupe Rhume. Comme de trop nombreux disques mis de côté, il était finalement passé à l’as, à force de reporter sine die son écoute. Il se trouve que le nom du groupe m’est revenu aux oreilles par la bande, puisqu’en travaillant sur les Années Lithium (encore elles, il faut vous y faire, hein, c’est l’œuvre d’une vie), j’ai interviewé Christian Quermalet (des Married Monk notamment). Ce dernier, metteur en son de Vigilance Rose, avait évoqué Rhume, en me disant que ça pouvait m’intéresser. D’ailleurs, en y jetant une oreille rapide à l’époque, j’ai vite fait le lien avec une question qui revenait souvent à propos du label de Vincent Chauvier (ne serait-ce que dans l’émission sur Rinse France, que je vous invite à réécouter) : pouvait-on identifier clairement un héritage, des descendants qui s’inscriraient dans une identité rattachée à Lithium ? Continuer la lecture de « Rhume, Vigilance Rose (Liquide l’après-midi / Bruit Blanc) »

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Les Calamités, Encore ! (1983-1987) (Born Bad Records)

Les Calamités Born BadNotes à propos de la réédition des chansons des Calamités sur le label Born Bad

Dire que c’était un rêve d’écrire à propos du groupe de Beaune pour le fameux label, oui, carrément. Quand Jean-Baptiste Guillot m’a appelé, je crois qu’on devait être dans le premier confinement, j’ai eu du mal à réaliser. Un peu inconscient, j’ai dit oui. En même temps, j’avançais dans Les années Lithium et j’avais pris un peu d’assurance dans les entretiens téléphoniques notamment. Passer d’une histoire à l’autre, ça me permettait de ne pas devenir trop obsessionnel. Continuer la lecture de « Les Calamités, Encore ! (1983-1987) (Born Bad Records) »