Kitchen est le projet de James Keegan, jeune chanteur, guitariste et pianiste américain. Il s’entoure d’une formation mouvante de cinq ou six amis – « selon qui est dans le coin » – parmi lesquels se retrouvent généralement un batteur, une violoniste, un altiste, une bassiste et plusieurs chanteuses. Continuer la lecture de « Kitchen »
C’est au fil d’une quinzaine de sorties auto-produites, dans un élan créatif DIY inspiré par ses icônes d’adolescence – les ultra-prolifiques Anton Newcombe et Genesis P-Orridge – que Nathanaëlle Hauguel s’est dissociée de Valeskja Valcav, sombre duo électronique formé il y a près de dix ans avec l’artiste Rapport 1984, pour s’affirmer sous l’anagramme d’Ellah a. Thaun. Des albums concept intimistes et des trilogies, des vidéos et des artzines ; la rouennaise dépeint sans limite son monde intérieur, hanté par sa passion pour l’ésotérisme et fortement marqué par son identité queer, qu’elle aborde sans fard dans ses différentes productions. Continuer la lecture de « Ellah a. Thaun, Arcane Majeur (XVIII Records) »
Avec seulement deux titres dans ses bagages, SASAMI a débarqué sur le devant de la scène à l’automne dernier. Grâce à une solide décoction de dream pop aérienne et de fulgurances grunge, elle a envoûté la presse internationale et s’est vue sur-le-champ décerner les titres de Best New Song par Pitchfork et de « rock’s next big thing » par l’influente revue américaine The Fader. Des prémonitions confirmées par SASAMI, premier album renversant imaginé au cours d’une année sur la route avec Cherry Glazerr, ex-gang de l’originaire de Los Angeles. En dilettante, elle enregistre ses idées sur son iPad et puise pour l’inspiration dans ces messages trop chargés, ceux que l’on renonce à envoyer et que l’on enterre dans les « Notes » de son smartphone. Avec un ferme « Let’s fucking do it! » elle a ouvert notre discussion et, à deux jours de la Journée internationale des femmes – qui, et cela ne saurait être un hasard, fut aussi celle de la parution de son album –, a exprimé sa reconnaissance à toutes les musiciennes et professionnelles qui l’ont accompagnée jusque-là et font évoluer, progressivement, le milieu de la musique.
Voilà bientôt quatre mois qu’est paruFall Into The Sun ; le moment de se replonger dans le dernier album de Swearin’ et oublier l’annulation de la date parisienne tant attendue des cool kids de Philadelphie. Alors qu’il était déjà inespéré, suite à leur rupture amoureuse en 2015, de voir Kyle Gilbride et Allison Crutchfield collaborer à nouveau (en 2017, alors qu’elle promouvait son premier album en solo, cette dernière jurait que Swearin’ ne ferait plus aucun concert), un autre fait surprenant renforçait notre impatience : Allison et sa soeur Katie (a.k.a. Waxahatchee) sont progressivement devenues, le temps de ce hiatus, de véritables icônes pour la nouvelle génération de l’indie rock américain. Accompagner sa jumelle sur la tournée d’Out In The Storm – album le plus enfiévré d’une discographie au penchant country folk – aurait par ailleurs permis à Allison d’aiguiser son jeu et de mûrir en tant que performeuse. Une évolution que nous ne vérifierons pas sur scène cette année, mais qui se laisse deviner sur ce troisième LP. Continuer la lecture de « Swearin’, Fall Into The Sun (Merge Records) »
C’était en décembre 2016, au Nouveau Casino, que nous les avions vu à Paris pour la dernière fois. Le quintet de Brighton, propulsé en 2011 par The Horrors, venait de nous gratifier d’un troisième LP, Clear Shot, leur plus riche en date, confirmant une audace qui n’allait pas tarder à les placer au-dessus de leurs aînés. C’est désormais chose faîte avec Happy in the Hollow, attendu le 25 janvier chez Tough Love Records – Ulrika Spacek, Part Time ou Girls Names complétant l’écurie du label londonien au bon goût difficile à égaler. Un ouvrage frappant par la variété des influences qui le composent. L’esprit krautrock, évidemment, dicte toujours la conduite : rythmiques hypnotiques et abondance de synthétiseurs portent la voix rassurante de Tom Dougall. Ce sont ces incursions nouvelles du côté de l’acid folk et de la surf qui, en occasionnant les plus belles réussites de l’album (The Willo, You Make Me Forget Myself), le hissent sur un autre palier. J’ai retrouvé Tom Dougall, chevelure ombrageuse et regard fuyant, accompagné de Max Oscarnold, bassiste de The Proper Ornaments dernièrement recruté, dans un bar du XIIe. Derrière la timidité du leader s’est très vite dévoilée une verve de passionné. Ensemble, ils se sont livrés sur leurs aspirations et leur quête ultime en tant que musiciens : la recherche de leur identité propre.
Certains albums résonnent dès la première écoute comme des classiques instantanés. Nul besoin de se les approprier, la familiarité est installée. De la chambre au bureau, ils s’invitent et, mis au défi du quotidien, se révèlent : soit comme les bons paris pressentis, soit comme des emballements éphémères. Quelques semaines après sa sortie chez Sub Pop, Elastic Days semble bel et bien être l’un de ces albums-réconfort difficiles à déloger des platines. Continuer la lecture de « J Mascis, Elastic Days (Sub Pop) »
Ce n’est qu’avec la sortie de Parallel Universe Blues, sixième album de Papercuts, que j’ai découvert la dream pop de Jason Quever et le talent inouï de ce touche-à-tout californien. Tandis que j’écoutais Luna, Beach House ou The Mantles, c’est dans les studios d’enregistrement de ces derniers que le producteur s’affairait. Après quatre ans consacrés à la musique de ses pairs, il se recentre enfin sur sa propre production et, sans doute nourri par ces collaborations au sommet, délivre un album si actuel qu’il est naturellement passé pour celui d’une formation émergente auprès de mes oreilles profanes. Continuer la lecture de « Papercuts, Parallel Universe Blues (Slumberland) »
Multi-instrumentiste, producteur et dessinateur de talent, Matt Adams incarne cet idéal de l’artiste complet, totalement indépendant, qui n’a attendu ni d’être suivi par des labels ni d’être adoubé par la scène psychédélique de la côte Ouest pour tracer son chemin. En quinze ans de carrière et bientôt autant d’albums, le Californien pure souche s’est imposé avec son projet The Blank Tapes comme un incontournable pour les amateurs de folk-rock et les nostalgiques des sixties. Rencontre avec un homme à l’enthousiasme grisant le 28 septembre dernier au Levitation France, à Angers.