Alors vous, ça faisait combien de temps que vous n’aviez pas été obsédé par un morceau ?
Un simple morceau.
Au point de l’écouter en repeat ?
Au point de l’écouter tout le temps, hagard, au taquet, interdit ? Plus de 100 fois en deux semaines ? Au point d’en esquisser des remixages absurdes à vos moments perdus parce qu’il est tellement inspirant qu’il vous retourne les tripes à ce point ? Non, franchement, avouez.
Moi ça faisait un moment. Et Rose Mercie, Witching, c’est la 9 sur le disque, franchement c’est plus que notable. Le disque s’intitule ¿Kieres Agua?. Tu veux de l’eau ? Non mais ça ne me ferait pas de mal.
C’est un disque qu’il faut prendre par la fin. Quel coup de génie, tu le crois ou à peine. Personne ne se permettrait autant d’inconscience. Mettre le tube à la fin du disque. Idée un peu débile ou totalement géniale. Comme un antidote secret au cauchemar national. Je vais chercher d’autres exemples et je reviens.
Auteur : Étienne Greib
Catégories mardi oldie
Kiss, Music From « The Elder » (Casablanca, 1981)
Là, j’allais dire tragique, mais cette pauvre bête était antivax et anti-masque. La disparition de Meat Loaf, même si elle agite à divers dosages de statines quelques souvenirs plus ou moins avouables, renvoie tout de même à quelques mémoires éparses, quelques génances devant des choix de cassettes dans les rayons discographiques d’une pré-adolescence peu glorieuse. Et qui mieux que les super(be)s héros de Kiss, alors à un point critique de leur carrière, après le velcro disco victorieux (Dynasty, 1979) et une lassitude des onguents colorés dont Afida Turner n’aura jamais idée (Lick It Up, 1983) pouvaient assimiler et tenter d’égaler en pure perte (mais non sans panache) avec quelques maladresses (et nonobstant 3 ans de retard) la pavlova improbable que fut Bat Out of Hell (Meat Loaf, 1977) ?
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Catégories chronique nouveauté
Loop, Sonancy (Reactor/Wagram)
Il est parfois bon de rappeler que l’un des plus authentiques diamants brut du rock anglais a souvent et bien évidemment à tort, souffert d’une réputation pas forcement flatteuse. Dès son premier album, Heaven’s End (1987) Robert Hampson et ses sbires se sont fait taxer de suceurs de roue des Spacemen 3. Et si précisément sur ce premier album, qui malgré ses défauts a pris une sacrée patine avec le temps, la comparaison peut jouer en leur défaveur, il faut impérativement réécouter Fade Out (1988) qui lui succède impérialement et énonce clairement ce que sera Loop, un groupe à la fois sauvage et lettré. Sur la face B du single Black Sun, grand morceau convoquant les noces tout à fait admissibles entre Joy Division et Hawkwind*, Loop reprenait, avec les honneurs, et c’était pourtant pas gagné, Mother Sky de Can. Il n’en fallu pas plus pour changer nos vies d’une manière absolue et définitive**. Continuer la lecture de « Loop, Sonancy (Reactor/Wagram) »
Catégories borne d'écoute
Appel entrant : KG
Le nouveau clip du duc de Sausheim en avant-première.
Non mais t’as vu ce qui se passe ? Confiné depuis la sortie de l’impeccable Jesus Weint Blut (2019) chez Herzfeld, Rémy Bux aka le duc de Sausheim n’avait pas donné de nouvelles ou presque. Les rares inconscients qui le suivent pour des raisons sociales sur les réseaux sociaux avaient pourtant senti le vent tourner, retour à l’électronique sur le mat bien érigé de diverses performances qui prouvent que des reflets intenses qui s’estompent en six shampoings ne font pas tout face au génie. Âmes sensibles et français de l’intérieur au cœur pur, passez votre chemin, El Buxo revient aujourd’hui dans une débauche lascive dont même mon vieux cœur de fan ne saurait se remettre. Ruf Mich An. En spray ou en gel aqueux, une ouverture délicate mais toujours impressionnante vers un nouvel album cryptique et infernal, Eine Mann Ohne Feind, à paraitre chez October Tone/Mediapop vers la mi-avril, si nous sommes encore là pour le voir de nos yeux. Et si t’as quelque chose besoin, appelles.
Vous voilà putain de prévenus.
Catégories chronique nouveauté
David Christian & The Pinecone Orchestra, For Those We Met On The Way (Tapete)
J’ai toujours les miquettes* quand la musique que j’ai toujours aimée et défendue se voit à nouveau magnifiée au détour d’un album qui aurait pu échapper à ma vigilance. Au début du siècle, Fred Paquet m’avait convoqué d’autorité pour une écoute (fatale) du premier album de The Tyde, grâce lui en soit rendue. Il m’a été moins dictatorial pour ce disque mais assez incitant, j’ai laissé couler un moment, j’ai été un peu retors, c’était le début de l’hiver ça n’est jamais bien agréable, eh bien je n’aurais pas du.
