
Space Blues, Felt, 1988
quotidien pop moderne since 1991
Pour beaucoup, ce fut juste un épiphénomène, une mode passagère qui aura vite succombé sous le poids démesuré du carton-plâtre – tant ces acteurs de la nuit croulaient sous un maquillage XXL – et des éclats de rire moqueurs des érudits et des puristes. Mais l’histoire a finalement donné tort à ces gardiens du temple du rock et du roll, ce que confirme TRAMPS!, qui revient, à grand renfort d’interviews, de souvenirs, d’anecdotes et d’images d’époque, sur cette période charnière entre les décennies 1970 et 1980 qui a vu des (plus ou moins) jeunes gens, à Londres beaucoup, ailleurs un peu, habités du désir de grimer un quotidien bien morne, de s’inventer une vie, tous peu ou prou héritiers d’un Andy Warhol visionnaire – le pop-art jusque dans les fringues, les 15 minutes de gloire sur papier glacé ou aux infos télé pour ces « êtres fabuleux qui ne sont personne ». Continuer la lecture de « Musical Écran 2022 : « TRAMPS! » de Kevin Hegge »
C’est un format qui va et qui vient. Apparait, disparait – omniprésent dans les années 1960, aux abonnés presque absents lors de la décennie suivante, il a fait un retour en grâce si ce n’est en force au début des années 1980. Mais c’est au début des années 1990 qu’il vit l’un de ses âges d’or : de part et d’autre de la Manche et de l’Atlantique, un nombre assez dingue de groupes opte pour ce format qui séduit souvent et fascine toujours – parce qu’on le veuille ou non, en musique pop, l’objet est forcément au centre des ébats. Remis récemment au gout du jour par l’élégant label franco-anglais Violette Records – qui vient de réaliser le très beau Elp de Meaning of Tales – et alors que du côté de Clermont-Ferrand, le plus rock 6Tone Records ne sort ses vinyles que dans ce format-là, il était temps de proposer une sélection absolument subjective de onze disques qui ont su marier le fond et cette forme. Pour un plus grand plaisir. Continuer la lecture de « 25 cm de plaisir »
D’abord, il y a le titre du disque. Ce titre qui, dès qu’on l’a lu pour la première fois, il y a quelques semaines de cela, a évoqué un autre titre. Celui du troisième album de Moose, Live A Little Love A Lot. Parce que ces deux titres sont de ces titres qui en disent long sans pour autant tout dévoiler, des titres qui restent des suggestions, des titres qui laissent deviner que, comme dans un film de Frank Capra (au hasard, vraiment), la vie reste belle. Ou qu’après tout, c’est d’abord à nous de la rendre belle. Et ça tombe bien : les chansons de Meaning Of Tales sont de celles qui facilitent la tâche. Des chansons de l’intime, des chansons de temps qui se suspend, de petits instants qui changent, si ce n’est le cours d’une vie, au moins celui d’une journée. Des chansons qui dessinent des sourires ; des chansons de crépuscule, de ciel qui rosit, de rayon vert, de vagues qui roulent sur le sable. Continuer la lecture de « Meaning Of Tales, When There’s Life, There’s A Dream (Violette Records) »
Alors que Go-Kart Mozart devient Mozart Estate, retour sur le début d’une parenthèse qui aura duré finalement plus de 20 ans
Il y a un mois jour pour jour, l’homme était de retour sur une scène parisienne, pour le même festival – le Paris Popfest – et dans la même salle – le Hasard Ludique – où il avait donné son dernier concert français quatre années plus tôt. Sous une nouvelle identité – adieu Go-Kart Mozart, bonjour Mozart Estate –, le toujours fascinant Lawrence a décidé de bousculer les règles parfois absurdes qu’il s’est longtemps imposées à lui même : pour la première fois d’une histoire commencée à la toute fin des années 1970, il ne s’interdit pas de jouer des chansons de son précédent projet. Rien de bien surprenant cela étant car si les musiciens ont changé – un gars au clavier qui sort tout droit du Human League de 1982, un guitariste qui aurait pu jouer avec Adam Ant –, le propos lui n’est pas si différent : des chansons montées sur ressorts électroniques et riffs électriques pour porter des slogans qui claquent, dans lesquels Lawrence martèle ses obsessions, ses craintes, son second degré et embrasse la société par le petit bout de sa lorgnette. Continuer la lecture de « Lawrence dans tous ses états »
Depuis quelque temps – quelques années pour être honnête -, je m’aperçois que je reviens souvent vers les disques qui m’ont accompagné pendant les années d’adolescence – la peur de vieillir ou l’envie d’essayer de renouer avec l’insouciance des soucis de ces années-là (les filles, le match de foot du dimanche, le prochain concert, le prochain disque, Rumble Fish en boucle, la relecture de Kafka et/ou Camus et/ou Kerouac – et bientôt McInerney ET Easton Ellis). Et finalement, des années de la RPM – pour résumer, 20 ans menés tambour battant -, je ne réécoute pas tant d’albums que cela – mais quand même pas mal de chansons. Continuer la lecture de « Moose, …XYZ (Hut Recordings, 1992) »
Alors qu’il répète à l’envi qu’il préférerait “devenir clochard plutôt que de reformer ses anciens groupes”, cet homme nommé Lawrence s’est choisi un nouveau patronyme – adieu Go-Kart Mozart, bonjour Mozart Estate et est sur le point de réaliser un vinyle 25 cm, Relative Poverty, pour le Disquaire Day du 4 novembre prochain. Surtout, il est de retour à Paris, dans le cadre, comme il y a quatre ans, du Paris Popfest au Hasard Ludique. Et puisqu’il ne cesse de rééditer les albums de son groupe de légende (quatrième ou cinquième fournée, on ne compte plus), l’occasion était trop belle pour ne pas revenir sur l’émission de radio qu’il avait préparée, avec setlist manuscrite à l’appui, pour l’éphémère radio du label Domino. C’est il y a environ onze ans et ça avait donné ça… Continuer la lecture de « Lawrence, Mozart (Estate) et la manière »
Cet été, de Plage de Rock à La Route du Rock, Baxter promène son flegme de crooner débraillé.
La première fois que je me suis retrouvé en face de ce garçon, c’était il y a vingt ans – pas tout à fait jour pour jour, mais pas loin. Il était à Paris et passait ses après-midis dans les bureaux de PIAS, la structure belgo-française qui distribuait son premier album sur le Vieux Continent. Un premier album épatant, un peu sombre, un peu psyché, annoncé l’année précédente par le EP Oscar Brown, où le morceau éponyme contenait un sample plus ou moins discret du Velvet Underground (ça fait toujours bien en société) et comptait l’appui d’un bourlingueur nommé Henry Olsen, ayant croisé les routes de Nico, Primal Scream ou Beth Orton – il y a pire, comme CV. Se débarrassant aussitôt de l’étiquette toujours embarrassante de « fils de… » – étiquette encore plus embarrassante quand le père se trouve être l’auteur d’un hit seventies et déglingué intitulé Sex & Drugs & Rock’n’Roll –, le jeune homme affichait déjà trente printemps au compteur d’une vie bohème un peu dissolue et avait perdu son père deux années plus tôt – comme s’il avait eu besoin de cette triste échéance-là pour oser s’affranchir d’une ombre tutélaire (parfois) omniprésente. Continuer la lecture de « Baxter Dury, dans la chaleur de la nuit »