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Purple Mountains, Purple Mountains (Drag City/ Modulor)

On ne pourra pas dire qu’il ne nous a pas prévenu. Pour son retour après dix années d’absence, David Berman a balancé un titre sous forme de profession de foi abandonnée, All My Happiness Is Gone. On regrettera simplement que l’intro dudit scopitone soit absente du disque final, car elle avait une texture d’abandon et de tristesse dont seuls les soixante treize fans des Supreme Dicks (moi inclus) ont du saisir la vraie teneur, l’enchainement avec le morceau (un futur classique à n’en point douter, je me trompe rarement) arrangeant d’ailleurs tout le monde et tout cela dans une belle harmonie disjointe et avec une nappe de synthé new wave pas si incongrue. Continuer la lecture de « Purple Mountains, Purple Mountains (Drag City/ Modulor) »

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#unknownpleasures40

Joy Division Unknown Pleasures
« Unknown Pleasures » sur la platine de Christophe Basterra, ce matin.

Août 1987, sur le marché de Pise, les pièges à touristes s’accumulent et la tour penche vraiment. Sur les étals, je suis proprement sidéré par le culte voué par les transalpins à Jim Morrison. Badges, drapeaux, ticheurtes, bobs et n’importe quoi, le mausolée érigé aux Doors et à leur chanteur pouet-pouet disparu est partout.

Alors je dis à mon oncle :

— Tu verras dans 10 ou 20 ou 30 ans, ce sera Ian Curtis et Joy Division.

J’ai quinze ans, bientôt seize. Et ma prédiction un peu bravache se révèlera tout à fait juste. Continuer la lecture de « #unknownpleasures40 »

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Teenage Fanclub : la petite histoire

Teenage Fanclub
Teenage Fanclub

Peut-être le groupe britannique, mais écossais avant tout, à avoir été le plus en phase avec son époque au début des années 90, Teenage Fanclub n’est pas le fruit du hasard, plutôt la congrégation heureuse d’un certain underground écossais. Ses origines, sa formation et sa remarquable continuité temporelle en font, sans objectivité aucune, un point de ralliement permanent, et peut-être bien notre groupe préféré de tous les temps. Le plus grand mystère restant qu’à la longue, cette vieille alliance entre ténacité et effacement volontaire, cette carrière démarrée en trombe ne suit désormais que son propre chemin, entre parcimonie et éclairs de génie. Continuer la lecture de « Teenage Fanclub : la petite histoire »

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We are all alone

Scott Walker (1943-2019)

Walker Brothers
Walker Brothers, Amsterdam, 1964 / Photo : Herman Selleslags

Le premier jour de la semaine, on ne s’y fera pourtant jamais, charrie désormais son flot d’annonces mortuaires. Mort un lundi comme David Bowie, Prince, Mark E. Smith ou Mark Hollis, Scott Walker s’est souvent vu affubler de son vivant l’adjectif gothique. Alors oui, si l’on évoque brièvement son influence sur Bowie, matrice de la new wave en devenir, Scott Walker est sûrement un peu gothique. Mais de notre adolescence en noir, il ne fit jamais partie, pas une reprise sur un album de This Mortal Coil (il y aurait pourtant eu toute sa place), pas un signalement d’admiration chez Robert Smith (qui lui préférait Nick Drake, c’est envisageable) et pourtant c’est un communiqué de son label actuel, 4AD, force motrice et plutôt élégante de ces années-là, qui vient de nous annoncer la sale nouvelle. La belle affaire.

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Krautrocksampler, Julian Cope (Headheritage/Kargo & l’éclat)

KRAUTROCK Special

La Bible, pas celle achevée d’imprimer par Gutenberg et Pierre Schöeffer à Mayence en 1455, non. Mais la bible fondatrice pour les amateurs du genre, assurément. Rien d’étonnant à ce que ce soit en 1995 que l’ex-Teardrop Explodes Julian Cope ait publié cet indispensable petit guide d’initiation à la grande Kosmische Musik qui fait encore référence aujourd’hui, même si la caverne des archives est si vaste qu’on y découvre encore des tas de choses d’importance.
Si les inusables noms de Can, Faust, Neu! ou Kraftwerk étaient déjà sur toutes les lèvres suite à l’avènement du post-rock, et au préalable grâce aux valeureux passeurs que furent Steven Stapleton (Nurse With Wound), Robert Hampson (Loop), Sonic Boom (Spacemen 3), Tim Gane (Stereolab), Barney Sumner (New Order), Jim et William Reid (Jesus And Mary Chain)*; ceux d’Amon Düül (1 et 2), de Popol Vuh, d’Ash Ra Tempel ou des débuts de Tangerine Dream renvoyaient à des souvenirs frontaliers pas nécessairement glorieux.

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Notre Silence

mark hollis

C’est un début de soirée de décembre, décembre 1996, c’est le mariage d’un ami, nous sommes jeunes et nous savons nous amuser. Le mariage est en deux parties, un repas puis un dîner avec de la danse, comme souvent. Entre ces deux grands moments d’amusement, nous faisons un saut chez Rough Trade, puisque presque un mois avant sa sortie officielle fin janvier 1997, le magasin parisien propose déjà à la vente plus ou moins sous le manteau, les premières copies vinyle de Homework, le tant attendu premier album de Daft Punk.

Un bel événement au milieu d’un autre, des mariages (et donc, un peu plus tard, des divorces) il y en aura d’autres, d’aussi bons disques de Daft Punk, c’est moins évident. Continuer la lecture de « Notre Silence »

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FAME 2019 : Lords Of Chaos de Jonas Åkerlund

Maman j’ai pas raté la prison

« Lords Of Chaos » de Jonas Akerlund
FAME 2019
En partenariat avec le festival FAME

Depuis que des copies ont commencé à circuler, on dit déjà un peu tout et n’importe quoi sur Lords Of Chaos, adaptation cinématographique du livre culte et déjà controversé en son temps de Michael Moynihan et Didrik Søderlind sur la genèse et les faits divers qui ont instauré une mystique autour du Black Metal norvégien. Financé par Vice, qui n’en sont pas à leur première tentative d’appropriation culturelle, et réalisé par Jonas Åkerlund, ex Bathory – groupe à l’influence majeure sur nos petits camarades ; clippeur reconnu et parfois sulfureux (sic) pour Madonna, U2, Metallica, Lady Gaga, Rammstein et The Prodigy (Smack My Bitch Up, c’est lui), le film vaut pourtant plus que les critiques apocalyptiques qu’il génère au sein des cénacles concernés.

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rustin man, Drift Code (Domino)

Rustin Man Drift Code DominoC’est peu dire que ce premier véritable album de Rustin Man était attendu par une frange de connaisseurs patients qui ont suivi le parcours de Paul Webb en différents endroits au fil du temps. Chez Talk Talk d’abord, pour un phénoménal travail d’épure qui fera passer la new wave au post rock, chez .O. Rang ensuite, où il donna cours en compagnie de Lee Harris (le batteur de Talk Talk) à son goût pour une opération très étudiée sur des rythmiques inspirées des musiques du monde, puis finalement sous l’alias Rustin Man en compagnie de Beth Gibbons (Portishead, qu’il avait d’ailleurs fait débuter sur un album d’.O. Rang) pour un Out Of Season  (2002) dont certains attendent encore la suite avec des cailloux dans les bottes à force de trouver le temps long. Continuer la lecture de « rustin man, Drift Code (Domino) »