Un seul morceau, le premier In My Hermit’s Hours, devrait mettre tout le monde d’accord. Ça peut vous foutre un tournis fatal, ce genre d’introduction. Croiser les frères Godfrey (soit Epic Soundtracks ET Nikki Sudden prix de maigres mais golden trophy du songwriting) ET The Chills (pour résumer en un groupe une idée des antipodes – mais les amateurs des Go-Betweens et autres Apartments vont prendre cher pareil) ET The Tyde (donc Felt) ET PUIS QUOI ENCORE ? ! Continuer la lecture de « David Christian & The Pinecone Orchestra, For Those We Met On The Way (Tapete) »
Catégories documentaire, festivals
FAME 2022 : « Freak Scene, the story of Dinosaur Jr. » de Philipp Reichenheim
Dans le cas Dinosaur Jr, il y a ce que l’on sait, ce que l’on a entendu mais qu’il ne faudrait pas répéter (des choses qu’il vaut mieux conserver dans la sphère privée et merci bien), quelques légendes urbaines* qui n’entacheront jamais au grand jamais notre amour absolu pour l’un des groupes américain parmi les plus importants (voire nécessaires) de ces quarante dernières années. Ce documentaire assez complet n’aborde néanmoins qu’en filigrane les sujets qui fâchent et tant mieux. La stature des trois compères y trouve enfin sa juste mesure, celle d’un groupe à la croisée des chemins. Car tout commence par la rencontre, au début des 80s de trois très jeunes nerds au front (souvent bas) du hardcore. Continuer la lecture de « FAME 2022 : « Freak Scene, the story of Dinosaur Jr. » de Philipp Reichenheim »
Catégories chronique nouveauté
Myriam Gendron, Ma Délire, Songs of love, lost and found (Les albums Claus)
C’est pas commun, enfin, c’est pas tous les jours qu’un tel disque arrive et vous ensorcèle et vous console immédiatement. Le nom de la canadienne Myriam Gendron circulait sous le manteau depuis quelques temps déjà, et le fond de l’air n’étant pas franchement tropical, il a suffit d’une écoute. Puis d’une dizaine d’autres pour découvrir cet album qu’on emportera, si tout va bien, jusqu’à la tombe.
Déjà Myriam Gendron dit LE folk et pas la folk, c’est dire si d’emblée elle en fait et se démarque à un niveau extraterrestre des geignards convenus, des bigots maniérés qui nous navrent en usurpant le genre depuis trop longtemps. Elle a l’immense pudeur de ne pas faire de falbalas avec sa voix et les guitares sont solennelles, c’est reposant autant que magnifique. Il n’y a pas une note, jouée ou chantée, fausse, fardée, excessive ou surjouée dans ce disque, il remplit tout un monde dont la définition ferme, three chords and the truth, (trois accords et la vérité) tient lieu de manifeste tacite à toutes nos musiques chéries, de la country au punk rock, du folk au hardcore, du blues rural à l’acid house. Continuer la lecture de « Myriam Gendron, Ma Délire, Songs of love, lost and found (Les albums Claus) »
Catégories livres, selectorama
Selectorama Livres : JB Hanak
Il fut un temps où Jean-Baptiste Hanak n’avait pas franchement volé son surnom de mec le plus drôle d’internet. Autant d’inconscience affirmée (et c’est parfois encore le cas, son compte twitter est particulièrement finaud) et de réactivité sur des sujets proactifs dont même lui se fout éperdument ne peuvent faire obstacle au fait que la vie est passée par là et que, mine de rien, diverses saloperies dont une belle, la perte de son grand frère Fred Hanak, avec qui il menait une guerre souterraine sous le nom de dDamage, lui ont sûrement imposé, sinon, une sagesse, parfois une pudeur et l’envie de retracer leurs aventures hautement improbables. Pratiquant l’animal depuis plusieurs décennies, je peux dire que cet humain (après tout) est à la fois autant hypersensible qu’épuisant. Mais une vraie considération nous préoccupant au-delà d’une haute fanitude pour le groupe grunge originel Mudhoney (dont il a finalement réalisé une pochette, eh ouais, la classe, un peu) et après plusieurs rendez-vous avortés (à propos de son disque avec Pierre Richard, de sa BO pour l’ultime prestation de Brigitte Lahaie, et surtout pour cette pizza que tu m’as promise à la suite d’un pari perdu d’avance, et que tu me dois toujours, salopard de merde) j’ai décidé de prendre le trublion par les sentiments en changeant drastiquement de sujet. Ça tombait bien puisqu’il (en plus de tout le reste) vient de publier un livre intitulé Sales chiens chez Léo Scheer. Et ce livre, aussi court, nocif et nonobstant exaltant qu’une pointe de mauvais speed polonais au petit matin, se lit comme un témoignage effarant de quelques aventures vécues en tournée. C’est rapide, perturbant, épuisant et c’est un lien qu’il tisse avec celui qui est parti, c’est une scansion qui ne demande qu’à perdurer et dont on espère (lire) la suite. Sans jamais compter sur aucune forme de relâchement. Donc on sort des dix morceaux du Selectorama, et on passe aux dix livres qui font ce qu’il est. Et franchement, ça n’était pas le pire galop d’essai pour cette nouvelle rubrique. Prenez-en de la pointe de couteau au petit matin. Sous vos applaudissements. Et je rajoute que si vous n’avez jamais lu Donald Goines, je vous plains et je vous envie à la fois. Continuer la lecture de « Selectorama Livres : JB Hanak »